Outre la « déoffshorisation » de l’économie, dans son discours Vladimir Poutine a appelé à « se tourner vers l’Océan pacifique ». Crédit : RIA Novosti
Le 12 décembre, Vladimir Poutine a fait le bilan de l’année passée et a fixé les objectifs pour l’avenir dans son message annuel adressé à l’Assemblée fédérale. Au début de son discours, le président a déploré l’application inefficace d’une série de décrets visant à réformer la sphère sociale, qu’il avait signés le jour de son investiture le 7 mai 2012.
« Une année et demi s’est écoulée depuis la signature de ces décrets. Vous savez ce que j’ai noté ? Soit c’est fait de façon à provoquer une réaction négative de la société, soit rien n’est fait », a dit le président.
Pour la première fois depuis la baisse de croissance du PIB, Poutine a admis que les problèmes économiques de Russie étaient dus plutôt aux facteurs intérieurs qu’extérieurs. Parmi les enjeux majeurs de la politique économique, en plus de la traditionnelle augmentation de la productivité du travail et l’implantation de nouvelles technologies, il a cité la « déoffshorisation » de l’économie.
« Les bénéfices des sociétés enregistrées dans un paradis fiscal et appartenant à des entrepreneurs russes, doivent être imposés selon nos règles fiscales. Ces prélèvements fiscaux doivent venir alimenter le budget russe, il faut donc concevoir un système pour récupérer cet argent », a déclaré Poutine.
Poursuites judiciaires pour évasion fiscale
Club Valdaï : Poutine évoque la Syrie et la présidentielle 2018
A son avis, les sociétés enregistrées dans une juridiction étrangère doivent être privées des aides de l’Etat et ne devraient pas être autorisées à exécuter des marchés publics.
Selon Andreï Tchernyavski, chargé de recherche de l’École des hautes études en sciences économiques, cette initiative du président est pleine de bon sens tout en admettant qu’il ne comprend pas le mécanisme de sa mise en œuvre. « Elle peut être considérée en tenant compte du contexte de stagnation que nous vivons maintenant. Les budgets régionaux et fédéraux ont de grandes difficultés, il faut donc les soutenir, y compris de cette façon-là », dit Tchernyavski. « Nous ne voulons pas augmenter les taux d’imposition en Russie, mais nous voulons au moins mettre de l’ordre pour augmenter les recettes fiscales des sociétés à participation publique et celles qui profitent des garanties de l’Etat ».
Outre la « déoffshorisation » de l’économie, dans son discours Vladimir Poutine a appelé à « se tourner vers l’Océan pacifique », en proposant de créer en Extrême-Orient et en Sibérie Orientale un réseau de zones économiques spéciales pour des entreprises n’exploitant pas les ressources naturelles.
Le président a également appelé à renforcer le contrôle de l’immigration. Il a proposé d’introduire une norme selon laquelle les personnes morales et les entrepreneurs individuels embaucheront un salarié étranger sur la base d’une licence valable uniquement dans la région où elle a été acquise et dont la valeur sera définie par le sujet de la Fédération de Russie.
Le chef de l’Etat a également évoqué « la soi-disante tolérance stérile, qui ne fait pas de différence entre les sexes » et la négation des valeurs traditionnelles. A son avis, aujourd’hui, dans beaucoup de pays on exige de la société qu’elle mette sur le même plan le bien et le mal. Poutine a qualifié cette destruction des valeurs traditionnelles de processus antidémocratique, mis en pratique malgré la volonté de la majorité du peuple.
Boris Makarenko, président du conseil d’administration du Centre de technologies politiques, avoue avoir été déçu par l’introduction parlant des valeurs qui a précédé le chapitre international du discours du président. « Elle utilise un langage que l’on ne parle plus à l’Ouest depuis quelques décennies », dit Makarenko.
Parlant des défis qui se posent à la Russie sur la scène internationale, Poutine a souligné que l’intensité de la concurrence mondiale dans les domaines militaire et politique, économique et dans le domaine d’information s’accentue. A son avis, la Russie doit chercher à être un leader, à défendre le droit international et à imposer le respect de la souveraineté nationale.
« Ces dernières années, nous avons vu comment les tentatives d’imposer à d’autres pays un modèle de développement soi-disant progressiste se sont avérées être de la barbarie régressive et ont fait couler beaucoup de sang », a dit Poutine en invoquant les derniers événements au Proche-Orient et en Afrique du Nord.
« Dans le cas de la Syrie, la communauté internationale a dû faire un choix crucial – soit dégringoler vers une érosion ultérieure des bases de l’organisation mondiale et le triomphe du droit du plus fort, du chaos, soit assumer collectivement les responsabilités », a déclaré Poutine.
Ensuite il est passé du conflit syrien au programme nucléaire iranien en soulignant que développer l’énergie nucléaire était un droit imprescriptible de l’Iran. En même temps, à son avis, il faut garantir la sécurité à tous les pays du Proche-Orient.
« D’ailleurs, le programme nucléaire iranien a servi à l’époque d’argument principal pour justifier le déploiement du système de défense antimissile. Maintenant, le problème nucléaire iranien s’en va, mais le système de défense antimissile reste. Et non seulement il reste, mais en plus il se développe », a noté le président.
Selon Poutine, le développement de nouveaux systèmes d’armements préoccupe également Moscou. « L’accroissement du potentiel des systèmes stratégiques de haute précision associé au renforcement du système de défense antimissile de la part des pays étrangers peut réduire à néant tous les accords précédents dans le domaine de réduction des arsenaux nucléaires stratégiques », a déclaré Poutine.
Et vous avez-vous suivi le discours de Vladimir Poutine ? Donnez-nous votre avis en tweetant @larussie #poutine
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.