Crédit : Reuters
Le service fédéral russe de l’immigration a reçu une demande d’asile provisoire de la part de Snowden, cependant, il n’a toujours pas reçu le document qui lui donnerait la permission de passer la frontière russe. Selon l’avocat Anatoli Koutcherena, la cause réside dans le système bureaucratique russe. « À l’heure actuelle, cette autorisation ne lui a pas été remise, cela demande un certain temps. C’est une situation inédite en Russie, cette demande nécessite donc un peu de temps, notamment pour les employés du service d’immigration. Il y a une procédure particulière, qu’applique le service d’immigration », a indiqué Koutcherena.
Il a souligné que la demande de Snowden est actuellement à l’étude par le SFM, pouvant durer jusqu’à trois mois. Rappelons que Snowden a déposé sa demande le 16 juillet dernier. Le service des frontières des services de sécurité fédéraux (FSB) n’autorisera Snowden à quitter la zone de transit de l’aéroport Cheremetievo uniquement après l’autorisation officielle accordée par le SFM.
Selon Koutcherena, Snowden restera pour l’instant dans la zone de transit de l’aéroport, où les conditions de vie sont satisfaisantes. Il « n’a pas tellement » d’argent, « mais suffisamment dans un premier temps ». « Il se sent plus ou moins bien, il attend avec impatience que cette question soit résolue », a déclaré l’avocat.
Anatoli Koutcherena a apporté des vêtements à Snowden : deux T-shirts, des chemises et des jeans, une pizza fraîche ainsi que quelques livres en anglais, dont « Crime et châtiment » de Fiodor Dostoïevski, un volume d’Anton Tchekhov et un livre sur la Russie. Selon l’avocat, après ces quatre semaines passées à l’aéroport, les plans de Snowden ont quelque peu évolué : il voit désormais son avenir en Russie et ne parle plus d’un départ imminent pour l’Amérique latine. Koutcherena a ajouté que l’ex-collaborateur de la NSA a déjà appris quelques mots russes, tels que : « Privet », « Poka-poka » et « Ia tebe pozvoniu » (Salut, Bye-Bye, Je t'appelle, ndlr).
« Ses plans pour l’avenir sont de trouver un travail en Russie, voyager dans la mesure du possible, et aménager sa vie. Il n’a pas tellement d’argent, mais cela lui suffit pour l’instant. Il se sent plus ou moins bien, il attend avec impatience que cette question soit résolue », a dit l’avocat, ajoutant que l’intention de Snowden vis-à-vis de la Russie était d’observer le pays. De même, en tant qu’Américain, il a remercié les femmes russes qui s’étaient dites prêtes à épouser le célèbre dénonciateur et à lui fournir un logement.
« Il envisage pour l’instant de partir nulle part. Il a demandé un asile provisoire d’une durée d’un an. Bien entendu, son pays de résidence à l’heure actuelle, c’est la Russie. Il ne pense pas encore à l’avenir. La Russie agit avec noblesse, bien qu’elle ait été forcée de commettre une violation des droits humains », a affirmé Koutcherena lors d’une interview avec la chaîne télé Russie 24.
Il est à noter que les retards bureaucratiques coïncident avec les appels lancés par les Etats-Unis de ne pas laisser Snowden sortir de la zone de transit. « Bien sûr, toute action qui permettrait Monsieur Snowden à quitter la zone de transit de l’aéroport serait extrêmement décevante », a indiqué la représentante du département d’État, Jen Psaki.
Certains experts russes sont convaincus que Moscou fera tout son possible pour éviter la détérioration de ses relations avec les Etats-Unis à cause de Snowden, et essaiera de l’envoyer au plus vite en Amérique latine.
« Détériorer les relations avec les Etats-Unis n’est pas envisageable, la politique est un processus continu, cela pourrait le compliquer. C’est ce qui s’est passé, bien que la complication soit négligeable. Je suppose que la Russie prendra certaines mesures législatives pour le reconduire plus rapidement, par exemple en se servant d’une façon ou d’une autre de ses relations avec l’Amérique latine pour accélérer la procédure d’asile. Il y a de nombreuses possibilités, et Koutcherena n’a pas encore épuisé son éloquence », a expliqué le directeur de l’Institut d’évaluation stratégique indépendant, membre du Conseil de politique extérieure et de défense à Gazeta.ru et vice-président de l’association « Russie – Etats-Unis », Sergueï Oznobischev.
Le politologue Nikolaï Zlobine qui travaille à Washington n’exclut pas que les opposants politiques à Barack Obama du parti républicain puissent forcer le président à adopter une attitude sévère envers la Russie : « La situation avec Snowden a un impact sur l’attitude de l’opposition intérieure vis-à-vis d’Obama. Ainsi, les Américains sont globalement satisfaits de la façon dont s’est conduite la Russie à ce sujet ».
De même, Obama ne peut pas ne pas envisager que la majorité des Américains éprouve de la sympathie pour Snowden. D’après Zlobine, si l’on fait abstraction de la position officielle des républicains, dans l’opinion publique, Snowden est perçu comme un problème interne aux Etats-Unis, et est considéré dans une moindre mesure dans le cadre des relations russo-américaines. Et enfin, les Américains sont surpris que Snowden, partisan de la population, ne s’exprime pas publiquement mais uniquement par l’intermédiaire de Koutcherena.
« Avec tout mon respect, personne aux Etats-Unis ne sait à quel point l’avocat Koutcherena est officiellement autorisé à représenter Snowden. Il y a aussi des réflexions à ce sujet ici », affirme Zlobine.
Reportage effectué à partir des sources combinées de RIA Novosti et Gazeta.ru
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