La Crimée coupée du monde

À la gare de Simféropol. Crédit : AP

À la gare de Simféropol. Crédit : AP

A quelques jours du Nouvel an, une avalanche de mauvaises nouvelles s’est abattue sur la Crimée : pannes d'électricité intempestives, suspension des liaisons ferroviaires avec l’Ukraine, retrait des systèmes Visa et MasterCard, qui refusent de travailler sur son territoire.

Le 26 décembre, les systèmes de paiement internationaux Visa et MasterCard ont exigé des banques russes qu'elles cessent de desservir les cartes bancaires sur le territoire de la Crimée. « Conformément aux sanctions adoptées par les USA contre la Crimée le 19 décembre 2014 sur ordre du président Barack Obama, Visa ne peut pas offrir ses services et proposer ses produits en Crimée. Cela signifie que nous ne pouvons plus émettre de cartes en Crimée et assurer le fonctionnement des distributeurs de billets », informe Visa dans un communiqué. Un peu plus tard, MasterCard faisait une annonce similaire.

Toutefois, selon les sources du journal économique russe Kommersant, les banques russes ne peuvent être privées de service que si Visa peut attester que l'opération a bien été effectuée en Crimée. « Le fait est que les systèmes de paiement internationaux ne peuvent pas déterminer le lieu de la transaction par carte si la référence à la Crimée n'apparaît pas clairement, par exemple dans le nom du commerçant, explique une source du secteur bancaire. Cela signifie que les systèmes, dans la plupart des cas, ne peuvent pas bloquer de carte émise en Russie en cas d'utilisation en Crimée, ou même contrôler si les banques ont suivi leurs directives ». De plus, certaines banques russes ont déjà conseillé leurs clients à ce sujet.

Pénurie énergétique

Une semaine avant le Nouvel an, la Crimée connaît des coupures de courant. Le 24 et le 26 décembre, sans avertissement, l'Ukraine a complètement cessé de livrer de l'électricité sur la péninsule pendant quelques heures. Le reste du temps, les livraisons sont insuffisantes pour satisfaire les besoins de la région. Des délestages électriques ont eu lieu dans la république et le 27 décembre, le gouvernement local a été obligé de mettre en place des délestages dans les quartiers résidentiels pour réduire la consommation.

Côté ukrainien, on explique ces ruptures d'alimentation électrique par le fait que la Crimée aurait dépassé des limites de consommation préalablement spécifiées. La péninsule dépend à 80% de l'approvisionnement énergétique de l'Ukraine - sa propre production énergétique ne couvre que 20% de ses besoins.

La Russie a déjà déclaré qu'elle était prête à fourni une aide.

« La Russie livrera de l'électricité à l'Ukraine et entre 500 000 et 1 million de tonnes de charbon par mois », a signalé samedi le vice-premier ministre russe Dmitri Kozak. Le charbon sera livré selon des conditions privilégiées, aux tarifs appliqués en Russie.

En ce qui concerne l'électricité, la Russie a conclu un accord pour des livraisons de 9 milliards de kWh. Pour l'instant l'Ukraine n'a pas payé, mais Dmitri Kozak a déclaré que sur ordre de Vladimir Poutine, une livraison serait quand même effectuée pour diminuer des délestages électriques et les problèmes existants.

Dmitri Abzalov, président du Centre des communications stratégiques, explique cette disposition de la Russie par le fait qu'à son tour, Kiev a commencé à exécuter les accords de Minsk. « Le gouvernement central a montré qu'il comptait respecter le cessez-le-feu. Des échanges de prisonniers ont aussi eu lieu. L'Ukraine a également payé son gaz jusqu'à la fin de l'année. Il est donc assez logique que la Russie soit allée à sa rencontre », estime Abzalov.

Sergueï Piguine, directeur du Fonds de développement énergétique, trouve cette décision russe très politique. Selon lui, la priorité est de normaliser la situation énergétique en Crimée, dépendante système ukrainien - qui connaît justement un déficit de production énergétique.

Les réseaux de transport en déperdition

A compter du 27 décembre, l'Ukraine a temporairement interrompu toute connexion ferroviaire avec la Crimée pour des raisons de sécurité.

« En effet, la probabilité que des groupes subversifs puissent s'y trouver sous couvert d'être des civils est très grande... Aujourd'hui le danger est très élevé : presque tous les jours, on voit des diversions quelque part », a commenté le porte-parole de l'opération antiterroriste Andreï Lyssenko.

Une dizaine de trains reliaient auparavant la péninsule à l'Ukraine continentale. Aujourd'hui, ils ne peuvent se rendre que jusqu'aux villes frontalières.

Les passagers des trains à destination de la Crimée sont désormais transportés à travers la frontière en bus. Les Ukrainiens quittant la péninsule sont également transférés sur le territoire ukrainien via des checkpoints, signale le ministre des Transports de la République de Crimée Anatoli Tsourkine.

La société des Chemins de fer de Crimée essuie des pertes colossales suite à l'arrêt des trains à la frontière avec l'Ukraine, signale le directeur par intérim de la voie rapide Andreï Karakoulkine, cité par RIA Novosti.

Le président des Chemins de fer de Crimée ajoute que l'interdiction de transporter des marchandises en Ukraine a aussi des conséquences sur les revenus de l'entreprise. Selon les données d'Andreï Karakoulkine, avant l'interdiction le flux marchandises avait beaucoup diminué et représentait environ 100 wagons par jour. Aujourd'hui, il n'y a plus aucun transport de marchandises vers l'Ukraine.

Seule option pour la Crimée : la traversée en bateau du Détroit de Kertch, qui relie la péninsule avec la Russie continentale. Mais en raison de conditions météorologiques défavorables,  le ferry a temporairement cessé sa desserte. Au 29 décembre, les automobilistes devaient donc affronter 15 heures de file d’attente.

 

Réagissez à cet article tweetant @rbth_fr #Crimée


Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.

Ce site utilise des cookies. Cliquez ici pour en savoir plus.

Accepter les cookies