Crédit : Ekaterina Tchesnokova/RIA Novosti
En juillet, le monde du cyclisme, déjà habitué aux scandales de dopage, a été secoué par deux affaires mettant en cause deux sportifs russes titrés. Dans les « listes noires » de l'Union cycliste internationale (UCI) figurent désormais le nom de l'un des cyclistes sur route russes les plus talentueux, le vainqueur du Tour d'Espagne 2005 et 2007 et du Tour d'Italie 2009, Denis Menchov, ainsi que celui de la médaillée de bronze à deux reprises aux JO de 2012, Olga Zabelinskaïa qui avait alors gagné avec un diagnostic « d'insuffisance cardiaque ».
Denis Menchov : une disqualification tardive
Denis Menchov Crédit : Ekaterina Tchesnokova/RIA Novosti
Au moment de l'annonce de l'UCI, cela faisait un an que Denis Menchov avait annoncé la fin de sa carrière en raison d'une blessure au genou droit. Denis vit à Orel, sa ville natale (à 359 km au sud de Moscou) et travaille au Centre du cyclisme nommé en son honneur.
Menchov, âgé de 36 ans, a été condamné à une exclusion de deux ans. Ses résultats sur le Tour de France 2009, 2010 et 2012 ont été annulés. Une ironie du destin a voulu que, sur le Tour de France 2010, Menchov occupe la deuxième place suite à la disqualification de l'Espagnol Alberto Contador.
Les confessions de Lance Armstrong compromettent le cyclisme russe
Toutes les accusations renvoient aux performances de Menchov pour l'équipe néerlandaise Rabobank de 2005 à 2010. Les rumeurs sur l'existence d'un « système de dopage » dans l'équipe sont apparues après le déclenchement de l'affaire Lance Armstrong, quand l'ancien coureur cycliste Levi Leipheimer a avoué s'être dopé quand il courait pour cette équipe de 2002 à 2004. C'est l'ancien coéquipier de Menchov, Michael Rasmussen, qui a écrit dans son livre que Menchov se dopait et avait recours à des transfusions sanguines. Menchov n'a jamais reconnu s'être dopé et n'a pas témoigné contre ses coéquipiers.
Cette fois-ci aussi, Denis n'a pas été très bavard. Lors d'une discussion avec des journalistes, il a reconnu qu'il n'avait même pas étudié en profondeur les accusations et qu'il espérait que cette histoire ne l'empêcherait pas de travailler au Centre du cyclisme. « Je n'ai pas l'intention de contester la disqualification. Je n'ai ni l'envie ni le temps de m'en occuper », a dit Menchov aux agences de presse.
Cependant, l'ancien président de l'Union cycliste internationale, Patrick McQuaid, connu pour sa sévérité en matière de dopage, s'est félicité que l'affaire entamée au cours de son mandat à la tête de l'UCI se soit achevée avec succès.
« Pour moi, un cas de dopage comme celui de Menchov est un bon signe. Nous attrapons les gars, nous les sortons de la course, c'est bien pour le sport », a confié McQuaid à Cycling News.
Olga Zabelinskaïa : une infraction liée au hasard ?
Olga Zabelinskaïa Crédit : Konstantin Tchabalov/RIA Novosti
L'affaire Olga Zabelinskaïa n'est pas encore terminée. Il reste encore des procédures à effectuer. La sportive ne sera pas privée de ses médailles olympiques, l'échantillon où l'on a détecté de l'octopamine, une substance interdite, a été prélevé après les Jeux, au printemps 2014 lors d'une course internationale en Colombie.
est une substance qui déclenche une libération de graisses par les cellules adipeuses. De plus, selon certaines données, l'octopamine pourrait améliorer la sensibilité à l'insuline et empêcher le tissu musculaire de fondre durant les exercices d'aérobie.
Renat Khamidulin, le manager général de Rusvelo, l'équipe de Zabelinskaïa, rappelle le cas d'un autre coureur cycliste russe, Kirill Svechnikov, qui a été innocenté dans une affaire de dopage. Les avocats de Kirill ont réussi à prouver que la substance interdite s'était retrouvée dans l'organisme du cycliste sans qu'il le sache. Il a été établi que lors d'un vol en partance du Mexique après une étape de la coupe du monde, Svechnikov avait mangé de la viande à l'aéroport de Mexico. C'est dans la viande que se trouvait du clenbutérol découvert en petite quantité, que les producteurs utilisent dans l'élevage pour accélérer la croissance du bétail.
« L'échantillon a été visiblement prélevé au moment où Zabelinskaïa était en Amérique du Sud. A la suite de quoi il arrive souvent que des substances interdites se trouvent ou bien se génèrent dans l'organisme du sportif, fait remarquer Khamidulin. Cela peut venir de la nourriture ou bien de n'importe quoi d'autre. Il vaut mieux ne pas tirer de conclusions hâtives avant la fin de la procédure. »
Néanmoins, le directeur exécutif de l'agence russe antidopage (RUSADA), Nikita Kamaïev, a déclaré que la présence d'octopamine dans l'organisme n'était probablement pas fortuite. « On ne trouve pratiquement pas d'octopamine dans l'organisme humain. Il pourrait se former lors de pathologies, mais son absorption dans la nourriture est très peu probable », souligne l'expert.
Le ministre des Sports promet de résoudre le problème
Deux cas dans le cyclisme, des haltérophiles accusés de dopage - Tatiana Tydyïakova, Mikhail Sereda et Sergueï Borisov - et le cas de la plus jeune championne olympique de marche sportive, Elena Lachmanova, ont poussé le ministre russe des Sports, Vitali Moutko, à adopter une position très ferme face aux dirigeants des fédérations concernées et en matière de lutte contre le dopage en général.
« Nous allons continuer à contrôler très sévèrement le dopage. Nous n'allons pas fermer les yeux, comme c'était le cas avant. Un travail sérieux est en cours, on met en place un système de contrôle de dopage, des passeports biologiques, etc., a déclaré Moutko aux agences de presse. Un énorme travail est en cours, certaines personnes ne le comprennent pas. Nous allons donc exclure les coupables. Nous allons donc passer par la honte avant d'être propres, que peut-on faire d'autre ?! »
De son côté, le directeur de la Fédération russe d'athlétisme, Valentin Balakhnitchev (dans les agences de presse russes, les scandales dans l'athlétisme ont visiblement été éclipsés par les affaires concernant les cyclistes) a tenté d'expliquer ce qui se passe dans le sport russe. « Le point faible de la lutte contre le dopage en Russie et dans le monde entier, c'est, en premier lieu, la grande accessibilité des substances interdites, a noté Balakhnitchev. Il suffit de taper dans un moteur de recherche sur internet le nom d'une substance interdite et vous trouvez énormément de possibilités pour vous la procurer. Certains n'ont pas les nerfs assez solides. La tentation est énorme. Les gens sont trop motivés. Ils veulent gagner. Il faut aussi accorder beaucoup d'attention à l'entourage des sportifs : les managers, les entraîneurs, les médecins, et autres spécialistes. De plus, il devrait y avoir en Russie un Institut de la médecine sportive. L'agence fédérale médicale et biologique accomplit un grand travail, mais nous n'avons pas encore atteint le niveau de nos collèges étrangers dans ce domaine ».
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