Crédit : Vitali Ankov / RIA Novosti
La règle des deux pilotes en vigueur en Russie
En Russie, cette règle est appliquée depuis plusieurs années. L’interdiction de laisser le pilote seul dans le cockpit d’un avion de ligne figure dans le Règlement national des vols, obligatoire à l’application par toutes les compagnies russes. La place d’un pilote qui quitte le cockpit est immédiatement occupée par un remplaçant ou par un steward.
Un représentant de l’Agence des transports aériens de Russie, qui définit les règles de vol de toutes les compagnies, a déclaré que la règle des deux pilotes dans le cockpit était une norme pour tous les transporteurs. L’information a été confirmée par les compagnies Aeroflot, Transaero et UTair.
Cette règle est entrée en vigueur en Russie lorsque les équipages des nouveaux avions n’étaient plus composés que du commandant de bord et du copilote, a indiqué un pilote d’une des plus grandes compagnies russes. Si le pilote ne se sent pas bien, l’hôtesse peut appeler à l’aide, explique-t-il. « Mais personne ne pouvait prévoir qu’un occupant du cockpit puisse causer du mal sciemment », a-t-il ajouté.
Les règles des compagnies aériennes russes ne précisent évidemment pas que c’est une mesure de protection au cas où le pilote causerait un préjudice à dessein. Selon le règlement d’Aeroflot, le steward doit rester dans le cockpit « pour assurer un contrôle visuel ». Pour UTair, la présence de deux personnes dans la cabine est obligatoire afin de « prévenir l’accès d’étrangers dans le cockpit ».
Le copilote de l’A320 qui s’est écrasé en France était malade, mais avait dissimulé cette information, a annoncé vendredi l’agence Associated Press, se référant au parquet de Düsseldorf (Allemagne). Le journal allemand Bild a pour sa part écrit que le copilote responsable du drame était atteint d’une grave dépression qu’il soignait depuis 2009 en suivant un traitement psychiatrique.
« Il est impossible pour la direction ou les collègues de diagnostiquer la dépression d’un pilote. Il est obligatoire pour cela d’avoir recours aux services d’un psychologue ou d’un psychothérapeute », a raconté le psychologue-psychothérapeute Vladimir Faïsilberg, chargé de cours à l’Institut de psychanalyse de Moscou.
A l’époque soviétique, les équipages étaient permanents : le commandant, le copilote et l’ingénieur de bord volaient toujours ensemble, étaient liés par une réelle amitié entre familles et se soutenaient réciproquement, a raconté pour sa part Igor Deldoujov, président du syndicat du personnel navigant de l’aéroport Sheremetyevo de Moscou.
Aujourd’hui, il arrive qu’un pilote voie pour la première fois son collègue juste avant le vol, déplore-t-il. A côté d’un inconnu, le pilote se sent parfois stressé, ce qui est loin de détendre la situation, a dit Vladimir Faïsilberg. L’unique moyen de prévenir de tels cas est d’organiser plus souvent des bilans de santé.
Les pilotes russes doivent obtenir le certificat d’une commission médicale une fois par an, a rappelé un responsable de l'Agence des transports aériens. Cette commission comprend un psychologue, a ajouté un représentant d’Aeroflot. En outre, des bilans de santé par semestre et par trimestre sont prévus, mais ceux-ci ne concernent que la santé physique.
L’examen médical avant le vol comprend la prise du pouls et de la pression artérielle et certaines autres manipulations. Le médecin s’enquiert toujours de l’état général et du moral du pilote et demande si rien ne l’inquiète. Les médecins expérimentés se rendent tout de suite compte de l’écart si le pilote dit, par exemple, que tout va bien, mais que son pouls bat la chamade, a noté le représentant d’Aeroflot.
Au début de leur formation, les pilotes passent devant une commission médicale à l’école d’aviation. A la fin de leurs études, ils reçoivent un document les caractérisant. Avant d’entrer dans une compagnie, ils subissent un test psychologique sous la forme d’un questionnaire, qui dure une journée entière.
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En outre, un test psychologique est imposé à toute personne souhaitant apprendre à piloter un avion d’un autre type, ce qui arrive assez souvent, a souligné le représentant de l’Agence des transports aériens.
Vladimir Faïsilberg précise : en règle générale, pour les professions à risque élevé, notamment pour les pilotes et les contrôleurs aériens, il s’agit du test MMPI (Minnesota Multiphasic Personality Inventory). Il a été introduit en 1946 pour le recrutement d’agents de la CIA.
« On ne peut pas dire que ce test soit périmé ou qu’il ne soit pas objectif. Toutefois, l’intervalle entre les tests est de plusieurs années. Le problème est là. Beaucoup de choses peuvent changer en un an », a fait observer le spécialiste.
Source : Vedomosti.ru
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