Par décret, Vladimir Poutine a démantelé l’agence de presse RIA Novosti et la radio La Voix de la Russie, pour former l’agence internationale « Rossiya Segodnya ». Deux raisons sont invoquées : économies budgétaires et nécessité de promouvoir une image positive de la Russie à l’étranger. La direction de la nouvelle structure a été confiée à Dmitri Kiselev, l’un des présentateurs de la télévision russe les plus loyaux à l’égard du pouvoir.
Piotr Tverdov
Nezavisimaïa Gazeta / 10.12
La décision de Poutine est logique dans un contexte de consolidation de l’élite autour de valeurs conservatrices. Pendant les trois mois où Poutine s’est battu pour la Syrie, il a dû passer son temps à expliquer aux pays occidentaux la politique russe, dont personne n’avait cure. Au cours de son troisième mandat, Poutine a fini par formuler les intérêts nationaux du pays. D’où la nécessité de créer une agence d’information étatique, « Rossiya Segodnya », pour expliquer, clairement et sans contradictions, à l’étranger proche et lointain ce que sont ces intérêts. La politique étrangère russe devrait paraître plus prévisible et logique qu’elle ne l’est aujourd’hui.
La vérité, rien que la vérité
Éditorial
Gazeta.ru / 09.12
La réorganisation du mécanisme de propagande d’État, RIA Novosti, à la veille des
JO de Sotchi, témoigne du fait que les ressources idéologiques et financières de l’État
russe sont sur le point de se tarir. Il reste de moins en moins de gens
auxquels le pouvoir peut confier la création d’une image positive de la
Russie. Dans un contexte de stagnation économique, la Russie est en
manque de fonds, même pour financer sa propagande. Il devient de plus en
plus difficile d’expliquer nos intérêts nationaux au reste du monde,
parce que ces intérêts ne sont pas compréhensibles pour la nation
elle-même, et même parfois pour le pouvoir.
Propagandiste-en-chef
Gueorgy Bovt
The Moscow Times / 11.12
La nomination de Kiselev est l’une des réponses les plus prévisibles du Kremlin aux événements en
Ukraine. Pour l’élite dirigeante, les événements de Kiev sont une conspiration occidentale contre les intérêts de la Russie dans l’espace post-soviétique. Kiselev ne cesse d’expliquer dans ses journaux télévisés que Kiev est devenu « le dernier champ de bataille », que les manifestants pro-européens sont en fait en « guerre contre la Russie ». Pour les leaders russes, maintenant que la confrontation avec l’Occident est irréversible, pourquoi faire semblant ? Pourquoi rester respectable si pour l’Ouest, la Russie est un ennemi géopolitique qui doit être vaincu?
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