Crédit photo : Sergueï Ptitchkin / RG
Mardi, au stade Loujniki de Moscou, en arrière-plan des compétitions du saut à la perche se préparait un événement unique et sans doute central. Les personnes présentes dans ce secteur assistaient à la fin de toute une époque.
L’époque de la grande Elena Isinbaïeva.
L’époque qui a commencé, par un concours de circonstances étranges, ici-même, il y a quinze ans, lorsqu’une petite fille de Volgograd a remporté sa toute première victoire pendant les Jeux Internationaux de la Jeunesse.
Il s’en est suivi deux titres olympiques, six médailles d’or des championnats du monde d’hiver et d’été, 28 records mondiaux dont chacun était, sans exagération, attendu avec impatience dans le monde entier.
Ce mardi soir, on attendait une victoire de Elena Isinbaïeva. Et cela, malgré le fait que son dernier grand succès datait de 2008, des Jeux Olympiques de Pékin. Lors du dernier championnat du monde à Daegu, elle n’est même pas montée sur le piédestal, alors que les Jeux Olympiques de Londres se sont soldés par une simple médaille de bronze.
Pourtant son entraîneur, Evguéni Trofimov, assurait qu’encore au printemps, elle sautait à 5,11 mètres ce qui est de cinq centimètres supérieur à son propre record mondial. Mais ce n’étaient que des entraînements.
Car pendant la saison, elle n’a jamais dépassé 4,78 mètres, contrairement à ses deux rivales principales, l’américaine Jennifer Suhr, championne olympique de 2012, et la cubaine Yarisley Silvaqu qui a franchi une fois 4,90 mètres.
En plus de cette rivalité, Elena Isimbaïeva souffrait de problèmes de santé. Ni l’athlète ni son entraîneur n’étaient pas sûrs si sa blessure au pied lui permettrait de réussir, cette même blessure qui lui a causé un arrêt d’entraînements d’un mois et demi. Et réflexion faite, est-ce qu’il fallait lui prédire une médaille en avance, surtout si c’est une médaille d’or ?
En finale, Elena Isimbaïeva a annoncé la hauteur initiale de 4,65 mètres en rentrant dans la compétition lorsque six finalistes ont déjà franchi quelques hauteurs initiales. Premier saut est un échec. Par contre, le deuxième est parfait, avec un grand avantage par rapport aux rivales.
4,75 mètres, un nouveau défit. Isinbaïeva le franchit dans ses meilleures traditions – avec facilité et nonchalance. Mais Jennifer Suhr en faisant la même hauteur se place première car c’était pour l’américaine sa hauteur initiale.
Bientôt elles ne resteront plus que quatre – l’allemande Silke Spiegelburg, Isinbaïeva, Suhr et Silva. Mais toutes ont essuyé un échec au premier essai de 4,82 mètres. Isinbaïeva devient la première à franchir cette barre au deuxième essai, Suhr la poursuit malgré les difficultés. Silva a usé des trois essais, dont le dernier lui a rapporté la bronze. Spiegelburg n’a pas pu dépasser cette limite et a terminé la compétition quatrième.
Le duel pour le titre de championne s’est donc déroulé entre Isinbaïeva et Suhr. En réussissant la hauteur de 4,89 mètres, la russe a littéralement enflammé le public. Et trois échecs consécutifs de l’américaine ont contribué encore plus à cet état.
Isimbaïeva est la championne du monde ! C’est son septième et probablement dernier titre mondial même s’il y aura toujours quelqu’un qui essaiera de la faire revenir sur sa décision de mettre fin à sa carrière annoncée la veille du championnat de Moscou.
« Mes proches sont les seuls à connaître tous les efforts que j’ai consenti pour gagner cette médaille d’or. Je pense que pour moi, elle est la plus précieuse et attendue. Je n’ai pas gagné des compétitions officielles depuis longtemps. J’ai traversé un long chemin des Jeux Olympiques de Pékin de 2008 jusqu’à Moscou. Et il ne serait pas aussi réussi sans le soutien de mes supporteurs, de mes proches, mais surtout sans mon entraîneur génial Evgueni Trofimov », - a souligné Isinbaïeva après la compétition.
« Après l’échec du premier essai de 4,65, ni moi, ni mon entraîneur n’étions pas stressés, - continue la championne du monde. - En fait, avant le championnat, je n’ai eu que trois essais, donc, comme on dit, je n’ai tout simplement pas sauté assez. Je n’ai vraiment ressenti les émotions qu’après avoir franchi la hauteur gagnante de 4,89 dès le premier essai. C’est là où j’ai compris que je suis devenu championne. Alors que le 29 avril, j’ai fait 5,11 pendant un entraînement. D’autant plus que mon entraîneur m’assurait que physiquement je suis capable d’attendre 5,15. Et je lui fais confiance ».
Malgré toutes les rumeurs qu’Isinbaïeva a l’intention de quitter le sport définitivement, la percheuse a laissé planer parmi ses supporteurs un espoir de la voir revenir dans le sport professionnel.
Elle a annoncé : « Peut être, avant la fin de cette saison, je participerais à quelques compétitions commerciales. Mais je pense que c’était mon dernier championnat du monde. Ma plus grande envie aujourd’hui est de fonder une famille et d’avoir un enfant. Après, si je veux reprendre, ça sera pour les Jeux Olympiques de 2016 à Rio. Bien sûr, je n’aurais pas le temps pour me préparer au championnat du monde à Pékin en 2015".
Source : Kommersant.ru
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.