Les matières premières pour la fabrication de nourriture pour bébés seront rayées de la liste des produits frappés par l’embargo alimentaire décrété par le gouvernement russe en 2014. Il s’agit notamment de la viande de bœuf et de volaille et des sous-produits, ainsi que les légumes frais, bouillis, surgelés et secs.
Le ministère de l’Agriculture indique que cette décision a été prise en vue d’accroître la compétitivité des producteurs russes. « Etant donné que les aliments importés étaient livrés sur le marché librement et que les entreprises russes manquaient souvent de matières premières de qualité destinées aux produits pour enfants, ces entreprises se sont retrouvées dans des conditions désavantageuses », a expliqué une responsable du ministère, Iana Perepetchaïeva. Selon le projet, la décision d’importer des produits sera prise par le ministère sur la base d’une demande formulée par le producteur. Le document devra fournir des données sur les quantités de matières premières à importer, préciser le nom du fournisseur et le pays d’origine, et confirmer l’utilisation de ces produits à destination spéciale. Après avoir vérifié le bien-fondé de la demande, le ministère de l’Agriculture donnera le feu vert à l’importation. Il doit élaborer et concerter les règles d’importation de matières premières destinées à la nourriture de bébés dans le courant des trois prochains mois.
Selon la société d’analyse BusinesStat, le marché russe des aliments pour enfants s’est réduit l’année dernière de 3,5%, jusqu’à 1,6 million de tonnes, les importations de produits finis ayant atteint, d’après le Service fédéral des douanes, 41 100 tonnes. La directrice du centre des pronostics économiques de Gazprombank, Daria Snitko, a affirmé que la levée de l’embargo sur les matières premières destinées à la nourriture pour bébés n’aurait pratiquement aucune influence sur la production nationale. Selon elle, tous les acteurs du marché, notamment les multinationales qui déploient leurs activités en Russie (telles que PepsiCo, Danone ou Nestlé), ont déjà eu le temps de remplacer les matières premières frappées par l’embargo. Ainsi, Nestlé – qui fabrique le lait Nan et Nestrogen, les bouillies Nestlé et les purées Gerber – a déclaré qu’au cours de ses vingt ans de présence en Russie, la société avait établi « des relations de partenariat de longue date avec une série de fournisseurs de matières premières locales ». Plus de 90% des produits sont « localisés » : ainsi, les bouillies pour enfants sont fabriquées dans l’usine de Vologda, a précisé Nestlé.« Cette décision ne changera rien dans notre fabrication de nourriture pour bébés. Avant même l’introduction de l’embargo, les matières premières pour la production de la série Agoucha nous étaient livrées par des usines russes (surtout les légumes) et des entreprises d’Amérique latine (la viande, les fruits et légumes) », a souligné Sergueï Glouchkov, vice-président du service des relations corporatives de PepsiCo en Russie, Ukraine, Europe centrale et dans les pays de la CEI. Les matières premières russes constituent environ 30% de tous les ingrédients achetés pour fabriquer des aliments pour enfants, exception faite des produits laitiers où le lait est russe à 100%.
Une levée rapide de l’embargo sur les importations des produits utilisés dans la fabrication de nourriture pour bébés avait été préconisée en août 2015 par Stefan Hipp, membre du conseil d’administration du groupe allemand HiPP (qui a lancé, fin 2010 à Kaliningrad, une usine d’une capacité de 32 millions de petits pots par an avec 15 millions d’euros d’investissements). Selon lui, après l’introduction de l’embargo, cette entreprise ne pouvait fabriquer que 20% de toute la gamme de ses produits en raison de l’absence en Russie de matières premières pour la nourriture organique. Si l’embargo n’est pas levé prochainement, HiPP devra fermer son entreprise, a-t-il déclaré dans une interview à Kaliningrad.ru.
Texte original publié sur le site de Kommersant
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