Saint-Pétersbourg au lendemain de l’attentat

Sergei Konkov/TASS
Le bilan de l’explosion qui a retenti lundi après-midi dans le métro de Saint-Pétersbourg s’est alourdi, passant à quatorze personnes tuées. Moscou et Saint-Pétersbourg ont renforcé les mesures de sécurité. L’enquête examine tant la piste d’un attentat-suicide que l’hypothèse d’une bombe déposée dans la rame. La police suspecte un homme originaire d’Asie centrale.

La ministre russe de la Santé, Veronika Skvortsova, a fourni mardi 4 avril des données actualisées sur les victimes. L’attentat a fait quatorze morts, dont onze ont été tués sur le coup et trois autres ont succombé plus tard à leurs blessures. Ce matin, il restait quarante-neuf blessés dans les hôpitaux. Le département du ministère des Situations d’urgence de Saint-Pétersbourg a publié la liste des victimes.

Les faits

Ce qu’on sait de manière certaine : l’explosion dans la rame qui circulait entre les stations Sennaïa Plochtchad et Institut technologique a retenti lundi 3 avril aux environs de 14h30 (12h30 GMT). Le conducteur, Alexandre Kavérine, n’a pas stoppé le train dans le tunnel et, en conformité avec les instructions, a fait entrer la rame dans la station. Ceci a permis de sauver de nombreuses vies, car dans un espace fermé, le nombre de victimes aurait été plus important, a expliqué le service de presse du métro de Saint-Pétersbourg.

Une autre bombe n’a pas explosé. Elle avait été déposée à la station Plochtchad Vosstania et les démineurs ont réussi à la désamorcer. Fontanka, le journal en ligne de la ville, affirme que la bombe située sur Plochtchad Vosstania a été découverte avant l’explosion dans la rame. Se référant à ses propres sources, il précise que l’engin, placé dans un sac abandonné, était composé de deux explosifs d’un poids de 0,5 kilo fixés à l’intérieur d’un extincteur.

Les pistes

L’une des premières pistes retenues dès le 3 avril est celle d’un homme, portant une barbe et des vêtements sombres, qui aurait déposé les bombes à Plochtchad  Vosstania et dans la rame avant de sortir du métro. Sa photo a été diffusée par les médias quelques heures après l’attentat. Dans la soirée, cette version s’est effritée : l’homme suspecté a vu sa photo à la télévision et s’est rendu au commissariat de police pour plaider non coupable. Le journal RBC a annoncé, citant la police de Saint-Pétersbourg, que l’homme n’avait en effet aucun rapport avec l’attentat.

Par la suite, plusieurs médias – notamment l’agence Interfax qui se référait aux forces de l’ordre – ont informé leurs lecteurs qu’il s’agissait d’un attentat-suicide probablement perpétré par un étudiant kazakh répondant au nom de Maxime Arychev. Toutefois, la nouvelle ne s’est pas confirmée.

Selon une autre hypothèse, l’attentat aurait été commis par un citoyen russe originaire du Kirghizistan, comme l’a assuré à l’agence TASS un responsable du Comité kirghiz de sécurité nationale. L’ambassade du Kirghizistan, quant à elle, refuse de confirmer ou d’infirmer l’information. Le Comité d’enquête de Russie a déclaré que l’identité du présumé kamikaze avait été établie, mais ne divulgue pas son nom pour l’instant.

Le Comité kirghiz de sécurité nationale a cité le nom de l’auteur présumé de l’attentat : Akbarjon Djalilov, né en 1995. Le journal en ligne Gazeta.ru a publié sa photo trouvée sur les réseaux sociaux. Selon le journal Kommersant, il a été possible de l’identifier d’après sa tête, car c’est tout ce qui est resté de lui après l’explosion.

Personne ne sait encore s’il était en relation avec Daech. La radio Ici Moscou a retrouvé un de ses collègues dans un bar à sushis de Saint-Pétersbourg. Le jeune homme a déclaré que lorsqu’ils travaillaient ensemble, en 2013, Akbarjon Djalilov ne manifestait pas son appartenance religieuse et « ne récitait pas de prières ».

La situation

Au lendemain de l’explosion, la ville reste en proie à la nervosité : bien que le métro, entièrement fermé le 3 avril après l’attentat, fonctionne, les stations sont fermées de temps à autre à cause de sacs abandonnés ou d’appels faisant état de bombes. Le service de presse du métro a déclaré avoir entamé « une vérification totale des stations et des tunnels ». Suite à une information sur un objet suspect, une des facultés de l’Université de Saint-Pétersbourg a été évacuée.

Des contrôles ont également été lancés à Moscou : le maire adjoint de la capitale, Maxime Liksoutov, a annoncé que les mesures de sécurité avaient été renforcées dans le métro de la ville, notamment au moyen de patrouilles avec des chiens policiers.

Déclaration de guerre

Les mesures que remarquent les simples mortels ne sont que « le sommet de l’iceberg », a affirmé Sergueï Gontcharov, président de l’Association des anciens combattants de la section antiterroriste Alpha. « Un rôle clé revient actuellement aux services secrets qui doivent retrouver les éventuels complices des terroristes et empêcher de nouveaux attentats », a-t-il indiqué à RBTH.

Cet avis est partagé par le président de l’association Union des passagers, Kirill Iankov : quel que soit le nombre de policiers dans le métro, il est impossible de contrôler chacun d’entre eux, a-t-il noté dans une interview au journal Kommersant. « Ce qui est bien plus efficace, c’est ce que nous ne voyons pas, comme le renseignement ou le travail dans les réseaux sociaux », a ajouté M. Iankov.

Interrogé sur le temps que devrait durer le régime de sécurité renforcée, Sergueï Gontcharov a estimé que normalement, il devrait toujours rester en vigueur. « Dans des conditions où les extrémistes ont pratiquement déclaré la guerre à l’ensemble du monde civilisé, il serait erroné de croire que nous pouvons nous décontracter dans quelques jours ou semaines. Nous devons toujours être sur nos gardes », a-t-il souligné.

Crédit : ReutersCrédit : Reuters

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