Pas de répit pour les affaires

Service de presse
Le directeur du bureau moscovite de la Chambre de Commerce Belgo-Luxembourgeoise en Russie s'est confié à RBTH à propos de l'impact des sanctions sur les relations entre la Russie et le Grand-Duché.

RBTH : Plus d’un an s’est déjà écoulé depuis l’introduction par l’UE et d’autres pays s’y étant joints de sanctions contre la Russie, ainsi que la mise en place en réponse d’un embargo sur les produits alimentaires par la Russie. Dans quelle mesure ces sanctions ont-elles impacté les relations d’affaires russo-luxembourgeoises ?

Oleg Prozorov : On parle beaucoup de conséquences, des pertes, et très peu de l’aspect pratique de la question. Par exemple, si l’on observe la situation, le spectre des sanctions inclut des institutions financières et industrielles strictement définies.

Il est important de bien comprendre que le simple fait qu’un produit importé se trouve sur la liste des sanctions ne signifie pas automatiquement qu’il est interdit de l’importer ou de l’utiliser en Russie. Dans de nombreux cas, en suivant les procédures légales et en déclarant clairement l’usage final du produit, on peut recevoir une autorisation de l’importer en Russie.

Dans les secteurs concernés par les sanctions, la coopération selon les schémas habituels a évidemment nettement baissé. En l’occurrence, la Chambre recommande aux entreprises de rediriger leurs intérêts vers des secteurs dans lesquels la coopération est autorisée et offre d’excellentes perspectives, comme le secteur agricole.

RBTH : Le monde des affaires luxembourgeois démontre-t-il le même intérêt à travailler en Russie ?

O.P. : Ces trois dernières années, le Luxembourg est régulièrement membre du trio des plus grands investisseurs directs en Russie. Selon les données de l’année dernière, en 2014, le volume d’investissements directs était d’environ 50 milliards de dollars [44,5 milliards d’euros, ndlr]. Et même malgré la crise, en 2015, nous constatons un intérêt accru pour le marché russe parmi les entreprises luxembourgeoises. Par exemple, le secteur du commerce en ligne se développe activement.

RBTH : Comment se portent les compagnies russes au Luxembourg ?

O.P. : Les compagnies continuent leur développement. Hélas, bien entendu, elles sont en butte à des difficultés régulières. Par exemple, beaucoup sont confrontées à une méconnaissance et une incompréhension de l’objet des sanctions, ce qui cause des erreurs et des délais dans les opérations bancaires. Mais la position du Luxembourg est extrêmement loyale et s’efforce dans la mesure du possible de séparer les affaires de la politique.

RBTH : Y-a-t-il des exemples de nouveaux modes de coopération entre les sociétés russes et luxembourgeoises, par exemple la localisation de compagnies sur le territoire russe ?

O.P. : Il me semble que la localisation sur le territoire russe n’est pas une nouveauté. Nous avons des exemples de membres luxembourgeois de notre Chambre, qui ont construit des usines en Russie il y a quelques années, dans les districts de Iaroslavl, Moscou et Samara.

Il existe aussi des exemples de construction de nouvelles usines et de projets fructueux ayant lieu aujourd’hui. Le business ne fait pas de surplace et, une fois adapté aux nouvelles conditions, développera des formes de coopération confortables et rentables.

RBTH : La Chambre, en coopération avec des organisations de soutien aux affaires et avec les pouvoirs publics, parvient-elle à résoudre les problèmes des entreprises luxembourgeoises en Russie ? 

O.P. : Nous avons de nombreux accords et mémorandums avec des régions et des structures fédérales. Leur but est de créer une infrastructure efficace pour les membres de la Chambre. Par exemple, les questions de législation migratoire, le régime des visas, les spécificités du droit fiscal russe, le déroulement des procédures douanières, et de bien les autres encore. Nous avons également, très récemment, élargi de façon significative notre coopération avec la Chambre de Commerce du Grand-Duché et d’autres organisations de soutien aux affaires en UE.

RBTH : Quelle est l’état d’esprit des milieux d’affaires luxembourgeois vis-à-vis des sanctions et contre-sanctions mises en place ? 

O.P. : Les milieux d’affaires ne peuvent pas avoir une attitude positive envers des mesures restrictives concernant leur activité. D’une position très inconfortable l’année dernière, le monde des affaires a réalisé l’importance de poursuivre son développement dans les difficiles conditions actuelles. 

RBTH : Quel est l’avantage du Luxembourg comme centre financier pour les entreprises russes ? 

O.P. : Situé au centre même de l’Europe, le Luxembourg est un centre financier mondial largement reconnu, offrant traditionnellement un haut degré de compétence et de sécurité économique. Le gouvernement du Luxembourg améliore sa législation en permanence et a conclu un accord de non-imposition mutuel avec la Russie.

BIOGRAPHIE :

Diplômé de l’Université russe d’économie Plekhanov et de l’Université catholique de Louvain, il a travaillé comme conseiller des entreprises belges, luxembourgeoises et suisses sur les marchés russes et européens. Il a occupé des postes supérieurs au MB INVEST, STELLA Atlux SA (Luxembourg), NOBLE PARTNERS SA (Luxembourg), etc.

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