Crédit : Alexandre Kondratiouk/RIA Novosti
Des événements intéressants se déroulent à l’intérieur de la zone de la chute de la météorite, dans le lac Tchebarkoul. Là-bas, des plongeurs s’efforcent encore de mettre la main sur le principal fragment du météore. Jusqu’à présent, ils sont seulement parvenus à l’atteindre à l’aide d’une sonde, ainsi qu’à localiser quelques fragments de taille plus réduite.
Le jour de notre arrivée, un crachin froid et un vent glacial soufflait dans le ciel chargé de nuages. Nous nous sommes rendus de la berge à la zone de recherche à bord d’un canot pneumatique à moteur, en compagnie des sauveteurs de Tcheliabinsk en service nuit et jour sur la berge afin de porter assistance aux plongeurs. La traversée ne dure pas plus de dix minutes et nous abordons ensuite une plateforme de six à huit mètres de large au centre la laquelle trône une tente jaune vif. Ceci forme la principale partie émergée du site « stationnaire ». Deux autres plateformes mobiles de dimensions moindres se trouvent à proximité, avec l’ensemble de l’équipement de plongée. C’est d’ici que s’élancent les plongeurs.
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La plateforme offre une vue panoramique sur Tchebarkoul et ses environs. A proximité, l’on remarque la bouée rouge et blanche de 320 kilos installée à l’occasion de la chute de la météorite. De façon à ne pas déranger les travaux de recherche, cette dernière a été placée à 70 mètres du point d’impact.
Un « puits » au fond du lac
En face de nous, deux plongeurs se jettent à l’eau chacun à leur tour. L’équipe n’est composée que de quatre personnes, plus le directeur et un assistant. Cependant, les choses les plus intéressantes se déroulent sous la surface.
« Nous creusons le fond du lac à l’aide d’un équipement spécial, de façon à créer une sorte de « puits », explique Maxime Chipouline, directeur technique de la société de Tcheliabinsk en charge du renflouement de la météorite. Dans un premier temps, nous avons pensé que son diamètre devra être de six mètres, mais il a actuellement atteint un diamètre de 20 mètres, ce qui élargit la zone des recherches. Les plongeurs ont dépassé la marque des 14 mètres de profondeur et du fait de l’absence totale de visibilité, tout le travail s’effectue au toucher. Cela nécessite pour les plongeurs un très haut niveau de qualification professionnelle, mais également un très bon sens de l’orientation : l’on peut en effet y perdre très facilement ses repères spatiaux. Il y a peu, l’un des plongeurs a pratiquement été écrasé par une épaisse couche de vase, et bien il n’a pas cédé à la panique. Il y a une part de risque, et plus l’on plonge profondément, plus la tâche est difficile pour les plongeurs ».
Le travail est effectué sept jours par semaine, du matin à la tombée de la nuit. Il y a pratiquement toujours quelqu’un au travail sous l’eau, sauf pendant la pause déjeuner.
Le poisson contre « les petits hommes verts »
Les plongeurs ont été confrontés à une situation psychologiquement difficile au début de l’opération, lorsque le sonar a indiqué qu’un objet « semblable à une météorite » se trouvait sur le fond, mais que les recherches n’ont ensuite données aucun résultat. L’ambiance a changé lorsque le plongeur Alexeï Liakhov est parvenu à atteindre la « grande » météorite au moyen d’une sonde de grande longueur. Le 24 septembre, il a également découvert un fragment de la météorite de la taille d’un poing.
Impossible de ne pas faire un peu de mysticisme.
« Il semblerait que certains « petits hommes verts » refusent de laisser des humains s’emparer de cet objet céleste, commente Maxime Chipouline. Nous pensions que nous allions pouvoir récupérer la « grande » météorite à une profondeur de 14 mètres, mais elle s’est enfoncée de plus en plus profondément dans la vase et nous parlons déjà de poursuivre les recherches à une profondeur de 16-20 mètres. Nous avons même inventé une nouvelle expression : « la vase consciente ». Par ailleurs, il se passe des choses incroyables : le canot a disparu 5 fois, les moteurs tombent en panne, les appareils s’affolent : cette zone est apparemment remplie d’anomalies ! »
Nous nous sommes rendus au camp de l’expédition fait de tentes sur les berges du lac Tchebarkoul. La première chose qui attire l’attention est la banderole portant l’inscription « le poisson et les hommes VS la météorite et les petits hommes verts ».
« Sur internet l’on peut voir une vidéo virale avec un homme qui attrape un gros poisson, sourit et dit : Язь! (ide mélanote, un poisson de la famille de la carpe, ndlr), explique Nicolas Mourzine. – Nous avons aimé cette vidéo et décidé d’en faire le symbole de cette expédition. Bien, tout le reste est clair : la référence aux hommes, à la météorite et aux petits hommes verts ».
La zone secrète
Chaque jour, des monceaux de pierres sont remontés des profondeurs par les membres de l’expédition. L’on peut aussi y trouver des ancres ainsi que de nombreux aimants : grâce à eux, les chasseurs de météorites tentent de repêcher de petits fragments du corps céleste. Pendant ce temps, à force de classer des pierres, les membres de l’expédition ont fini par en connaître la nature aussi bien que des géologues professionnels. Ils expliquent que les fragments de météorites se distinguent de part les traces de fusion et des cristaux caractéristiques. Après le 26 septembre, les plongeurs ont récupéré trois fragments et espèrent être finalement parvenus au pied de la « grande » météorite (d’après les données préliminaires, sa taille serait de 50 à 90 centimètres).
Nous avons dirigé notre regard vers le fragment de météorite de 4,8 kilogrammes, le plus gros à ce jour, extrait du lac par Maxime Gorbunov. Mais nous n’avons pas été autorisés à prendre des photos de cette trouvaille unique. Les opérations liées à la météorite sont gardées secrètes : selon les termes du contrat, toutes les informations concernant la météorite ne peuvent être uniquement divulguées par le maître d’ouvrage de l’expédition.
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