Les brise-glaces nucléaires ont transformé le passage du Nord-Est en une route maritime bien développée en rendant possible la navigation tout au long de l’année dans l’Arctique de l’Ouest. Crédit : Itar-Tass
« Nous espérons que cette conférence permettra de concrétiser de nouveaux projets de développement de technologies innovantes dans le domaine de l’énergie atomique et de la sécurité des installations nucléaires », a déclaré Vladimir Voronkov, représentant spécial de la Russie auprès des organisations internationales de Vienne. Les discussions porteront en particulier sur l’utilisation de l’énergie atomique en haute mer, dimension clé des études conduites par la Russie sur les différentes applications de l’énergie nucléaire.
L’idée d’employer l’énergie nucléaire dans l’environnement marin a connu sa première application concrète au milieu des années 50 du siècle précédent. En 1962, le Savannah premier navire civil dédié au transport de marchandises et de passagers développé dans le cadre d’un programme spécial du président Eisenhower, fut lancé aux Etats-Unis. Toutes les initiatives américaines, allemandes et japonaises dans ce domaine ne furent cependant pas couronnées de succès.
Il en est allé différemment pour l’URSS : le pays est parvenu à se positionner et se maintenir sur le créneau porteur des navires civils à propulsion nucléaire, lui permettant d’engranger des bénéfices considérables. Par ailleurs, l’application aux navires civils du principe d’une gigantesque concentration d’énergie n’était-elle pas le champ d’expérimentation idéal pour ensuite développer les technologies de propulsion nucléaire pour les sous-marins et différents bâtiments de surface ?
Les performances en termes d’autonomie de ces bâtiments ont conduit à favoriser leur utilisation dans une région bien particulière : l’Arctique. C’est en effet sous les latitudes polaires que l’on tire le meilleur parti des avantages de l’énergie nucléaire : la particularité d’une flotte de brise-glaces réside dans le fait qu’elle doit fonctionner en permanence au régime de puissance maximum. Les brise-glaces opèrent en effet loin des ports et s’y rendre afin de se ravitailler en carburant constituerait un détour important et coûteux par rapport à leur itinéraire habituel.
Le Lénine, premier brise-glace atomique civil, fut construit en 1957. Démontrant les nombreux avantages de ce type de propulsion par rapport aux vaisseaux standards, le « Lénine » est également le premier bâtiment de surface à être parvenu en 1971 à passer au nord de la Nouvelle-Zemble.
Aujourd’hui, avec neuf brise-glaces atomiques, la flotte russe est la plus puissante au monde. Les brise-glaces nucléaires ont transformé le passage du Nord-Est en une route maritime bien développée en rendant possible la navigation tout au long de l’année dans l’Arctique de l’Ouest.
La flotte de brise-glaces atomiques est cependant loin de représenter la totalité de ce que peut nous apporter l’énergie nucléaire russe. Puisque en tant que moyen de faire face à la crise énergétique actuelle, les énergies renouvelables sont encore assez éloignées d’une application industrielle efficace, faire appel au potentiel de l’énergie nucléaire pourrait permettre de trouver une solution à ce problème.
L’une des options les plus prometteuses est la mise au point d’une centrale nucléaire flottante dont la Russie a décidé d’entreprendre la construction, ce qui constitue une première mondiale. La réalisation de projets similaires a été vivement débattue dans plusieurs autres pays, mais a du finalement être abandonnée du fait de l’opposition des mouvements écologistes.
La construction de la première centrale nucléaire flottante Académicien Lomonossov, qui doit ouvrir la voie à d’importantes exportations d’énergie électrique, a débuté en 2009. Le directeur de la société publique Rosatom, Sergueï Kirienko, a par ailleurs déclaré : « nous avons déjà des clients étrangers potentiels, mais ils souhaitent tout d’abord voir comment sera réalisé ce projet pilote ».
La centrale nucléaire flottante est un navire autopropulsé doté de deux réacteurs nucléaires. Elle peut être utilisée pour produire de l’électricité, de la chaleur ou encore pour le dessalement de l’eau de mer. Sa durée de vie est d’au moins 36 ans : trois cycles de 12 ans entre lesquels il est nécessaire de réapprovisionner les réacteurs. Le nombre total des membres d’équipage, en incluant les équipes de réserve et de remplacement est d’environ 140 personnes.
Selon plusieurs estimations, la construction et l’exploitation d’une telle centrale se révèlerait beaucoup moins coûteuse qu’une centrale nucléaire terrestre, ce qui garantit une forte demande. Outre les exportations, les réacteurs flottants constitueront une puissante source d’énergie électrique, de chaleur et d’eau douce dans les régions les plus reculées du pays.
Cependant, la composante principale de l’exploitation réussie des installations nucléaires reste leur sécurité. Etant donné que le projet se fonde sur une vaste expérience de l’utilisation de brise-glaces et de sous-marins, les garanties de sécurité du projet sont très élevées. Selon les experts, les installations de cette catégorie sont aujourd’hui les plus fiables au monde.
En somme, les centrales nucléaires flottantes pourraient constituer des projets nationaux à la portée unique : si le succès est au rendez-vous, la Russie restera l’un des principaux fournisseurs mondiaux d’énergie.
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