En 2016, la Russie est devenue le plus important exportateur de blé.
ReutersCette année, une vingtaine de compagnies russes ont tenu des stands sur ce salon qui attire chaque année plus de 150 000 visiteurs professionnels en provenance de plus de 100 pays.
Le programme de la conférence visait à encourager la coopération franco-russe dans le secteur agroalimentaire, qui subit les conséquences de l’embargo et de la crise économique générale en Europe. Rappelons que l’embargo, établi suite aux sanctions économiques visant la Russie, concerne les produits alimentaires tels que la viande, le poisson, les produits laitiers et les fruits et légumes, mais ne concerne pas les vins et les spiritueux.
Alexandre Tourov, le Représentant commercial de la Russie en France, a noté dans son analyse, que le manque à gagner pour les exportateurs français en 2016 à cause de l’embargo représente 220 millions d’euros (1% des exportations agroalimentaires françaises). L’impact direct est donc limité surtout par rapport à l’Allemagne ou la Pologne pour lesquels les pertes sont estimées à 840 et 600 millions d’euros. En revanche, l’impact indirect est plus important suite à l’arrivée sur le marché français des produits destinés à la Russie, ce qui engendre une pression à la baisse sur les prix.
La baisse des importations depuis la France en 2016 est principalement due à la perte de compétitivité des produits européens à causes du taux de change défavorable et non de l’embargo.
D’un autre côté, l’année 2016 a été marquée pour la Russie par une forte augmentation des exportations de produits agricoles russes (+ 94%), notamment grâce au rebond des huiles végétales et animales. En 2016, la Russie est devenue le plus important exportateur de blé dans le monde devant les États-Unis et le Canada avec 25 millions de tonnes. Les exportations totales de céréales doivent atteindre 34 millions de tonnes cette année. En 2017, un nouveau record est attendu. Selon M. Tourov, cela ouvre des opportunités de coopération dans la machinerie agricole et la génétique.
Mikhaïl Dovidov, le vice-président de l’Union des producteurs des grains de Russie, est intervenu lors de la conférence pour inviter les entreprises françaises de transformation à prendre contact sans tarder avec les producteurs russes de céréales en manque de technologies et de connaissances françaises en matière de transformation etde commercialisation, afin d’investir dans ce secteur en Russie, mais aussi pour aborder conjointement d’autres marchés, notamment chinois, indonésien, égyptien, saoudien, iranien et yéménite.
La conjoncture actuelle favorise les projets de partenariat avec les Français en ce qui concerne l’importation d’équipement et de technologies pour la modernisation des unités de production, la création de joint-ventures et l’implantation de sites de production des sociétés françaises. Pour les plus gros projets d’investissement on peut donner l’exemple de Danone, qui a installé 20 sites de production en Russie, ce qui représente 26% du marché local. Au total 1 milliard d’euros d’investissements. La compagnie Sucden a monté trois usines de production de sucre avec une capacité annuelle de 600 milles tonnes de sucre à partir de betterave sucrière. Le distributeur Auchan coopère étroitement avec les compagnies françaises Bonduelle, Lactalis, Lesaffre et Soufflet qui produisent sur place.
Un des exposants du SIAL, Alexandre Lobanov, président et propriétaire de « Corpus group », entreprise de restauration collective, a voulu rassurer lors de la conférence les participants français sur le fait que la Russie voit apparaître une nouvelle génération d'entrepreneurs, qui sont fiers d’être des entreprises russes, mais qui s’efforcent d’internationaliser leur business. Alexandre Lobanov a pris comme exemple les entreprises françaises Potel & Chabot. Aujourd’hui il voit cette compagnie comme un concurrent sur le marché russe et le territoire de l’ex-URSS. « Corpus group » produits des repas pour 100 millions personnes par jour ce qui représente la consommation de 20% de tous les produits alimentaires, consommés par jour dans le pays.
« Nous sommes très intéressés à ce que le marché des fournisseurs des produits alimentaires soit civilisé, aux standards des pays européens, y compris en ce qui concerne la corruption. Le marché russe a besoin de l’arrivée des petites et moyennes entreprises européennes du secteur agroalimentaire. L’État russe et l’UE devraient faciliter l’entrée de ces entreprises en Russie qui a besoin de l’expérience et des connaissances accumulées par les Européens depuis des siècles, dans la même mesure que ces entreprises ont besoin de nouveaux marchés pour leur développement », a dit l’entrepreneur.
Viatcheslav Nikouline, Conseiller pour l’agriculture de l’ambassade de Russie en France a annoncé dans son intervention qu’un important programme de coopération entre les régions russes et françaises avait été lancé lors du Salon « Zolotaya osen » (Automne doré) à Moscou le 6 octobre. Les premières régions à se lancer dans cette nouvelle aventure sont la Normandie et l’Oblast de Rostov. Les 14–15 novembre, une délégation du ministère russe de l'Agriculture se rendra en Normandie et l’année 2017 devrait voir les signatures de plusieurs accords de coopération entre les régions de deux pays dans le secteur agroalimentaire.
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.