Le gîte des lions de mer de Steller. Crédit : Alexeï Iarochevski
La route vers l'île
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La traversée vers Moneron commence dans la ville portuaire de Nevelsk : le
parc de ferrys locaux assure la liaison avec l'île. À peine trente mille, soit
quelque 50 km, séparent la côte de Sakhaline de la baie de Moneron, mais les
petits ferrys ne peuvent dépasser les 10 nœuds (18km/h) contre les courants
marins. Trois heures de « montagnes russes » sur les eaux du détroit
de Tartarie, si le temps est clément. Le moindre soupçon d'une tempête et le
temps de trajet est rallongé de moitié.
La vue sur la baie de l'île, qui s'ouvre à ceux qui se rendent sur Moneron, est
digne de cartes postales.
La seule réserve naturelle marine en Russie
Le complexe hôtelier de l'île Moneron. Crédit : Alexeï Iarochevski
Rien, même pas le petit complexe hôtelier délicatement placé entre les collines
vert émeraude directement sur la côte, ne perturbe le sentiment que l'île n'a
pas été touchée par la civilisation. Les maisons d'hôtes tout confort peuvent
accueillir jusqu'à vingt personnes à la fois car un groupe de touristes plus
important nuirait inévitablement à l'équilibre écologique naturel de l'île.
C'est pourquoi l'affluence touristique sur Moneron est relativement faible,
explique Natalia Krouglova, guide-écologue : « Moneron est le premier parc
naturel marin en Russie. La saison dernière, nous avons accueilli quelque mille
touristes. Ce chiffre n'évoluera probablement pas beaucoup, car nous ne
souhaitons pas nuire à la nature unique de l'île... »
Les débris de béton. Crédit : Alexeï Iarochevski
L'île de Moneron est souvent appelée mystérieuse, non sans raison : l'histoire de ce bout de terre perdu dans l'océan est assez complexe. La découverte de l'île revient officiellement aux Japonais : au XVIIe siècle, le samouraï Murakami Hironoti indique l'île sur les cartes de navigation.
L'île est située dans la zone frontalière, sous la protection du Service fédéral de sécurité russe. L'obtention d'une autorisation spéciale des gardes-frontières peut nécessiter un voire plusieurs mois. Toutefois, les opérateurs qui proposent des tours sur Moneron sont prêts à s'occuper des formalités bureaucratiques.
Au XVIIIe siècle, l'île est « découverte » pour la deuxième fois. Ce sont les Français qui la marquent sur les cartes de navigation européennes. Le grand explorateur Jean-François de La Pérouse, lors de son tour du monde en 1787, donne son nom au détroit qui sépare Sakhaline de Hokkaido. Lorsque les navires de l'expédition française, Boussole et Astrolabie, tombent sur cette île isolée, le compte de La Pérouse la nomme en l'honneur de l'ingénieur en chef de son expédition. L'ingénieur Paul Moneron est chargé de cartographier l'île qui porte son nom. La première carte fidèle de l'île est réalisée plus tard, en 1867, par les hydrographes russes qui inscrivent l'île sur la carte de l'Empire russe. L'expédition est dirigée par le lieutenant Staritsky qui donne son nom au plus haut sommet de l'île.
Moneron ne reste pas russe longtemps : après la défaite de la Russie lors de la Guerre russo-japonaise, l'île revient au Japon, est appelée Kaibato et appartient au Japon jusqu'à la capitulation de Tokyo en 1945 avec les changements dans la géographie politique de la région qui s'en suivent. Moneron se trouve à portée de main du Pays du Soleil Levant : par temps clair, depuis Moneron, on peut voir Risiri, l'une des îles japonaises.
