La Russie pourrait renoncer aux moteurs d’avions importés

Assembling the fuselage of a hundredth passenger airplane Sukhoi Superjet 100 at the Gagarin Aircraft Manufacturing Enterprise in Komsomolsk-on-Amur

Assembling the fuselage of a hundredth passenger airplane Sukhoi Superjet 100 at the Gagarin Aircraft Manufacturing Enterprise in Komsomolsk-on-Amur

Marina Lystseva/TASS
Alors que les sanctions occidentales contre Moscou sont toujours en vigueur, le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine suggère de se passer des entreprises étrangères dans le domaine de la construction de moteurs destinés à l'aéronautique. Sa proposition ne concerne pas seulement les projets de collaboration avec l'Ukraine, mais aussi avec le français Snecma pour l'avion Sukhoï Superjet-100 (SSJ-100), rapporte le quotidien russe Kommersant.

L'industrie aéronautique russe pourrait remplacer les moteurs étrangers par des analogues produits au niveau national pour ses avions SSJ-100, MS-21 et Mi-26, puis créer un moteur spécifique pour le projet russo-chinois d'hélicoptère lourd, a déclaré lundi le vice-premier ministre russe Dmitri Rogozine lors d'une rencontre de travail avec le président Vladimir Poutine.

Selon lui, une solution « plus intéressante » aurait déjà été trouvée. La création d'un moteur prend plus de temps que la modification d'un avion - entre trois et cinq ans selon Rogozine -, c'est pourquoi il faudra créer un « précurseur » sur la base de l'Usine de moteurs de Perm (PMZ, succursale de l'Union russe de la construction motorisée, ODK). Les capacités de production de cette dernière permettent la fabrication d'une famille de moteurs de nouvelle génération basés sur un générateur à gaz unifié, ce qui « permettra d’élargir le secteur de la construction de moteur d’avions avec une poussée au décollage de 9 à 16 tonnes », remarque le vice-premier ministre.

Cette proposition de Dmitri Rogozine d'en finir avec la coopération internationale semble inattendue. En juin 2015, le chef des ventes de la corporation Irkout (qui travaille sur le MS-21, filiale de la Corporation unifiée de la construction aéronautique, OAK), Valeri Lounkov, déclarait encore que le moteur PD-14 serait intégré à la flotte du ministère de la Défense et des organes du gouvernement, et que la candidature de l'américain GTS Pratt & Whitney était examinée pour les clients commerciaux.

Le SSJ-100 devait également être équipé de moteurs SaM-146 de la compagnie PowerJet - une coentreprise de Saturn et du français Snecma (filiale du groupe Safran). ODK, selon une source de Kommersant, compterait renforcer ses investissements dans la production des SaM-146.

Unification et concurrence 

Cependant, comme l'écrivait Kommersant le 15 juin en se basant sur l'une de ses sources, la société Snecma était de toute façon mécontente de l'instabilité et du faible niveau des commandes de SSJ-100 et des moteurs dont ils doivent être dotés. Lundi, Snecma a refusé de répondre aux questions de Kommersant.

Du côté d'ODK, on affirme que dès le départ, le projet de moteurs de la famille PD était orienté vers « l'utilisation d'un générateur à gaz unifié, sur la base duquel pourrait être créée toute une série d'innovations », y compris le PD-10 avec une poussée de 10,9 tonnes pour le prototype SSJ-130 de SuperJet. ODK « doit impérativement commencer un travail anticipé pour la création d'un prototype scientifique et technique, ainsi qu'un programme de développement de nouveaux moteurs ». OAK soutient la création d'un moteur d'avion de fabrication russe, « qui garantira la stabilité du secteur aéronautique en Russie et permettra de créer plus de valeur ajoutée».

Dmitri Rogozine a demandé à Vladimir Poutine de modifier la structure des dépenses de l'industrie de l'armement russe, en fusionnant les technologies de construction des moteurs destinés aux navires et à l’aviation. Selon une source de Kommersant proche de la direction d'ODK, les moteurs dotés d'une poussée de 9 à 18 tonnes pourraient être produits sur la base du PD-14 (six versions sont prévues), et ceux d'une poussée de 20 à 35 tonnes sur la base du générateur à gaz NK-32 modernisé.

Vladimir Karnozov, expert du portail Aviation Exlporer, remarque que personne n'a encore produit de turbomoteurs pour hélicoptères ni de turboréacteurs pour avions sur la base d'un générateur à gaz unique. Selon lui, une telle perspective est techniquement réalisable et conforme à la tendance actuelle de développement de la construction de moteurs au niveau mondial. L'expert remarque que l'industrie russe pourrait créer un tel précédent avec un haut niveau technologique, mais qu'elle aura du mal à faire concurrence aux productions occidentales, qui peuvent réduire leurs prix de vente sur le marché mondial grâce à une forte production en série.

Source : Kommersant

Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies