Crédit : Rouslan Soukhouchine
L'idée de créer un hélicoptère léger est née en raison de l'absence d'appareils de cette classe dans le catalogue des producteurs russes. Ses concepteurs se sont basés sur l'hélicoptère russe ayant le plus de succès (jusqu'à 70% des ventes sur les marchés étrangers), le Mi-8 (Mi17), qu'on appelle aussi la « Kalachnikov » des hélicoptères pour sa simplicité et sa rusticité. Ce petit frère du Mi-8 a d'ailleurs reçu un nom sur mesure. « Ansat » peut se traduire du tatare comme « simple ». L'hélicoptère est produit en République du Tatarstan dans l'usine d'hélicoptères de Kazan, d'où lui vient ce « prénom » exotique.
Simple et polyvalent
Au début, le projet Ansat a été conçu dans l'idée de dépasser les concurrents en termes de performances de vol, car la lutte sur le marché des hélicoptères légers, qui n'est pas encore entre les mains des compagnies russes, ne va pas être simple. Pour un coût moyen inférieur de 700.000 à 1 million d'euros à celui de son analogue EC145 du holding Eurocopter, Ansat a non seulement des caractéristiques en tous points identiques à son rival, mais aussi une cabine plus spacieuse qui peut être équipée selon les besoins particuliers du client.
Un champion international de l’industrie russe
Cette particularité permet d'ajouter à sa définition le mot « polyvalence ». En fonction des composants, Ansat peut être un hélicoptère pour passagers, de transport, sanitaire et de sauvetage. Mais ses fonctions ne se limitent pas à cela, et les militaires russes utilisent déjà cet hélicoptère pour les entraînements et les patrouilles.
En avance sur son temps
Le destin du petit nouveau n'a pas été simple. Bien qu'il ait effectué son premier vol en 1999, il n'a pu recevoir le certificat autorisant sa commercialisation qu'en août dernier.
Aussi étrange que cela puisse paraître, le problème était que certaines décisions techniques prises durant la conception d'Ansat excédaient la base juridique de l'époque. Pour la première fois, un hélicoptère était équipé d'un système de commande de vol électrique qui, auparavant, n'était utilisé que pour les avions militaires modernes et les avions de ligne. La commande de vol électrique permet d'améliorer considérablement les caractéristiques de l'appareil en réduisant son poids ainsi que son coût de production, et en améliorant le confort de commande de l'appareil pour le pilote.
Les fonctionnaires russes ne pouvaient pas autoriser la commercialisation de l'hélicoptère, car ils ne savaient pas selon quels critères il fallait vérifier et tester la commande de vol électrique. Il n'y avait tout simplement pas de base de certification adaptée au nouveau-venu. Cela a fermé à Ansat les portes de son exploitation commerciale et l'usine de Kazan a été obligée de réintégrer sur l'hélicoptère le système de commande traditionnel. Ce n'est que plus tard que l'on a pu recevoir les documents nécessaires.
Mais pour les militaires russes, les sauveteurs et les autres services, le certificat de commercialisation n'était pas le plus important, et ils ont été les premiers utilisateurs de ce nouvel hélicoptère. De plus, les Mi-2, employés pour l'entraînement des élèves militaires, étaient devenus obsolètes. En 2013, six premiers hélicoptères Ansat-U ont été transmis à l'académie de l'armée de l'air pour l'entraînement des futurs pilotes. Le programme d'Etat d'armement entrevoit l'acquisition de 40 hélicoptères Ansat-U d'ici 2018.
Un coup de pouce du « grand frère »
Aujourd'hui, le fabricant examine les possibilités de vente de l'hélicoptère pour l'exploitation civile, notamment à l'étranger. Le constructeur en chef de l'usine d'hélicoptères de Kazan, Oleg Garipov, s'est dit convaincu que le succès des hélicoptères Mi-8 sur le marché et leur abondance dans le monde faciliterait la promotion de l'Ansat.
« L'usine d'hélicoptères de Kazan n'a pas décidé aussi simplement que cela de diversifier la production. Le Mi-8, c'est une légende, la Kalachnikov de l'aviation et des hélicoptères, mais il faut continuer à aller de l'avant. La direction de l'entreprise a décidé que le créneau des hélicoptères légers polyvalents était le plus optimal. Toutes les compagnies d'hélicoptères sont présentes dans cette classe et mènent une lutte serrée. C'est l'un des créneaux les plus populaires sur le marché », a déclaré Garipov dans une interview aux médias russes.
C'est en s'appuyant sur la réputation du Mi-8 qu'Ansat a pu être promu sur le continent noir. En mars de l'année dernière, au cours d'une visite du président russe Vladimir Poutine au sommet des BRICS en Afrique du Sud, un accord a été obtenu sur la possible création d'une usine commune d'Ansat. Le ministre russe de l'Industrie et du Commerce, Denis Mantourov, a déclaré que l'escadron présidentiel du Mozambique était intéressé par les hélicoptères.
Le succès de l'hélicoptère dépendra de sa capacité à devenir une version mini du Mi-8, bon marché, simple, et fiable. Comme l'a fait remarquer le chef du service analytique de l'agence Aviaport Oleg Panteleïev en évaluant les perspectives de l'hélicoptère, « il y aura dans un premier temps suffisamment de contrats de la part de l'Etat. Les entreprises privées observeront comment se comporte l'hélicoptère en exploitation ». Le temps nous dira si Ansat parviendra ensuite à voler de ses propres pales.
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