Les débris de béton de la « période japonaise ». Crédit : l'administration de la région de Nevelsk
La courte et relativement récente période « japonaise » de Moneron
est entourée de mystère, tout autant que son histoire précédente. Les Japonais
assurent n'avoir installé qu'un village de pêcheurs sur l'île. Pourtant,
Moneron garde des constructions japonaises : une cabine du télégraphiste,
un phare et des imposantes constructions en béton. En outre, les Japonais ont
visiblement relié l'île à Sakhaline par câble téléphonique : 40 kilomètres le
long du fond de la mer. Les archives sur les opérations militaires de l'URSS en
Extrême-Orient ne mentionnent aucune bataille pour cette île. Pourtant, Moneron
compte de nombreuses tombes anonymes ornées d'une étoile rouge.
D'une manière ou d'une autre, suite à l'entrée de Moneron dans la région de
Sakhaline de l'URSS, le village de pécheurs japonais est remplacé par un
village soviétique, mais rapidement la pêche est considérée non-rentable et
l'île est presque désertée.
Seuls les gardes-frontières et le personnel du phare restent ici, la population
de l'île dépasse rarement les 6 habitants. Le statut de zone frontalière limite
l'accès à l'île.
Le rêve des photographes et des éco-touristes
Le manque d'utilité de l'île frontalière à l'économie soviétique fut une
bénédiction pour la nature de Moneron. Des centaines d'oiseaux rares s'installèrent
sur les rochers côtiers et les poissons locaux ne craignent désormais plus
l'homme. Les herbes qui poussent sur Moneron en été dépassent la taille
humaine. Le tableau paradisiaque est complété par une chute d'eau pittoresque :
les jets d'eau chutent de quelque quinze mètres.
Phoque Larga. Crédit : Stanislav Moroz/EKZO
Il est possible de réserver une visite de un à deux jours ou d'une semaine
entière sur l'île Moneron.
Vous pouvez vous rendre sur l'île, dans le cadre de votre visite sur Sakhaline,
en réservant votre visite auprès d'un tour-opérateur basé à Sakhaline,
Travel-Sakhalin : http://www.travel-sakhalin.ru/
(site en langue russe) ou contacter le responsable de tourisme (en anglais) : ekaterina@travel-sakhalin.ru
Vous pouvez réserver une chambre d'hôtel sur l'île (pour les visites de plus de
2 jours) auprès de l'opérateur Adrenaline tour : http://adrenalinetour.ru (site en langue
russe), ou les contacter par email (en anglais): adrenalinetour@mail.ru
Mais la principale attraction de l'île est son monde sous-marin. C'est bien la
faune de l'île que les écologues cherchent à protéger : quelques-uns de
ces habitants sous-marins ne se trouvent nulle part ailleurs en Russie. A
cela, il existe une explication scientifique bien étonnante : la
« petite île sans vie » de Moneron est la seule île de l'archipel qui
se trouve sur le passage d'un étroit courant chaud de Tsushima qui prend source
dans les subtropiques. Aussi, les eaux extraordinairement propres de Moneron
abritent de précieux ormeaux, oursins, palourdes, concombres de mer et bien
d'autres espèces exotiques. Les eaux autour de Moneron sont le rêve du
photographe sous-marin : elles sont cristallines. Le fond est visible même
à plusieurs mètres de profondeur. Les rares heureux qui ont pu se rendre à
Moneron cherchent tous à y revenir.
« J'ai visité pas mal d'endroits avec mon yacht, raconte Dmitri Medvedev,
homonyme du Premier ministre russe et navigateur expérimenté, mais je n'ai rien
vu d'aussi beau de Moneron. L'eau est tellement propre qu'on n'a même pas
besoin d'une torche sous-marine. Un tel paysage sous-marin n'existe nulle part
sur la côte extrême-orientale ! »
Dmitri plonge équipé d'une caméra spéciale. Il y a tant à photographier : les
colonies de lions de mer et de phoques, les étonnantes grottes et leurs murs de
chaux naturellement colorés, les collines pittoresques, les objets de vie des
périodes japonaise et soviétique.
L'article original en russe est disponible sur le site strana.ru
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