Après Doha : quels facteurs détermineront les prix du pétrole ?

Le ministre russe de l’Énergie Alexandre Novak.

Le ministre russe de l’Énergie Alexandre Novak.

AP
Les experts russes soulignent que la réunion des pays exportateurs de pétrole ne doit pas être considérée comme un échec : ses résultats étaient prévisibles. Les deux mois de préparation ont joué un rôle bien plus important. Des déclarations ont fait frémir les prix du pétrole, des facteurs fondamentaux se sont joints à la partie et ont revigoré la demande en matières premières.

Les marchés des matières premières n’ont pratiquement pas réagi à la réunion de Doha : les prix du pétrole ont varié dans leur diapason quotidien et s’élevaient en moyenne à 41 dollars le baril. « Cela signifie que le résultat des négociations n’a pas donné de direction claire au marché, et qu’à l’avenir les spéculateurs ne réagiront pas fortement à ces rencontres », explique Alexandre Passetchnik, directeur de la section d’analyses du Fonds de sécurité énergétique nationale (FNEB).

Selon lui, les prix du pétrole évolueront à court terme aux alentours de 40-45 dollars le baril, un ordre de prix parfaitement soutenable pour le budget russe.

Pourquoi le pétrole est-il remonté après avoir touché le fond ?

Les cotations pétrolières ont justement atteint un niveau tolérable pour le budget russe ces deux derniers mois, pendant que la rencontre qatarie se préparait. Les discussions sur un possible gel de la production des principaux pays exportateurs ont commencé à la mi-février. À partir de ce moment, les prix se sont mis à monter de façon régulière de 32 dollars le baril (16 février) à 44 dollars le 12 avril.

De plus, des facteurs fondamentaux s’en sont mêlés, fait remarquer Alexandre Passetchnik.

Les investissements dans des projets complexes (développement des gaz de schiste et exploitation du plateau océanique) ont été reportés. Cela crée déjà les conditions d’une restriction de l’offre de pétrole. De plus, les récents prix bas de l’or noir ont suscité une demande. La Chine, par exemple, a augmenté son plan d’importation pétrolière au premier trimestre de cette année : cela stimule également la demande mondiale.

« Dans leur ensemble, ces facteurs effacent l’effet de saturation qui dominait le marché début janvier (2 millions de barils excédentaires par jour). Ces excédents ont aujourd’hui diminué », résume Passetchnik.

Quels facteurs influeront le pétrole à l’avenir?

« Le marché du pétrole pourrait s’emballer, car il existe trois autres facteurs difficilement prévisibles, qui influent sur les prix », considère Sergueï Pravossoudov, directeur de l’Institut national de l’énergie.

 « Les prix dépendront de la baisse de l’extraction pétrolière aux Etats-Unis, de son augmentation simultanée en Iran et en Irak et du rythme de croissance de la demande mondiale en pétrole », explique l’expert. « Les participants des négociations de Doha ne voulaient, finalement, se mettre d’accord sur rien », ajoute l’expert. Les grandes puissances pétrolières, mis à part l’Irak et l’Iran, n’ont pas l’intention d’intensifier leur production.

« La Russie ne peut physiquement pas augmenter sa production, car elle est déjà à son maximum depuis des années. L’Arabie saoudite extrait également tout le pétrole qu’elle peut, bien que les Saoudiens affirment avoir des capacités en réserve, ce que personne ne peut confirmer ou infirmer », remarque l’expert.

Le 17 avril à Doha ont eu lieu des discussions entre 17 pays producteurs de pétrole, y compris la Russie et l’Arabie saoudite, dans une tentative de s’accorder sur un gel des volumes d’extraction de brut. Cependant, il n’a pas été possible de signer de déclaration à cause de la position des Saoudiens. Ils ont exigé que le document soit signé par tous les pays de l’OPEP, y compris l’Iran et la Libye.

C’est une condition impossible : l’Iran avait encore confirmé la veille qu’il comptait augmenter sa production jusqu’à son niveau pré-sanctions de 4 millions de barils par jour, et la Libye ne contrôle pas sa production de pétrole.

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