La petite commune suisse de Davos a accueilli du 20 au 23 janvier la 46ème édition du Forum économique mondial qui réunit le gotha des affaires et de la politique. La Russie, pays en proie à une crise économique, y a envoyé une délégation chargée de transmettre ses inquiétudes sur la situation actuelle et d’avancer des propositions pour s’en sortir.
Nouveaux risques, nouvelles opportunités
Quelles perspectives pour l'économie russe ? « L'année 2016 apporte des risques. Or, nous possédons également des capacités », a déclaré lors du Forum l’ancien ministre russe des Finances Alexeï Koudrine. Selon ses estimations, « le pic de la crise est encore à venir » et le Kremlin doit s'y préparer. La détérioration de la situation économique se traduira par une baisse des investissements et des revenus de la population. En outre, la forte dévaluation de la devise nationale entravera les efforts de la Russie en matière d’innovation et de modernisation de son économie, estime-t-il.
Toutefois, c’est l’impact de la chute actuelle des prix de pétrole sur l’économie russe qui préoccupe le plus M. Koudrine. Dans son pronostic pessimiste, il n’exclue pas que les cours du pétrole poursuivent leur chute, même en dessous de $18 le baril. D’autre part, il espère que ces fluctuations du marché encourageront le Kremlin à réduire sa dépendance vis-à-vis des hydrocarbures. De même, le vice-premier ministre Iouri Troutnev, qui dirigeait la délégation russe à Davos, affirme que les faibles prix du pétrole pousseront les dirigeants russes à mener d’importantes réformes économiques structurelles.
Repenser son modèle économique
De son côté, Vladimir Mau, recteur de l'Académie présidentielle russe d'économie nationale et d'administration publique, fait écho aux prévisions moroses d'Alexeï Koudrine quant à l’avenir du marché mondial du pétrole et donc de l’économie russe. Il estime que l’économie du pays doit éliminer sa dépendance vis-à-vis de la rente pétrolière en raison de la baisse de la demande pour cette matière première à laquelle on pourrait s’attendre à l’avenir.
« La demande pour le pétrole en tant que marchandise dépend du progrès technologique », écrit M. Mau dans sa tribune pour le quotidien économique Vedomosti. « Il n’est pas certain que le pétrole en tant que carburant sera toujours demandé en période de croissance économique. Avec le changement du modèle technologique, il n’est pas exclu que le pétrole ne devienne une simple marchandise pour l’industrie énergétique et chimique », indique-t-il, ajoutant que l'or noir n’est plus un outil politique comme il l’a été au cours des 40 dernières années.
Vladimir Mau affirme qu’aujourd’hui, « les prix du pétrole fluctuent avec une grande amplitude qui dépend de l’interconnexion de nombreux paramètres difficiles à prévoir. Moins l’économie dépend des vicissitudes actuelles [du marché], plus elle pourra soutenir une croissance économique à long terme ».
De même, Iakov Mirkine, expert de l’Institute de l’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie des sciences de Russie, appelle à des réformes économiques visant à guérir ou, du moins, atténuer la malédiction du pétrole, car à l’avenir, la part russe de pétrole sur le marché énergétique européen est amenée à diminuer inévitablement.
Cela signifie que les prévisions annonçant que la Russie a atteint son point le plus bas sont prématurées. Il estime que le dollar restera « très fort cycliquement » et que le prix du pétrole sera faible pendant, au moins, les trois ou quatre prochaines années. Comme les « sanctions technologiques » occidentales pourraient devenir douloureuses et que les risques géopolitiques sont en hausse, on ne peut parler d’une sortie de crise dans un avenir proche.
« Le gouvernement et les autorités fiscales croient obstinément que tout ce qu’ils font est bien et qu’ils ne commettent aucune erreur », dit Mirkine. « Tant que nous avons cette équipe économique aux commandes, il n’y aura pas de changements substantiels ».
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