Sept questions sur l’accord de cessez-le-feu en Syrie

Un soldat de l'armée syrienne à Alep.

Un soldat de l'armée syrienne à Alep.

Iliya Pitalev/RIA Novosti
Le 22 février dernier, les présidents russe et américain ont approuvé un plan de cessez-le-feu en Syrie. RBTH s’est penché sur le contenu de cet accord et ses chances d’aboutir.

1. À qui s’applique l’accord approuvé par Poutine et Obama ?

L’accord prévoit un cessez-le-feu entre les forces gouvernementales ainsi que leurs alliés et les groupes d’opposition armée. Le président russe Vladimir Poutine a souligné que la trêve ne s’appliquerait pas aux extrémistes de l’organisation d’État islamique, du Front al-Nosra (filiale d’Al-Qaïda) et d’autres organisations reconnues comme terroristes par le Conseil de sécurité de l’Onu.

2. Quand débutera le cessez-le-feu ?

L’accord de cessez-le-feu doit entrer en vigueur le 27 février. Le 26 février, avant midi, les représentants des groupes participant au conflit syrien doivent « confirmer à la Russie et aux partenaires américains leur engagement à cesser le feu ». Cette confirmation sera suivie par la création d’une carte signalant les territoires occupés par les groupes qui se seront déclarés. Ces territoires feront l’objet du régime de cessez-le-feu.

3. Qui contrôlera le respect de l’accord ?

Cette tâche est confiée à la Mission pour le cessez-le-feu créée sous l’égide de l’Onu. La Russie et les Etats-Unis coprésident la Mission. Pour assurer l’échange d’information entre Moscou et Washington, une ligne téléphonique spéciale et, éventuellement, un groupe de travail devraient être créés.

Par ailleurs, le Centre de coordination pour la réconciliation des parties au conflit a d’ores et déjà été créé sur la base aérienne russe à Hmeimim. Le ministère de la Défense russe a annoncé que les opposants prêts à participer à la trêve pourront contacter le Centre qui les aidera à entrer en communication avec le pouvoir syrien.

4. Comment les parties au conflit ont-elles accueilli l’accord ?

Le Haut comité de négociation créé à Riyad (Arabie saoudite) et regroupant les représentants de l’opposition syrienne a déclaré, le 22 février, qu’il « menait des efforts internationaux visant à mettre fin aux combats ». Cependant, le HCN conditionne sa position au respect d’un certain nombre d’exigences, dont la principale est l’arrêt des bombardements par la Russie et les forces du président syrien Bachar el-Assad.

À son tour, Assad a déclaré, dans une conversation avec Poutine le 24 février, que le pouvoir syrien était prêt à « contribuer à la mise en place de la trêve ». Par ailleurs, Assad et Poutine ont souligné la nécessité de poursuivre une « lutte intransigeante » contre Daech, le Front al-Nosra et d’autres groupes terroristes.

5. Quels obstacles à la mise en œuvre de l’accord ?

Les difficultés apparaissent lorsqu’on cherche à faire la différence entre l’opposition modérée et les radicaux, nous explique Semion Bagdassarov, directeur du Centre d’étude des pays du Proche-Orient et de l’Asie centrale. Ainsi, les combattants du Front al-Nosra, branche d’Al-Qaïda, agissent en coopération étroite avec certaines brigades d’opposition de l’Armée syrienne libre et il est impossible de départir ces formations, indique l’expert.

L’opposition syrienne n’a trouvé qu’une solution à ce problème : exiger que l’armée fidèle à Assad et l’aviation russe cessent les frappes contre les combattants du Front al-Nosra considérés comme terroristes par l’ONU.

6. Quelles chances de succès ?

Cet accord a plus de chances d’aboutir que les précédents accords sur la Syrie, estime Alexandre Choumiline, directeur du Centre d’analyse des conflits au Proche-Orient de l’Institut des Etats-Unis et du Canada. Il estime que le soutien apporté à l’accord par les dirigeants russe et américains constitue un gage de ce succès.

7. Les Etats-Unis ont-ils un plan « B » ?

Cet optimisme n’est pas partagé par les chefs du Pentagone et de la CIA. Ils doutent que la Russie contribue au cessez-le-feu et ont appelé Barack Obama à élaborer un plan « B » en cas d’échec. Ce dernier prévoit l’envoi d’armements plus puissants aux opposants à Assad et, éventuellement, l’introduction de sanctions contre la Russie à l’instar de celles qui visent Moscou dans le contexte du conflit en Ukraine. Les experts russes jugent une telle évolution tout à fait possible, mais précisent que c’est une voie sans issue. Semion Bagdassarov pense qu’un tel plan existe déjà et que les livraisons d’armes à l’opposition ont déjà eu lieu. L’expert rappelle les informations sur la livraison de missiles anti-char américains à l’opposition. 

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