Moscou invite Paris à un projet de jumelage

Crédit photo : Ramil Sitdikov / RIA Novosti

Crédit photo : Ramil Sitdikov / RIA Novosti

La Russie envisage de s’inspirer de l’expérience française de la gestion des carrières des vétérinaires. Si l’expérience se révèle concluante, Moscou et Paris jetteront les bases d’un système de formation globale de professionnels.

L’Association des vétérinaires de Russie s’est intéressée à l’expérience de la France pour la mise en place d’un système de gestion des spécialistes de la profession vétérinaire ; conjointement avec ses collègues de France, elle concerte la possibilité de conclure un accord sur la mise en œuvre d’un projet de jumelage.

La Russie d'Aujourd'hui tient sa source du Service fédéral russe de contrôle vétérinaire et phytosanitaire. Des pourparlers préalables ont eu lieu à la fin du mois d’octobre entre Evgueni Nepoklonov, directeur-adjoint du Service fédéral russe de contrôle vétérinaire et phytosanitaire, et Bernard Vallat, directeur général de l’Office international des Épizooties (OIE).

La mise en œuvre d’un tel projet dans le domaine de la formation vétérinaire et de la pratique professionnelle est suivie par l’OIE.

« Le jumelage a pour but d’améliorer et d’accroître l’efficacité de fonctionnement des services, de perfectionner leurs structures, de mieux utiliser les ressources humaines et le potentiel de gestion, ce qui devra au final favoriser l’harmonisation des approches et des textes législatifs », lit-on dans le communiqué officiel du Service fédéral russe de contrôle vétérinaire et phytosanitaire.

Selon la source de La Russie d'Aujourd'hui, le mode d’organisation des services vétérinaires en France est considéré comme l’un des plus efficients au monde, ce qui a conditionné, côté russe, le choix du partenaire dans le cadre de ce projet de jumelage.

« Pour le moment, lors des pourparlers, nous avons rencontré le directeur général de l’OIE ainsi que Marc Veilly, conseiller de l’Ordre des Vétérinaires de France. Nous leur avons demandé s’ils étaient d’accord pour conclure un accord avec nous et ce que nous devons faire pour cela. Ils nous ont dit que l’Association des vétérinaires de Russie et l’inspecteur général vétérinaire d’État devaient en faire la demande par écrit, et ces lettres ont été envoyées à la fin d’octobre », rapporte la source.

Cette source a confirmé que le projet était en phase initiale. À ce jour, il n’existe pas de pratique analogue dans le système mondial de contrôle vétérinaire, de sorte que la France et la Russie peuvent agir en pionniers.

Selon la même source, des antécédents n’ont eu lieu qu’avec Irlande et un pays d’Afrique, et des consultations sont en cours avec des représentants du Kazakhstan.

« L’idée du projet consiste à procéder à un échange d’expérience et à organiser le recensement des professionnels de la pratique vétérinaire. Nous allons suivre les diplômés et tenir un dossier sur leur évolution en Russie. Mais dans la mesure où nous ne savons pas vraiment comment cela fonctionne, nous sollicitons les Français parce qu’ils ont un système qui marche », précise la source.

Il est question de concerter un projet d’accord de jumelage au conseil de l’OIE au mois de décembre en France. Après quoi celui-ci sera transmis à la partie russe pour qu’elle y apporte des propositions.

Il n’existe pas en Russie de système de recensement des professionnels ; conséquemment, il n’y a pas de suivi du parcours des diplômés, ni de leur évolution de carrière. Aussi n’est-il pas exclu que des non-spécialistes entrent accidentellement dans la profession.

Certes, Moscou contrôle les importations d’une façon plutôt stricte et ordonne assez souvent des vérifications renforcées, voire des limitations momentanées de livraisons agro-industrielles ; pour autant la situation phytosanitaire est loin d’être parfaite à l’intérieur du pays.

Selon Anna Evangueleïeva, chef du service Information et analyse du portail sectoriel Meatinfo.ru, on constate en Russie au cours de l’année 2013 une situation défavorable concernant plusieurs pathologies.

Au mois de septembre, par exemple, on a relevé pour la première fois cette année une épizootie de variole du mouton et de la chèvre, 2 de peste porcine et d’anthrax, 3 de maladie de Newcastle, 8 de leptospirose. La situation s’est aggravée avec la fièvre aphteuse.

Si auparavant les épidémies n’étaient constatées que dans l’Extrême-Orient russe et à l’est du Baïkal, en 2013 on en a enregistré en territoire de Krasnodar, dans les régions du fleuve Amour et dans le Caucase-Nord.

De plus, on voit s’allonger en Russie la liste des foyers de contamination par peste porcine africaine : 121 épizooties déclarées en neuf mois durant 2013, soit presque autant que sur toute l’année 2012. Et ce alors que la maladie n’est entrée en Fédération de Russie qu’en 2007 via la Tchétchénie

Selon le Service fédéral russe de contrôle vétérinaire et phytosanitaire, en 7 années de lutte contre les foyers de peste porcine africaine il a fallu abattre plus de 900 000 porcs, et les dommages causés par la fièvre aphteuse sont estimés à quelque 25 ou 30 milliards de roubles.

« Le Service fédéral russe de contrôle vétérinaire et phytosanitaire organise des réunions de travail pour endiguer la peste porcine africaine. Au mois de mai, il a été déclaré solennellement qu’aucune épizootie de fièvre porcine africaine n’avait été déplorée et qu’on était venu à bout du problème, mais en juin de nouvelles épidémies étaient relevées », a expliqué Evangueleïeva.

Selon elle, cela tient principalement à l’imperfection de la structure en charge de la sécurité vétérinaire, à l’absence d’un organe centralisé de contrôle encadré par un régime législatif et réglementaire bien défini, à l’absence d’un système de contrôle vétérinaire opérationnel de la faune sauvage.

« Une telle instance n’existe ni au niveau fédéral ni dans les régions. Aujourd’hui chaque région constitutive de la Fédération russe, chaque producteur de viande agit en fonction de ses propres intérêts », a-t-elle précisé.

 

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