Un projet franco-russe d'étude de l'histoire des élites est lancé dans l'Oural

Marie-Pierre Rey Crédit : Vladimir Petrov/service de presse de l'université fédérale de l'Oural

Marie-Pierre Rey Crédit : Vladimir Petrov/service de presse de l'université fédérale de l'Oural

Le projet franco-russe consacré aux élites russes et les innovations européennes du XVIIIè au début du XXè siècle, a reçu une grande bourse du gouvernement russe. Selon Marie-Pierre Rey, qui dirige le projet du côté français, cette coopération « pourra apporter la compréhension de l'identité russe ».

Le projet franco-russe des historiens de l'Institut des sciences humaines et des arts de l'université fédérale de l'Oural, « Retour en Europe : les élites russes et les innovations européennes, normes et modèles (du XVIIIe au début du XXe siècle) », a remporté le concours pour la grande bourse de l'année 2013. Du côté français, le projet a été dirigé par la chercheuse renommée Marie-Pierre Rey. A l'université de la Sorbonne et dans plusieurs autres universités françaises, de nombreux autres spécialistes de la Russie prennent part au projet.

En tout, 730 candidatures avaient été présentées pour le concours dans toute la Russie et 42 avaient été présélectionnées. Le travail du projet est prévu pour trois ans et le montant du soutien financier de la part du gouvernement russe s'élève à 45 millions de roubles.

Le directeur de l'Institut des Sciences humaines et des arts, Dmitry Bourgov, explique pourquoi la futur étude sera spécifique à la période allant du XVIIIè siècle au début du XXè siècle : « Il semble que le monde est devenu moderne, qu'il s'est défini et a pris l'orientation dans laquelle il se dirige encore aujourd'hui, à ce moment même. La Russie prépétrinienne et d'avant la dynastie des Romanov, c'est toute la fourchette précédente. Les historiens russes les plus avancés, qui parlent différentes langues et qui font pleinement partie de la communauté scientifique internationale, considèrent qu'il est important de s'occuper du XVIIIè siècle. C'est une période intéressante et grisante ».

Un laboratoire d'expéditions archéographiques sera fondé durant le déroulement du projet. Il sera chargé de publier les sources historiques liées à l'adaptation en Russie des innovations européennes, dans les sphères de la politique, de l'économie et de la technique par exemple. A la base du laboratoire sera créé un important complexe d'édition, financé dans le cadre de la bourse qui permettra aussi de compléter le travail de commentaires scientifiques et d'éditions de riches documents. Il est également prévu de publier une nouvelle revue scientifique sur la Russie, qui devrait être prise en compte dans les bibliographies et bases de données internationales (SCOPUS, Web of science, etc.). Le laboratoire sera également le centre liant le collectif internationale de recherche : de nombreux séminaires et conférences de grande envergure seront également organisées autour du laboratoire.

« Le concept même d'élite a changé au fil du temps. Et nous avons besoin de comprendre comment cette perception a changé, indique Marie-Pierre Rey. Nous cherchons également à comprendre comment le rôle et la compréhension du concept d'élite a changé dans diverses sphères, comme celles de la politique, de la culture ou la sphère intellectuelle. C'est pour cela que nous avons besoin de créer un gros projet. Un seul chercheur ne peut s'emparer d'un tel sujet. Dans notre projet nous allons également étudier le problème de l'appropriation et de la résistance à l'influence européenne. Cette thématique pourra nous apporter la compréhension de l'identité russe ».

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Interview avec Marie-Pierre Rey

- Quand avez-vous commencé à vous intéresser à l'histoire de la Russie ?

Je m'intéresse à l'histoire russe et j'apprends la langue depuis mes 16 ans. Aujourd'hui, c'est déjà toute une partie de ma vie. J'ai consacré sept années de ma vie à étudier la biographie d'un empereur russe, le Tsar Alexandre 1er, qui, bien entendu a joué un rôle fondamental dans l'histoire du XIXè siècle. Non seulement parce qu'il a battu Napoléon, mais également parce qu'il a joué un rôle important au congrès de Vienne et a été déterminant dans le destin de l'histoire du XXè siècle.

Alexandre Ier est l'un de ces exemples. Il y a de nombreux exemples de l'influence de la Russie sur l'histoire européenne. Sans oublier la culture russe, qui fait partie intégrante de l'histoire européenne.

- Avec quelle fréquence comptez-vous vous rendre en Russie ?

La spécificité de notre projet est de prévoir un travail dans les archives, c'est pour cela que la recherche sera basée sur l'étude des archives à Moscou et à Saint-Pétersbourg. Je me trouverai également souvent en Russie pour aborder la question de la création d'un laboratoire. En-dehors de cela, je vais travailler activement avec le projet relatif à la création d'un corpus de sources, à la numérisation de documents et à la création d'une base de données.


Le concours

L'une des exigences importantes de la compétition est la présence personnelle, dans les institutions universitaires, des chercheurs et ce pour une période minimum de quatre mois. La composition de l'équipe de recherche doit inclure au moins deux professeurs, pas moins de trois doctorants et deux étudiants inscrits à l'université qui conduit la recherche scientifique. Il faut également que le chercheur ne soit pas un collaborateur de l'université dans laquelle les recherches scientifiques seront conduites dans le cadre de la réalisation des inscriptions au concours.

Les bourses du gouvernement sont attribuées pour un montant ne dépassant pas les 90 millions de roubles chacune, pour mener des recherches pendant 3 ans (2013-2015) avec une extension possible de deux ans. La participation des universités et des organismes de recherche est obligatoire, les apports non budgétaires doivent être d'au moins 25% du montant de la subvention.

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