Poutine : la Russie ne veut pas d’un nouveau rideau de fer

Crédit : Mikhaïl Metzel/TASS

Crédit : Mikhaïl Metzel/TASS

Le 23 novembre, le président russe a accordé une interview à l'agence TASS. Extraits.

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé que la Russie défendrait ses intérêts géopolitiques et développerait son propre agenda.

« Nous ne devons pas chercher la rivalité (avec l’Occident) », a-t-il déclaré dans un entretien avec l’agence TASS dans le cadre du projet spécial « Pervie litsa » (Dirigeants).

« Nous devons simplement réaliser notre agenda (…). Mais quand la Russie aborde le sujet, défend sa population et ses intérêts, elle devient immédiatement mauvaise ».

Poutine a indiqué être serein face aux tentatives de pression extérieure sur la Russie. « Dès que la Russie se remet sur pieds, se renforce et réclame le droit de défendre ses intérêts à l’extérieur, l’attitude vis-à-vis de l’État et ses dirigeants change immédiatement », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, le président est convaincu qu’il « ne faut pas dramatiser ». « Il faut comprendre que c’est ainsi que fonctionne le monde : c’est un combat pour les intérêts géopolitiques, c’est-à-dire pour le poids du pays, sa capacité à générer une nouvelle économie, résoudre les problèmes sociaux et améliorer le niveau de vie des citoyens », a expliqué Poutine. « La défense des intérêts géopolitiques permet au pays de devenir plus fort et de résoudre ses problèmes financiers et économiques, d’assurer la défense du pays et la stabilité sociale, faute de quoi il glisse dans la catégorie des pays de troisième, voire de cinquième rang et perd toute capacité à défendre les intérêts de sa population », a-t-il constaté.

Le président a également déclaré que la Russie n’avait pas l’intention de s’isoler du reste du monde ni d’ériger de nouveaux murs. « Nous ne le faisons et ne le ferons pas », a-t-il dit. « Nous comprenons quelles seraient les conséquences désastreuses d’un nouveau rideau de fer pour nous », a déclaré Poutine. « Dans d’autres pays, il y a eu des périodes pendant lesquelles ceux-ci tentaient de s’isoler du reste du monde, et ils ont payé un très lourd tribut. Cela a conduit à la dégradation et à la destruction », a-t-il rappelé. « Nous ne prendrons certainement pas ce chemin. Personne ne construira un mur autour de nous. C’est impossible ! », affirme le président.

Poutine a également déclaré ne pas être gêné par le refroidissement des relations avec le G7.

« Non, cela ne me gêne pas. Pourquoi cela devrait-il me gêner ? Ce qui m’intéresse est le résultat », a déclaré le président.

« Vous savez, si nous voulons juste nous taper sur l’épaule, nous dire amis, nous rendre visite et nous retrouver au G8, mais que le seul but de cette communication informelle est d’avoir le droit de s’asseoir à la même table, sans que nos intérêts et la position de la Russie soient pris en compte dans le règlement de telles ou telles questions fondamentales, alors à quoi bon ? », a déclaré Poutine.

À la question de savoir s’il avait l’intention de rester président à vie, le président a répondu : « Non ». « Ce serait mauvais et préjudiciable pour le pays et inutile pour moi », a-t-il expliqué. « Vous comprenez, mon état et ma position sont tels que rien n’est caché », a expliqué le président. Par ailleurs, d’après lui, un tel constat n’est pas lié à la fatigue. « Je me base sur les réalités quotidiennes, sur des prévisions à court terme (…) Je ne vois pas l’intérêt de m’accrocher à quoi que ce soit. Vous comprenez, cela n’a plus aucun sens », a-t-il expliqué.

Poutine a précisé que la Constitution lui permettait de se présenter pour un nouveau mandat présidentiel. « Oui, la possibilité de présenter ma candidature à nouveau existe », a-t-il expliqué. « La Constitution le permet, mais cela ne veut absolument pas dire que je prendrai cette décision », a souligné Poutine. « J’agirai en fonction du contexte général, de la compréhension intérieure, de mon propre état d’esprit », a-t-il ajouté, précisant qu’il était trop tôt pour en parler. « Je ne sais pas encore si je saisirai la possibilité de me représenter », a déclaré Poutine.

Le président russe juge erronée l'opinion selon laquelle que tout dépendrait de lui en Russie. « C’est une vision erronée, trompeuse : ce n’est pas vrai. Ce n’est absolument pas vrai ! », a-t-il déclaré. « Ce n’est qu’en apparence que tout dépend du dirigeant », a souligné Poutine. Il a reconnu « devoir intervenir » dans les questions pour lesquelles il n’y a pas de consensus. « Mais dire que le président décide toujours tout lui-même est faux », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, Poutine estime qu’il est naturel que beaucoup de choses soient associées à son nom en Russie. « Le dirigeant d’un pays est toujours associé au pays d’une manière ou d’une autre, cela ne s’applique pas uniquement à la Russie », a-t-il indiqué.

Le président a également déclaré que dans le cas de la Crimée, une décision stratégique avait été prise, et a souligné qu’il était certain d’avoir eu raison.

« Quand un Russe est convaincu d’être dans son bon droit, il est invincible (...). Si nous avions l’impression d’avoir agi de façon injuste, la situation serait très instable. Quand on n’est pas intérieurement convaincu d’avoir raison, cela mène toujours à des hésitations qui s’avèrent dangereuses. Dans ce cas, je n’ai aucun doute », a déclaré Poutine.

À  la question de savoir si les conséquences des actions de la Russie en Crimée avaient été calculées, Poutine a répondu par l’affirmative. « Oui. C’est une décision stratégique », a-t-il déclaré. Invité à préciser si cela finirait bien, le président a réagi en disant « Je pense que ce sera ainsi ».

Entretien complet publié sur le site de TASS

 

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