Sotchi : mythes et réalités

Crédit : Reuters

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A quelques jours seulement du lancement des Jeux Olympiques d’hiver, Sotchi est au centre de l’attention. Les derniers préparatifs sont à l’oeuvre, les sportifs commencent à arriver et les touristes affluent vers les hôtels de la ville. Pourtant, il n’est pas exclu que de nombreuses chambres restent vides. Intimidés par les rumeurs et les mythes qui circulent en Occident sur les prochains JO en Russie, touristes et fans pourraient bien finalement décider rester chez eux. A nous de vous prouver le contraire.

Mythe N°1 : Sotchi est une zone à risque

Les médias occidentaux indiquent que Sotchi se situe proche «des zones de combat», soit des républiques instables du Nord Caucase, et de ce fait, la ville pourrait être la cible des terroristes. Les récents attentats de Volgograd ont renforcé cette crainte. Les responsables britanniques mettent en garde leurs concitoyens contre la grande probabilité d’attentats, tandis que l’Association olympique britannique demande aux touristes de ne pas faire état de sa nationalité et de ne «pas porter des vêtements ostentatoire pouvant attester de votre appartenance à la Grande-Bretagne».

Mais les faits montrent que le danger est largement surestimé. Tout d’abord parce que Sotchi ne se trouve pas à côté « des zones de combat ». La route qui mène Sotchi à Makhachkala (le «point chaud» du Caucase du Nord) compte 972 km. Pour se rendre à Naltchik (lieu le plus proche des JO), il ne faut pas moins de 653 km. Dans le premier cas, la distance parcourue équivaut à un Paris-Leipitz. Dans l’autre, elle est semblable à celle entre Londres et Edimbourg.

Par ailleurs, des mesures de sécurité particulièrement importantes ont été déployées pour assurer le bon déroulement des Jeux. La sécurité des athlètes et des touristes sera assurée par toute une armée: plus de 30 mille policiers, auxquels s’ajouteront les Cosaques de la région.

Les véhicules des autres régions de Russie ne seront pas autorisées à entrer à Sotchi, tous les colis postaux feront l’objet de vérifications.

Au total, le coût relatif au renforcement de la sécurité de la ville est estimé à plusieurs milliards de dollars. L’histoire montre que les terroristes du Nord Caucase ne disposent pas de ressources suffisantes pour passer au travers des dispositifs de sécurité rigoureux mis en place.

Mythe N°2 :  il n’y aura pas de neige à Sotchi, car la ville est une station balnéaire, avec des températures douces

En effet, à Sotchi même, il ne neige pas si souvent. Mais les événements sportifs ne se dérouleront pas dans la ville, mais à proximité, dans les montagnes. A l’heure actuelle, toutes les grandes installations sportives sont enneigées. Et même si la neige fond d’ici le début des Jeux Olympiques, il n’y a rien à craindre puisque Moscou a appris des erreurs précédentes, notamment des JO « sans neige » de Vancouver, et se dit prête à parer à tout obstacle climatique.

Depuis mars dernier, les organisateurs ont stocké d’immenses réserves de neige. Ramassée sur les hauteurs de la ville, dans les montagnes, des mètres cubes de neige ont été transportés jusqu’à un centre de stockage pour y être damé et recouvert d’un revêtement isotherme spécial capable de renvoyer les rayons du soleil et de conserver cet or blanc de sa fonte. Sa superficie totale est estimée à près de 120 mille mètres carrés, et le coût du projet s’élève à environ 4,5 millions d’euros.

Mythe N°3 :  les Jeux Olympiques sont un rêve grandeur nature extrêmement vorace

Certains médias ont laissé entendre que le budget des JO aurait été sérieusement gonflé en raison de la corruption massive et qu’une grande partie des fonds se seraient volatilisés pour finir dans les poches de quelques uns. Résultat, les sites olympiques connaîtraient des retards dans la construction et ne seraient toujours pas fin prêts. En réalité, ce n’est pas tout à fait exact. Si le budget a effectivement été gonflé, ce n’est pas à cause de la corruption (même si elle y bel et bien présente), mais parce que le projet olympique a vu l’émergence de nouvelles dépenses. Cette pratique est d’ailleurs connue de tous les pays qui ont accueilli les JO.  Le budget initial des JO de Montréal en 1976 était de 91,6 millions d’euros, mais la facture finale s’est portée à 2 milliards. Les dépenses pour les JO d’Athènes ont été multipliées par 10 et sont passées de 1,2 milliard d’euros prévus à 11 milliards. Le coût des JO de Pékin est passé de 1,2 à 30 milliards de dollars. Londres, qui comptait investir au départ 2,4 milliards de livres (2,8 milliards d’euros) dans ses JO a finalement atteint les 10,7 milliards (10,8 milliards d’euros). Pour revenir à Sotchi, l’installation des sites sportifs est depuis longtemps terminée, assurent les organisateurs et leaders russes, confortés par les représentants du Comité international olympique. Les quelques lacunes observées concernent certains éléments de l’infrastructure devraient être corrigés avant le début des Jeux.

Mythe N°4 : les représentants étrangers de la communauté LGBT qui souhaitent se rendre à Sotchi risquent de se faire arrêter et d’être soumis à des amendes

En effet,  la loi russe interdisant la propagande homosexuelle auprès des mineurs et largement critiquée en Occident prévoit de pénaliser les étrangers d’une amende comprise entre environ 90 et 110 euros, et d’une arrestation pouvant aller jusqu’à 15 jours d’enfermement, suivie d’une expulsion du territoire.

Cependant, dans la pratique, seules les personnes qui font ouvertement l’apologie de l’homosexualité auprès des mineurs sont appréhendées et condamnées. La Russie ne punit pas le simple fait d’appartenir à la communauté LGBT.

« Le gens sont libres de faire ce qu’ils veulent de leur vie privée, y compris de diffuser leur préférence auprès des adultes. Le plus important, c’est qu’ils ne touchent pas aux enfants », a déclaré le vice-Premier ministre russe Dmitri Kozak. Pour ceux qui ne font pas confiance à la loi russe, Vladimir Poutine s’est personnellement porté garant, assurant que les représentants de la communauté LGBT qui se rendraient à Sotchi ne feront pas l’objet de poursuites. Il s’est même dit prêt à mettre en pratique ses promesses. Pour l’instant, le groupe T.A.T.U, duo pop féminin autrefois populaire pour s’être ouvertement positionnée comme lesbiennes, n’a toujours pas confirmé sa présence à la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Connaissant l’importance que représente Sochi 2014 tant pour la Russie, que pour Vladimir Poutine lui-même, le président n’est pas prêt à voir saboter ses Jeux par un scandale lié à la question gay et lesbienne.

Bien sûr, il y a de fortes chances à ce que des athlètes en compétition lancent des provocations en soutien à la communauté homosexuelle russe (comme, par exemple, ce fut le cas avec l’athlète suédoise Emma Green-Tregaro aux Mondiaux d’athlétisme de Moscou, qui s’était peint les ongles aux couleurs du drapeau de l’arc-en-ciel).

Mais cette fois-ci, les craintes ne viennent pas tant de Vladimir Poutine, que du Comité international olympique. Comme on sait, les athlètes sont soumis de respecter la charte olympique qui leur interdit, entre autres, la manifestation d’engagements politiques sous peine d’être disqualifié ou exclu des Jeux.

 

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