Alisa Tchoumatchenko : "Nos jeux sont sans publicités et nous ne comptons pas changer cette stratégie de sitôt". Crédit : Game Insight
Alisa Tchoumatchenko est diplômée du GITIS, grande académie russe de théâtre, mais n’est jamais devenue comédienne ou metteur en scène. Au milieu des années 2000, elle décide avec un groupe d’amis amateurs de jeux vidéo de développer ses propres produits. En 2010, Alisa lance Game Insight, qui développe des applications gratuites pour iOS, Android, Facebook et VKontakte (le réseau social russe). L’année dernière, les ventes de Game Insight se sont élevées à 90 millions de dollars (69,35 millions d’euros). Tchoumatchenko a même ouvert un bureau à San Francisco et a intégré le top 30 des sociétés Internet russes les plus performantes. Alisa explique à La Russie d’aujourd’hui les différentes étapes qui lui ont permis d’arriver aux États-Unis, des tendances sur le marché des applications mobiles et de son obsession pour les jeux vidéo.
Il y a un an, vous ouvriez une filiale à San Francisco. De quoi s’occupe-t-elle ?
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Game Insight North America (GINA) a été avant tout créée pour étendre nos activités, les développements logiciels et opérationnels étant basés à Moscou. GINA nous assiste dans l’expansion de la marque, la communication, le marketing et le développement d’entreprises locales. Il est très important pour nous d’avoir un pied dans la capitale de l’industrie technologique, la Silicon Valley, et de se tenir à l’affût des dernières avancées. Nous avons également des représentations au Japon, en Corée et en Amérique du Sud. Il ne s’agit pas de bureaux à part entière, mais plutôt d’un réseau d’agents qui nous aident à mieux comprendre ces marches à forte croissance.
Qui développe les jeux ?
Tous les employés de Game Insight sont extrêmement enthousiastes : l’expérience cumulée de l’équipe nous permet d’aller de l’avant et de savoir quels jeux seront très demandés dans 6 mois, un an ou même deux ans. Il s’agit d’un processus très intuitif, mais aussi très rationnel et basé sur des statistiques et des analyses. Nous avons une liste en cours de jeux auxquels nous souhaitons donner vie.
Quelles sont les différences entre les consommateurs des divers pays ?
Si l’on compare les joueurs russes et américains, on peut dire que les Russes sont plus émotifs et spontanés. C’est également le cas en ce qui concerne leurs habitudes en matière de dépenses. Les Américains planifient davantage leurs dépenses, même s’ils représentent toujours la majorité de nos ventes. Les Européens sont plus difficiles à cerner car ils sont tous différents. Quant aux Japonais, qui donnent le plus d’argent pour des applications, ils vont parfois « contre la logique ».
Vos applications sont gratuites. Comment faites-vous pour en retirer de l’argent ?
Nous croyons que le « freemium » (accès libre) est le meilleur moyen de gagner de l’argent. Les joueurs peuvent jouer gratuitement, mais peuvent également acheter d’autres applications et devises. Ce modèle est déjà très répandu et sera de plus en plus populaire à l’avenir.
Utilisez-vous des publicités intégrées ?
Je pense que si une entreprise sait comment dégager des bénéfices grâce à ses jeux, il ne sert à rien de bombarder les gamers de pubs intrusives. Nos jeux sont sans publicités et nous ne comptons pas changer cette stratégie de sitôt. Cela dit, pour beaucoup de développeurs, les publicités intégrées dans leurs applications sont parfois leur seule source de revenus.
Que doivent faire les concepteurs pour que leurs applications se distinguent parmi les dizaines de produits logiciels similaires ?
Le plus important est la qualité. Je ne conseillerais pas aux jeunes concepteurs de se précipiter en créant un produit innovant, mais pas travaillé et mal développé : dans la plupart des cas, une telle stratégie est vouée à l’échec.
Quels changements sont attendus sur le marché des jeux en 2013 ?
Tout d’abord, attendez-vous à voir davantage de jeux mobiles proposés sur différentes plateformes, ainsi qu’une hausse de la popularité des jeux plus complets et plus longs, tendance hautement liée à la migration des joueurs des PC et consoles vers les appareils mobiles. Facebook devient également une plateforme de jeu grandissante. Le réseau social a une stratégie mobile forte et devrait bientôt prendre des mesures qui influenceront considérablement l’industrie des jeux mobiles.
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