Ce jeune footballeur russe qui a choisi Damas

Al-Jaish de Damas

Al-Jaish de Damas

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Bassel Abdulfattah, 26 ans, est né et a toujours vécu en Russie. Toutefois, en janvier dernier il a décidé de regagner le pays natal de son père, la Syrie. Dans une interview aux médias russes, le défenseur raconte sa vie dans un pays en proie à la guerre civile.

En janvier dernier la Russie a sans doute connu le transfert le plus étrange de ces dernières années, sans qu’il soit question d’un montant exorbitant comme pour des stars du niveau de Hulk ou Samuel Eto’o. Ancien membre de la sélection junior de Russie, Bassel Abdulfattah, qui jouait pour le club de la deuxième division russe Dynamo de Saint-Pétersbourg, est passé dans l’équipe Al-Jaish de Damas.

D’une part, la décision du sportif est compréhensible. Son père, Syrien, est venu en Russie dans les années 1980 pour suivre une formation d’ingénieur, a épousé une Russe et est resté dans le pays. Mais malgré ses racines syriennes, Bassel souligne qu’il est Russe : il est né à Saint-Pétersbourg et a grandi comme tous les enfants russes. D’ailleurs il ne parle presque pas arabe. D’autre part, vu le contexte politique, sa décision de venir habiter dans un pays tourmenté par la guerre civile semble assez originale.
 
Du bas de l’échelle à la sélection syrienne

Bassel indique avoir pris sa décision après une invitation à jouer pour la sélection syrienne de football. Formé par Zenit, l’un des clubs les plus forts de Russie, le jeune homme avait abandonné tout espoir de faire partie de l’équipe nationale de Russie : il ne jouait ces dernières années que dans la seconde ligue du pays. « La proposition m’a été faite il y a deux ou trois ans. J’ai été contacté par l’entraîneur de la sélection syrienne, Anas Makhlouf. Nous nous sommes parlé. Il m’a demandé si je me voyais dans la sélection. On en a discuté avec mon père : pourquoi ne pas opérer un tournant dans ma carrière de joueur ? Nous sommes allés pour la première fois en Syrie avec mon père à l’été 2015 sans savoir ce que cela donnerait… ».

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Toutefois, l’acquisition de la citoyenneté posant problème, Bassel resta désœuvré pendant l’été 2015. Il dut s’entraîner seul pendant six mois. En janvier 2016, il fut invité par Al-Jaish, l’un des clubs-phare de Syrie.
 
A Damas, la vie suit son cours

Bassel affirme que depuis l’été dernier, la situation à Damas s’est améliorée. « Lors de notre premier vol, j’avais un peu peur. Je voyais un grand nombre de postes de passage, des hommes en uniforme, des contrôles de papiers partout : impossible de sortir sans carte d’identité. La situation était réellement tendue. Damas était survolée toutes les dix minutes par des avions, on entendait des tirs et des explosions. Aujourd’hui, après que la Russie a lancé une opération en Syrie, la situation s’est améliorée. Ni avions, ni tirs. C’est le silence absolu », raconte-t-il.

Dans les villes qui ne se trouvent pas sur la ligne de front, la vie suit son cours habituel, note Bassel. « Les temps sont difficiles, la moitié du pays vit sous la loi martiale. Mais à Lattaquié et Damas, on se sent en sécurité. La Syrie est peuplée de gens très positifs, toujours prêts à plaisanter et à rire. Les joueurs du club m’ont invité chez eux à prendre le thé et m’ont fait visiter Damas qui a tout d’une ville européenne moderne avec des magasins, des cafés et des centres commerciaux. La vie y bat son plein ! », poursuit le jeune homme.

Du foot dans un cadre militaire

Le championnat de Syrie rassemble vingt équipes. Les matchs se tiennent non seulement à Lattaquié, mais également à Damas. « Les spectateurs ne sont pas nombreux dans les stades aujourd’hui, mais sur les photos d’avant-guerre, on voit de splendides terrains et des gradins complets. Ainsi, Alep a construit en 2007 un stade de 75 000 places, le plus grand du Proche-Orient et le troisième d’Asie. Malheureusement, il est impossible d’y jouer actuellement », déplore Bassel.

Son club, Al-Jaish, appartient à l’armée syrienne. « Le terrain d’entraînement se trouve dans une unité. Nous recevons régulièrement la visite de la direction du club : des hommes en uniforme, des généraux », ajoute-t-il.

Bassel a signé un contrat avec Al-Jaish jusqu’au mois de juin. Il ne pense pas à ce qui arrivera après, mais il est fermement déterminé à jouer pour la sélection syrienne. « J’ai suivi un entraînement avec la sélection à l’automne dernier. La moitié de l’équipe est engagée dans d’autres pays asiatiques, notamment aux Emirats arabes unis et au Qatar. Les joueurs syriens bénéficient d’une importante demande parce que l’école locale, tout comme celle de l’Iran, est l’une des plus fortes en Asie ».

Si la sélection syrienne passe les qualifications de la Coupe d’Asie, Bassel pourra alors jouer au Mondial 2018 qui se tiendra en Russie.

D’après les sites sports.ru et R-Sport

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