La dernière en date s’est tenue le 15 mars dernier, alors que l’Ukraine était encore loin de toute opération militaire. Source : page Facebook de la marche pour la paix du 21 septembre
Le gouvernement de Moscou a donné son accord pour l’organisation d’une marche contre la guerre le 21 septembre prochain. Le cortège partira de la place Pouchkine, située en plein centre de Moscou, et se terminera au croisement entre l’avenue Sakharov et le boulevard périphérique Sadovoïe Koltso. Le rassemblement est prévu sur la place Pouchkine à 16:00 (heure locale). Les organisateurs espèrent réunir jusqu’à 50 000 personnes. Parmi les organisateurs, on retrouve des représentants de petits partis libéraux : Iabloko, Le Parti du progrès, Le Parti du 6 décembre et RPR-Parnas.
Cette Marche de la paix à venir ne sera pas la première initiative de ce genre. La dernière en date s’est tenue le 15 mars dernier, alors que l’Ukraine était encore loin de toute opération militaire. Ce jour-là, au moment où la Crimée se préparait à voter au référendum sur son rattachement avec la Russie, à Moscou, les gens défilaient dans la rue sous les couleurs jaune et bleu du drapeau ukrainien aux cris de « Vive l’Ukraine ! ». Ils voyaient dans le retour de la Crimée sous le giron russe un danger et la crainte d’une action militaire potentielle. Maintenant qu’une armistice a été conclue, Moscou a décidé de mener de une nouvelle marche contre la guerre.
La société russe politisée d’aujourd’hui est très divisée sur la question. D’un côté, tous se disent contre la guerre. Mais certains s’interrogent sur la cause qui pousse les autorités de Kiev en Ukraine à donner l’ordre à son armée de bombarder des civils dans les villes du Donbass, quant les autres soupçonnent les autorités russes de soutenir les rebelles pro-russes. Résultat, les premiers voient une résolution du conflit rapide dans une marche victorieuse des pro-russes en Ukraine, tandis que pour les autres, ce ne peut être que dans l’arrêt de toute coopération de la Russie avec les Républiques autonomes autoproclamées de Donetsk et de Lougansk et dans le succès de « l’opération antiterroriste » de l’armée ukrainienne.
Des pancartes, des bougies et des rassemblements pour lutter contre la guerre
Les Russes sont nombreux à s’engager activement pour la paix. Beaucoup d’actions contre la guerre ont été menés ces derniers mois à Moscou. Ainsi, le 31 août, un groupe d’activistes, parmi lesquels le célèbre écrivain et satiriste libéral Viktor Chenderovitch, a organisé des piquets solitaires dans plusieurs endroits de la capitale. « La guerre avec l’Ukraine est une honte et un crime », fustigeait une pancarte couvrant la poitrine de Viktor Chenderovitch. L’écrivain a par la suite publié un article sur le site Le Journal Quotidien qui dresse joyeusement le bilan de son action : "la grande majorité des passants l’a complètement ignoré, avoue-t-il. Mais parmi ceux qui se sont approchés et sont venus me parler, ceux qui soutenaient mon action étaient bien plus nombreux que ceux qui la condamnaient ».
Viktor Chenderovitch, comme beaucoup de ceux à tendance libérale qui s’opposent à cette guerre, accuse le gouvernement, mais certaines actions en faveur de la paix sont parfois menées sans fondement politique et sans accusation contre l’une des parties. Le dernier week-end du mois d’août, se sont déroulés simultanément à Moscou et à Kiev, les commémorations des personnes mortes dans l’est de l’Ukraine. Personne n’a essayé de savoir qui avait raison ou tort. Les gens se sont simplement rassemblés pour allumer des bougies à la mémoire de ceux que la guerre a brutalement emporté. A Moscou, 2249 bougies ont été allumées au pied de la statue de Gogol, soit le nombre exact de personnes tuées dans la guerre du Donbass à ce moment-là, selon un rapport de l’ONU. Par la suite, les participants ont été arrêtés par la police, même s’ils ont finalement été très vite relâchés. « Nous ne savons pas et ne voulons pas savoir qui, dans cette guerre, a raison et qui a tort, écrivait sur Facebook l’un des auteurs de cette action pacifique, le journaliste Shura Burtin. Nous nous inquiétons pour les victimes parce que ce sont tous nos frères ». Shura Burtin a raconté à RBTH que l’action de commémoration a été organisée par les Moscovites et les Kiéviens en appel à la fin de la guerre. Selon le journaliste, les manifestations pour la paix ont un caractère concret, mais aussi moral : « Si la guerre, Dieu m’en préserve, recommence, nous descendrons allumer des bougies toutes les semaines et tôt ou tard, tout le monde saura et cette action deviendra un souvenir intolérable. L’opinion publique peut avoir une influence sur l’issue des évènements. Mais bien sûr, on fait cela en grande partie aussi pour se sentir mieux, pour ne pas rester immobile, sans rien faire ».
Le vice-président du Centre des technologies politiques de Moscou Alexeï Makarkine a expliqué à RBTH que le pouvoir russe avaient intérêt à autoriser ce genre d’actions afin de mieux les contrôler. « Tout est décidé à l’avance en accord avec les autorités : le parcours depuis la place Pouchkine jusqu’à l’avenue Sakharov est bien connu. De nombreuses manifestations ont déjà utilisées plusieurs fois cet itinéraire. Par ailleurs, les participants à la marche constituent une minorité, car la majorité de la population soutient la position opposée sur la question ukrainienne ».
Réagissez à cet article en soumettant votre commentaire ci-dessous ou sur notre page Facebook
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.