Crédit : Grigori Sissoev / RIA Novosti
Quand on en vient à parler des projets sportifs russes en Occident, on pense d'abord auChelsea de Roman Abramovitch ou bien aux Jokerit de Roman Rotenberg. On connaît beaucoup moins Katushadans notre pays. Pourquoi ?
Pour des raisons objectives, il nous est très difficile de rivaliser avec le football et le hockey. Ils sont beaucoup plus populaires que le cyclisme. Mais même dans ces conditions, nous cherchons à populariser ce sport. Nous avons notre propre philosophie qui vise à soutenir et à développer les grandes traditions.
Katusha fait partie d'un grand projet russe de développement du cyclisme qui fonctionne depuis déjà six ans. Et en six ans, croyez-moi, nous avons connu des réussites importantes, la principale étant notre position stable au sein des six meilleures équipes cyclistes mondiales.
Ce faible intérêt pour ce sport est étonnant parce que les traditions du cyclisme russe ne sont pas moins riches que celles du football ou du hockey.
Jusqu'à une date récente, le vélo était d'ailleurs le cadeau le plus populaire pour les enfants. Mais ce phénomène a ensuite disparu. Les gens prennent de plus en plus la voiture. D'un autre côté, nous avons une petite raison d'être encore optimistes.
Aujourd'hui, dans les grandes villes, les promenades à vélo gagnent petit à petit en popularité. Des kilomètres de pistes cyclables sont en construction. J'espère que nous aurons bientôt une génération de personnes ayant grandi avec notre sport. Même si ce n'est qu'au niveau amateur.
Katushase positionne comme un projet russe. Pourtant, jusqu'à présent, ce sont des étrangers qui sont encore les leaders de l'équipe…
Sans les légionnaires, nous ne pouvons pas obtenir le nombre de points minimum pour le World Tour. Il nous faut des leaders du niveau de l'Espagnol Joaquim Rodriguez ou du Norvégien Alexander Kristoff. D'un autre côté, leurs réussites sont un bel exemple pour les sportifs russes.
Par exemple, cette année, il y a eu une réelle progression chez plusieurs jeunes coureurs : Iouri Trofimov a remporté le Critérium du Dauphiné, Sergueï Tchernetski a fait partie des cinq meilleurs coureurs sur le difficile Tour de Pékin, Alexandre Porsev présente des résultats similaires à ceux des meilleurs sprinteurs du monde.
Mon rêve est d'avoir dans l'équipe uniquement des coureurs russes, mais compte tenu du système actuel du World Tour, c'est malheureusement impossible pour le moment.
Katushaorganise depuis longtemps des camps d'entraînement en Italie, en Espagne, en Autriche. Et elle est basée en Europe. Mettre l'accent sur la Russie est-il dans vos projets ?
L'envie est là, oui, mais tout ne dépend pas de nous. En Europe, il est bien plus simple de régler les problèmes d'organisation. Par exemple, lors des camps d'entraînement, d'habitude nous nous occupons de l'équipement des sportifs. Si une pièce, pour une raison ou une autre, ne va pas, on peut la changer en une journée.
En Russie, cela prendrait beaucoup plus de temps. Ici, la logistique et un intérêt économique élémentaire jouent un rôle important. En plus, le climat a un rôle considérable. Nos camps ont lieu en décembre, et à cette époque une grande partie du territoire de notre pays est sous la neige.
Et en ce qui concerne l'organisation d'étapes du World Tour en Russie ? Est-ce si compliqué d'organiser une course d'un jour, disons, en Crimée où il n'y a aucun problème avec le relief et où les conditions climatiques sont favorables ?
La situation est maintenant très intéressante. Le Tour de Pékin a disparu du calendrier et la place est pour libre le moment. On pourrait organiser cette course en Russie. On pourrait, par exemple, mettre en avant la Crimée : en octobre, le temps sur la péninsule est superbe, beaucoup d'hôtels sont libres, il y a de bonnes routes.
Et, croyez-moi, les cyclistes y iront avec plaisir. Ce serait super de revenir sur les routes de Crimée, présentant tous types de relief. Mais je comprends que la question ne concerne pas seulement le domaine du sport.
Les tendances du cyclisme moderne semblentassez démocratiques. Les trois Grands Tours européens, le Giro d'Italie, le Tour de France et la Vuelta, prennent, ces dernières années, leur départ dans des conditions inhabituelles : soit dans d'autres pays, soit dans des lieux exotiques comme un porte-avion. Alors qu'il y a quelques années, ils n'avaient lieu que dans les frontières de l'Italie, la France et l'Espagne.
Cela démontre deux faits, et l'un découle de l'autre. Tout d'abord, les organisateurs poursuivent des objectifs économiques. Ce sont des moyens supplémentaires de la part des sponsors et un tout autre niveau de publicité. Par exemple, d'après les chiffres que j'ai, pendant les trois jours où le Tour de France est passé en Grande-Bretagne, le Tour a compensé en totalité ses dépenses.
Aujourd'hui, on dit que la course pourrait commencer au Kazakhstan. De là on voit apparaître un autre facteur : la popularisation du cyclisme. Plus il y aura de pays concernés, plus il y aura de possibilités de gagner l'argent.
Article complet (en russe) publié sur le site de Lenta.ru
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