Crédit : Danil Semenov/RIA Novosti
Selon le dernier sondage hebdomadaire de la fondation Opinion publique (FOM), la cote de popularité de Vladimir Poutine a, ces derniers temps, connu une forte hausse. Ainsi, à la question des sociologues « Pour qui voteriez-vous si l'élection présidentielle avait lieu dimanche prochain ? », 53% des interrogés ont cité le président en exercice. De plus, comme le démontre l'étude, il y a une semaine, seuls 48% des sondés avaient répondu à cette question par l'affirmative. En une semaine, la cote électorale du président Poutine a donc connu une hausse de 5%.
Cette cote devrait se maintenir jusqu'en mai
Le politologue Dmitri Abzalov donne deux raisons pour expliquer la hausse de la cote de popularité de Poutine : l'organisation des Jeux Olympiques d'hiver à Sotchi et le référendum en Crimée. D'après lui, de nombreux hommes politiques ont tenté de « dompter » les tendances internationales , comme, par exemple, le président français, François Hollande. « Comme en France, ce modèle ne fonctionne pas en cas de situation socio-économique difficile. La cote baissera, écrasée par le poids de la situation intérieure », déclare le politologue.
« Si la situation intérieure reste stable et qu'il y a pas de véritable agitation comme en Europe du sud, alors l'élément important sera la politique extérieure. En Fédération de Russie, le président est associé à la politique extérieure, elle est considérée comme étant sa responsabilité personnelle. Les défaites, les échecs ou bien les succès en politique extérieure se ressentent sur sa cote de popularité. On peut remarquer une corrélation des scores avec la situation en Syrie, ou bien les scores d’Obama avec la situation en Géorgie », explique l'expert. Abzalov prévoit que la cote de Poutine se maintiendra plus ou moins telle quelle jusqu'en mai. Ensuite, la lassitude venant, sa cote pourrait de nouveau baisser.
Selon un autre proche du Kremlin, le politologue Leonid Polyakov, à ce jour, Poutine « remplit son rôle d'élément consolidant en situation évidente de crise de politique extérieure. » « Sa position sur l'Ukraine est ferme et elle est comprise par la majorité des Russes. Ce que nous avons observé avec Maïdances dernières semaines a fait naître des sentiments négatifs chez la plupart des gens : personne ne veut savoir qui fait quoi et dans quel but. Tout le monde voit ces actions qui rappellent les pogroms, des Berkouts que l'on brûle et frappe. La position de Poutine, selon laquelle le pouvoir à Kiev n'est pas légitime, provoque une réaction analogue chez la majorité des gens. Le facteur principal reste la décision de Poutine par rapport à la Crimée. La situation y est critique et à un moment, on ne savait pas ce que répondrait la Russie lorsque les habitants de Crimée ont demandé leur rattachement. La fermeté de Poutine et sa demande adressée au Conseil de la Fédération d'envoyer des troupes en cas extrême ont démontré sa détermination à aller jusqu'au bout. Cela a fortement influé sur la cote de Poutine », affirme l'expert.
Comme Abzalov, Polyakov suppose que la cote de Poutine redescendra au score des élections de 2012, et elle pourrait même y être inférieure.
Un électorat érodé
Lev Goudkov, directeur du Centre analytique Levada, a, au contraire, déclaré que la confiance envers le pouvoir est en déclin et cela se ressent personnellement à l'égard de Vladimir Poutine. L'électorat du président russe s'érode petit à petit. « La révolution ukrainienne a beaucoup alarmé les Russes. Cette inquiétude a réveillé toutes les phobies latentes et les complexes d'empire. La majorité absolue accuse l'Occident de provoquer des tensions en Ukraine, de soutenir le renversement du gouvernement et en même temps ils sont conscients de ce qui se tient derrière tel ou tel mouvement : l'indignation face à la corruption du pouvoir, les tentatives du régime autoritaire de Ianoukovitch de naviguer entre la Russie et l'UE alors que la situation du pays est très difficile », affirme l'expert.
D'après Goudkov, l'opinion sur la corruption du système commence à atteindre même Poutine. « Les gens craignent l'instabilité et une rhétorique agressive, les invectives des extrémistes, bien évidemment, les inquiètent. Mais, finalement, ils comprendront que, hormis les extrémistes à Maïdan, il y avait également des gens qui protestaient contre un régime corrompu », explique le sociologue.
De plus, Goudkov pense que l'électorat restera stable tant que le niveau de vie ne faiblira pas. « Aujourd'hui, le plus grand soutien à Poutine nous vient des grandes et moyennes villes. Surtout celles où l'on trouve encore des restes de l'industrie soviétique, ce qui oblige les gens à soutenir le gouvernement. Ensuite, viennent les petites villes avec une population atteignant les 250 mille habitants et les villes moyennes en désolation. Dans les villages, le soutien envers Poutine est encore plus faible. Dans l'ensemble, les petites et moyennes villes en désolation et les villages constituent une province conservatrice où demeurent une forte tension et un mécontentement généré par le refus de l’État de remplir ses obligations sociales. Et pour finir, Poutine est le moins soutenu à Moscou, dit le spécialiste. On assiste à une érosion des bords de l'électorat de Poutine, mais la masse de base, la moyenne, tient encore bon. Petit à petit, je pense que le soutien envers le président diminuera et le mécontentement grandira. Selon notre étude, à ce jour, 47 à 55% des russes disent ne pas vouloir voir Poutine se présenter aux prochaines élections présidentielles ».
D'après Gazeta.ru
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