Des policiers indonésiens ont établi un cordon de sécurité alors qu’ils poursuivent des suspects après une série d’attentats à Jakarta, le 14 janvier 2016.
ReutersIvan Konovalov, directeur du Centre de la conjoncture stratégique
La géographie de la terreur n’a pas changé, elle s’est étendue ! La Turquie se trouve à proximité de la zone de combat et à portée immédiate des combattants du soi-disant État islamique (Daech, organisation interdite en Russie, ndlr). Encore récemment, les terroristes de Daech se sentaient relativement à l’abri sur le territoire turc : ils faisaient passer les armes vers la ligne de front, recrutaient de nouveau combattants, envoyaient les blessés dans les hôpitaux, etc. Mais tout a changé quand Washington a commencé à mettre la pression sur Ankara. Ce dernier a dû se lancer, à contrecœur, dans la lutte contre les extrémistes, ce qui a provoqué une riposte des islamistes. Si auparavant, les explosions en Turquie étaient liées aux activités des combattants kurdes, désormais les terroristes de Daech les ont rejoint.
Quant à Jakarta, l’Asie du Sud-Est n’est pas un lieu nouveau pour les attentats terroristes. Elle compte nombre de partisans de Daech et d’autres groupes extrémistes ; le récent attentat n’est pas le premier ni, malheureusement, le dernier. Les terroristes agissent déjà en Afrique, en Europe, aux Etats-Unis, au Proche-Orient et en Asie du sud. L’Amérique latine est pratiquement la seule zone à ne pas encore être touchée. De nouveaux attentats sont également à craindre dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang, en Chine, comme l’ont d’ores et déjà annoncé les émissaires des terroristes.
Des unités islamistes de Daech agissent également sur le territoire russe. Cependant, grâce au bon travail des services spéciaux russes, on parvient à maîtriser les poussées des terroristes. Néanmoins, récemment, au cours d’une attaque des islamistes dans la ville de Derbent (république du Daguestan), un agent du FSB a été tué et 11 autres personnes ont reçu des blessures de différents degrés de gravité.
Fedor Loukianov, rédacteur en chef de la revue La Russie dans la politique globale
Les attentats en Turquie et en Indonésie n’indiquent absolument pas que les islamistes de Daech ont décidé de se retirer d’Europe et se lancer dans d’autres régions du monde.
Pour le moment, nous ne savons pas qui a commis les attentats à Jakarta, ni pourquoi. Mais il faut garder en mémoire que l’Indonésie est le plus grand pays musulman au monde avec une population de 240 millions de personnes, musulmans pour la plupart. La situation y est un peu différente de celle du Proche-Orient. L’Indonésie est un pays assez prometteur qui se développe, mais il reste complexe et problématique. Les terroristes cherchent à en tirer profit.
L’idée d’embraser toute l’Asie du sud-est, qui, outre l’Indonésie, compte également la Malaisie, pays essentiellement musulman, est très populaire chez les idéologues du djihad mondial. Ainsi, à mon sens, le problème de Daech a acquis un caractère véritablement global.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.