Avant le début de la rencontre trilatérale Etats-Unis, Russie, Arabie saoudite au Qatar.
ReutersLe ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a présenté à la réunion de Doha les détails du projet russe de lutte contre l’EI, évoqué fin juin par le président Vladimir Poutine. La Russie propose de conjuguer les efforts des armées syrienne et irakienne, ainsi que des formations armées kurdes et des pays de la région. Mais la pierre d’achoppement reste le sort du régime du président syrien Bachal el-Assad dont la démission est prônée par les Etats-Unis et plusieurs pays du Golfe.
Sergueï Lavrov a indiqué dans la capitale du Qatar que, selon Moscou, « les frappes aériennes à elles seules (effectuées contre l’EI par les forces de la coalition menée par les Etats-Unis) n’étaient pas suffisantes » et qu’il était « indispensable de mettre en place une coalition de partenaires comprenant notamment ceux qui font face, les armes à la main et sur le terrain, au danger terroriste ». « Ce qui suppose la participation des armées syrienne et irakienne ainsi que des Kurdes », a-t-il précisé. D’après une déclaration du ministère russe des Affaires étrangères, la coalition contre l’EI doit être formée sur « une base juridique internationale concertée », ce qui signifie la nécessité d’obtenir un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies.
Dans ce contexte, Sergueï Lavrov a souligné qu’il était inutile d’examiner la question du soutien de Bachar el-Assad par la Russie, étant donné que dans le cadre de rencontres de Genève sur la Syrie« la communauté internationale – y compris les membres du Conseil de sécurité, la Turquie, l’Union européenne et les pays arabes –, a signé un document prévoyant non un changement de régime, mais une période politique de transition ».
Aucune réaction
La réaction des participants à la rencontre aux propositions russes demeure inconnue. Evgueni Satanovski, président de l’Institut du Proche-Orient (indépendant), estime qu’une telle rencontre ne pouvait donner aucun résultat dans le contexte actuel. La politique des Etats-Unis ne prévoit pas un changement d’attitude envers le régime de Bachar el-Assad, ce qui rend impossible la matérialisation du plan russe, explique-t-il. Pour lui, Washington « s’est vu commander le renversement d’Assad » et « l’un de ces commanditaires est l’Arabie saoudite ». Cela étant, il ne faut sans doute pas s’attendre à des percées sur l’axe syrien, fait-il remarquer.
Evgueni Satanovski affirme que même un danger croissant émanant de l’EI ne viendra pas infléchir la position des Etats-Unis au sujet du régime au pouvoir en Syrie, parce que les activités de l’EI ne heurtent pas directement les intérêts des Etats-Unis.
Aide de l’opposition syrienne « modérée »
Malgré les appels de Moscou, les informations du 3 août font état d’un durcissement de la position de Washington vis-à-vis du régime de d’Assad. Désormais, les Etats-Unis défendront les représentants de l’opposition syrienne « modérée » qu’ils ont eux-mêmes formés en cas d’attaques contre eux non seulement de la part des terroristes de l’EI, mais aussi de la part de l’armée gouvernementale.
Le Pentagone a déclaré qu’un « soutien de feu défensif » avait été fourni vendredi dernier et qu’il avait visé des rebelles du Front Al-Nosra (formation extrémiste liée à Al-Qaida). Il a ajouté que l’appui aérien serait accordé « indépendamment de la force contre laquelle ils (les hommes de l’opposition syrienne « modérée ») se lèveront ».
Sergueï Lavrov a estimé que cette position était illégale du point de vue du droit international et qu’elle empêchait la formation d’un front uni de lutte contre l’EI. « L’essentiel est que jusqu’ici, la quasi-totalité des représentants de l’opposition dite modérée, formés dans les pays voisins par des instructeurs américains, se sont retrouvés du côté des extrémistes », a-t-il rappelé.
« Je ne pense pas avoir pu faire changer d’opinion les Etats-Unis et, sur ce point, nous avons apparemment des divergences », a-t-il noté pour conclure.
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