Quel était l’objet des discussions à New York ?
Les discussions portaient sur le projet de résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Syrie. Les États-Unis sont à l’origine de l’adoption de ce document. La résolution vient confirmer les décisions prises auparavant lors des réunions internationales qui ont eu lieu à Vienne en octobre et en novembre derniers, où les parties ont adopté une « feuille de route » pour le règlement de la crise syrienne.
Ce projet de résolution a été discuté à Moscou, le 15 décembre, lors de la visite du secrétaire d’État américain, John Kerry. Un déplacement lors duquel il a surpris plus d’un observateur en affirmant qu’actuellement les États-Unis et leurs partenaires ne cherchaient pas à provoquer un changement de régime en Syrie et, du même coup, le départ du président syrien Bachar el-Assad alors même que Washington réclamait son départ depuis plusieurs années. Cependant, le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, a par la suite déclaré que la politique de Washington n’avait pas changé et que Bachar el-Assad devait partir.
Quel est le résultat des négociations ?
À New York, lors de la réunion, les membres du Groupe international de soutien à la Syrie ont confirmé une décision préexistante, déclarant que le pouvoir et l’opposition syriens devaient se mettre d’accord pour former un gouvernement d’unité nationale d’ici six mois. Dans dix-huit mois au maximum, une élection devra se tenir en Syrie en vue d’adopter une nouvelle constitution qui sera élaborée dans l’intervalle.
Les négociations entre le pouvoir syrien et l’opposition doivent être initiées sous l’égide de l’ONU en janvier 2016. Dès que les parties auront trouvé un accord sur la formation d’un gouvernement de coalition, les parties devront cesser les combats.
Quelles questions restent en suspens ?
Les parties ne se sont, pour le moment, toujours pas mises d’accord sur la liste des groupes terroristes qui sont actuellement actifs en Syrie. Conformément à la décision prise lors de la rencontre de Vienne du 14 novembre dernier, la Jordanie a préparé une liste de groupes terroristes. D’après la presse, 160 organisations en ferait partie mais à l’heure actuelle, seuls l’État islamique et le Front al-Nosra (intérdits en Russie) sont unanimement reconnus comme organisations terroristes par tous les participants.On ne sait pas encore véritablement quels seront les représentants de l’opposition syrienne lors des négociations avec le pouvoir syrien. Une autre liste recensant les opposants reste, elle aussi, à valider.
La question la plus épineuse, celle de l’avenir politique de Bachar el-Assad, n’a pas non plus être arrêtée de façon unanime.John Kerry a déclaré qu’il « restait des obstacles et des différends majeurs au sein de la communauté internationale, particulièrement en ce qui concerne le sort de Bachar el-Assad ». Par ailleurs, la résolution adoptée par le Conseil de sécurité stipule que « le peuple syrien déterminera l’avenir » de son pays. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, estime que c’est « une réponse claire aux tentatives d’imposer aux Syriens des décisions extérieures sur différentes questions, notamment le sort de leur président ».
Quelle est la position de la Russie ?
Lors de sa grande conférence de presse du 17 décembre, Vladimir Poutine a déclaré que Moscou était « globalement satisfait » par le projet de résolution préparé par les États-Unis. « Je pense qu’après avoir examiné le projet, le pouvoir syrien devrait en être satisfait également, même si certains détails ne lui conviennent pas, car lorsqu’on cherche à régler un conflit qui sévit depuis de longues années, un conflit meurtrier, un compromis est toujours possible, à condition que les deux parties fassent des concessions », a déclaré le président Poutine.
Outre le règlement politique en lui-même, un autre aspect de la question syrienne est important pour la Russie : la mise en œuvre de l’idée de joindre les forces pour lutter contre le terrorisme. À propos de la résolution adoptée, Sergueï Lavrov a déclaré que le vote du Conseil de sécurité « devait ouvrir la voie à la formation d’un large front antiterroriste sur la base de la Charte des Nations unies avec le soutien de tous ceux dans le monde qui combattent le terrorisme, y compris l’armée Syrienne, les combattants kurdes et les unités armées de l’opposition patriotique syrienne ». Il a qualifié l’opération conduite par les troupes russes en Syrie de contribution à cette lutte.
Qui a participé à la rencontre à New York ?
Les négociations ont réuni des représentants de la Russie, des États-Unis, de l’ONU, de la France, de la Grande-Bretagne, de l’Allemagne, de la Jordanie, de l’Arabie Saoudite, de la Turquie et de l’Iran, ainsi que de l’Union européenne, de la Ligue arabe et de l’Organisation de la coopération islamique.
Quand se tiendra la prochaine rencontre du Groupe de soutien à la Syrie ?
Sergueï Lavrov a annoncé que les membres du groupe envisageaient de se réunir pour de nouvelles discussions en janvier prochain. La composition de la délégation de l’opposition aux négociations inter-syriennes devrait alors déjà être connue.
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