L’expert de la WWF a confirmé que la différence dans les vitesses du changement du climat en Russie et dans tout le monde est effectivement de deux fois supérieure. Crédit photo : Vladímir Presnya / RIA Novosti
Le ministère des Situations d’urgence de la Fédération de Russie a publié en mars une série de prévisions concernant l’évolution du changement climatique sur le territoire russe. En particulier, selon les données du centre « Antistikhia », la température en Arctique à la fin du XIXe siècle pourrait augmenter de sept degrés Celsius, et ce, à cause du changement mondial du climat.
Néanmoins, les experts notent que les rythmes du changement du climat sur le territoire de la Fédération de Russie sur 100 ans ont été deux fois et demie plus rapides que dans le reste du monde, et pour les dix dernières années la vitesse de réchauffement dans le pays a augmenté de plusieurs fois par rapport au XXe siècle.
Pour le coordinateur du programme « Climat et énergie » du Fonds mondial pour la nature sauvage (WWF) de Russie Kokorine, le ministère apparaît dans ce cas de figure comme un « prévisionniste » relativement mourant.
« Globalement, tous les départements du type du ministère des Situations d’urgence, dans tous les pays du monde, comme règle générale, on "en rajoute", on donne une des pires prévisions et souvent on va plus loin que Greenpeace… Malheureusement, je suis bien obligé d’être d’accord avec les données des prévisions du ministère des Situations d’urgence », a déclaré Kokorine.
L’Arctique fond-il ?
L’expert a noté qu’avec une augmentation annuelle de la température de sept degrés le réchauffement dans la région arctique sera inégal en fonction des saisons, par exemple, « environ deux fois plus important en période hivernale et presque sans changement pendant la période estivale, c’est pourquoi les bananes ne vont pas se mettre à pousser là-bas ».
« Si vous avez moins 45 (en hiver) et que ça se transforme en moins 30 degrés, il n’y a pas de différence à première vue, mais, en réalité, il y en a une parce que cela s’accompagnera, principalement pendant les périodes de transition comme l’automne et le printemps, par de très fortes tempêtes de neige et de vent, et donc des conditions de vie très désagréables pour les populations, pour le travail, pour n’importe quelle activité économique », explique Kokorine.
La Russie devance-t-elle tous les autres pays de la planète ?
L’expert de la WWF a confirmé que la différence dans les vitesses du changement du climat en Russie et dans tout le monde est effectivement de deux fois supérieure. Un tel « décalage », selon ses propres mots, est lourd de conséquences avant tout par les pertes liées au changement climatique que la Russie commence à supporter également plus rapidement que les autres pays.
« On comprend qu’il s’agit par-dessus tout de la déperdition de petits états insulaires, ils sont tout simplement submergés, de territoires de basse contrée ou côtiers. Et nous voyons maintenant dans les négociations (à l’ONU au sujet du changement climatique), ils crient comme des fous parce qu’ils comprennent que ça sera difficile pour eux et les autres ils ne s’en préoccupent pas le moins du monde », déclare Kokorine.
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Pour lui, avec les calculs dont on dispose maintenant, des conséquences du changement climatique, par exemple le déficit d’eau douce et l’élévation du niveau mondial des océans, concernent peu la Russie. Cependant, une fréquence des phénomènes météorologiques dangereux, une autre conséquence probable de ce processus, va vraisemblablement se renforcer à mesure que l’on s’écarte de l’équateur vers les pôles.
Une telle différence dans les vitesses de changement climatique est déterminée par le positionnement géographique de la Russie, a souligné l’expert. À mesure que les pôles de la planète se réchauffent, ce que l’on appelle le déplacement méridional des masses d’air entre les latitudes basses et hautes de la Terre augmente.
À l’équateur et aux pôles, il n’y a pas, par définition, de tel déplacement, mais dans les latitudes du 50e au 80e, « des courants de masses d’air de plus en plus forts vont se propager, avec une intrusion au nord et au sud ».
« Plus on sera au nord, plus les variations dans les températures seront fortes… Il est clair que d’autres pays dans ces latitudes, le Canada ou les États-Unis éprouveront le même phénomène », confie l’expert.
Une inondation chaque jeudi ?
En outre, les spécialistes du ministère des Situations d'urgence prévoient que les changements climatiques mondiaux dans les prochaines décennies entraîneront une forte augmentation du nombre de catastrophes naturelles de grande échelle, y compris les inondations.
Selon les données du département, plus de 90 millions de Russes, soit 60% de la population du pays, vivent dans des zones soumises à des facteurs de risque sur des sites importants et potentiellement dangereux. Les pertes économiques annuelles dues aux situations d’urgence de caractère divers peuvent atteindre 1,5 à 2 % du PIB, de 675 à 900 milliards de roubles (soit environ de 17 à 23 milliards d’euros).
Selon Kokorine, des phénomènes météorologiques plus fréquents provoquent des conséquences plus graves du changement climatique que la vitesse élevée de l’augmentation des températures moyennes en elle-même.
« L’estimation la plus pondérée pour le milieu du siècle est qu’ils (ces phénomènes dangereux) seront deux à trois fois plus importants. Par la suite, la question sera de savoir si les pertes seront aussi deux à trois fois plus importantes ou si nous pourrons les diminuer », a déclaré Kokorine.
Selon lui, tant que les scientifiques peuvent faire de telles prévisions uniquement pour des régions très importantes de la planète, par exemple, pour toute la partie nord de l’Eurasie ou de l’Asie de l’est, alors la prévision se réduit essentiellement à deux paramètres : les températures anormales et les précipitations atmosphériques uniques anormalement élevées.
Article raccourci. Original sur le site RIA Novosti.
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