Les Russes ne comprennent pas l’utilité de leur parlement

La Douma est composée de 450 députés élus sur les listes des partis. Crédit : Kurlyaeva Olesya / RG

La Douma est composée de 450 députés élus sur les listes des partis. Crédit : Kurlyaeva Olesya / RG

Selon le sondage du Centre Levada, la plupart des Russes ont une opinion négative du travail des députés actuels de la Douma, tandis que 90% des sondés n’y connaissent rien ou très peu. Pour la première fois, le nombre de ceux qui préfèreraient se contenter de décrets présidentiels et voir la Douma supprimée dépasse le nombre de partisans de la chambre basse du Parlement. Les experts expliquent cette tendance par le manque d’information objective sur le travail des députés ainsi que par l’influence évidente que le pouvoir exécutif exerce sur eux.

Le Parlement russe est composé de deux chambres : la chambre basse (la Douma) et la chambre haute (le Conseil de la Fédération). La Douma fait des propositions de loi, le Conseil de la Fédération les adopte ou les rejette. La Douma est composée de 450 députés élus sur les listes des partis, le Conseil de la Fédération compte 2 députés pour chacune des 83 régions russes. Les propositions de loi peuvent être formulées par les députés de la Douma, les membres du Conseil de la Fédération, le président, le gouvernement, les parlements régionaux et par les principales cours : la Cour Constitutionnelle, la Cour Suprême et la Cour Suprême d'arbitrage. Mais la plupart des projets de loi sont formulés par les députés.

Avant le mois de septembre 2013, les députés ont proposé 836 projets de loi sur les 1704 examinés par la Douma. Viennent ensuite les parlements régionaux avec 455 projets de loi, les membres du Conseil de la Fédération avec 183 projets et le gouvernement avec 181 projets. Le président a proposé 34 projets de loi à la Douma, la Cour Suprême et la Cour Suprême d'arbitrage 15, la Cour Constitutionnelle aucun.

Au cours de la session du printemps dernier qui s'est déroulée de janvier à juin, la Douma a établi un record en examinant 639 projets de loi dont 261 ont été adoptés. Ce chiffre est légèrement inférieur à celui de l'année dernière toute entière (338 lois adoptées) et un peu supérieur au nombre de lois adoptées par la deuxième législature de la Douma (1995-1999) au cours des ses 4 ans de travail (223 lois).

Actuellement, la Douma est composée de quatre partis, le parti du pouvoir Russie Unie détient le plus grand nombre de sièges de député. Le Parti communiste russe, le parti social-démocrate Russie juste et le Parti libéral-démocrate sont minoritaires.

Les projets de loi proposés par le président ou par le gouvernement sont adoptés assez rapidement. C'est, probablement, la raison pour laquelle les Russes ne soutiennent pas l'activité de la Douma, selon les résultats du sondage réalisé par Levada Center.

À la question, la Douma est-elle utile ou « la vie du pays peut-il être tout aussi bien organisée selon les décrets du président », la majorité des sondés (43%) ont répondu que la volonté du président leur suffirait. 39% des sondés ont déclaré avoir besoin de la chambre basse du Parlement, 18% ne se sont pas prononcés. Il est à noter que les préférences des Russes ont changé depuis août 2011 quand 47% des sondés ont défendu la Douma et 32% estimaient que les décrets présidentiels suffiraient.

Le directeur adjoint du Centre Levada Alexeï Grajdankine estime que les Russes constatent que les décisions du pouvoir exécutif l’emportent sur celles du pouvoir législatif.

La plupart des citoyens russes n'apprécient pas l'activité des députés pour ces deux dernières années. 36% ont une opinion « plutôt négative », 20% « très négative », et seulement 14% et 2% respectivement ont une opinion « plutôt positive » ou « tout à fait positive ». Presqu'un tiers des sondés (29%) ne se sont pas prononcés. La plupart des sondés (51%) n'ont qu'une « vague idée » du travail des députés pour ces deux années, alors que 40% n'en savent rien.

Le politologue Ilya Konstantinov est persuadé que le Parlement actuel est entièrement soumis au pouvoir exécutif. « J'estime que, dans l'état actuel, le Parlement russe est inutile, c'est une institution qui signe les projets de loi écrits par l'administration du président ou par le gouvernement. Les gens le comprennent bien. Les propositions des parlementaires, elles, sont odieuses, explique l'expert. Une telle Douma est le résultat de la démocratie dirigée où les élections sont, en réalité, devenues une formalité et les députés sont nommés sur les critères de loyauté et dirigeabilité ».

Iosif Dixine, directeur adjoint du Conseil scientifique d'experts du Centre panrusse d'étude de l'opinion publique, ne partage pas cet avis. Il est persuadé que l'opinion négative sur la Douma est le résultat du manque d'information sur les activités de la chambre basse du Parlement. « La population ne comprend pas bien le lien entre leur vie et les lois adoptées par la Douma. Le président est le représentant du pouvoir qui intéresse le plus les Russes. Aussi, les structures présidentielles expliquent bien ce qu'elles font et jouissent d'une forte popularité », explique le spécialiste.

 

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