Le directeur de l'Institut d'études politiques, Sergueï Markov, assure que la loi n'affectera pas l'image de la Russie aux yeux des étrangers. Crédit : Reuters/Maxime Chemetov
Les discussions autour de ce sujet n'ont pas cessé depuis l'apparition d'une loi régionale similaire dans la deuxième plus grande ville russe, Saint-Pétersbourg. Le parlement russe a commencé à discuter un projet de loi le 26 janvier. Le mardi 11 mai, il a été accepté en deuxième et troisième lecture.
Les sanctions pour violation de la nouvelle loi sont administratives, en particulier des amendes contre la propagande des relations sexuelles non traditionnelles chez les mineurs.
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Les contrevenants sont passibles d'une amende comprise entre 4 et 5 mille
roubles (93 à 116 euros), pour les professionnels de 40 à 50 mille roubles (930 à 1.160 euros), pour les personnes
morales de 800.000 à un million de roubles (18.700-23.500 euros). Aussi violation peut entraîner la
suspension administrative des activités des personnes morales pour un maximum
de 90 jours. Si les « valeurs non traditionnelles » sont diffusées à
travers les médias ou internet, alors l'amende pour les citoyens pourra
s'élever de 50 à 100 mille roubles, pour les professionnels de 100 à 200 mille
roubles, et pour les personnes morales jusqu'à un million de roubles et une
suspension d'activité allant jusqu'à trois mois. La sanction est plus lourde
pour les étrangers, pour la même infraction, ils seront expulsés ou arrêtés
pendant 15 jours.
Les violations sont considérées comme des actions qui
peuvent être définies comme « la
diffusion d'informations visant à développer chez les mineurs une orientation
sexuelle non traditionnelle ». Ainsi que « la diffusion d'informations sur l'attractivité des relations
sexuelles non traditionnelles, une image déformée de l'équivalence sociale des
relations sexuelles traditionnelles et non traditionnelles ou l'imposition de
l'information sur les relations sexuelles non traditionnelles provoquant un
intérêt pour de telles relations ».
Comme nous l'explique l'auteur de l'initiative à la Douma, la députée Elena Mizoulina, la loi vise à « éliminer la démonstration des relations sexuelles ». Elle est désormais interdite dans le débat public, comme la pornographie. « Selon un sondage d'opinion, 88% des Russes soutiennent cette loi, dit la députée. En quatre mois, 350 mille personnes se sont tournées vers le comité avec des propositions ». Selon le député, la finalisation de la loi a été adoptée avec la tolérance des députés. Par exemple, la référence à la communauté gay n'existe plus et le mot « homosexualité » a été remplacé par « relations sexuelles non traditionnelles ». « Nous souhaitons que les enfants aient la liberté de choix, mais quand ils sont plus âgés. Laissez choisir entre le traditionnel et la relation particulière, mais jusqu'ici, ils viennent de se former, ils doivent être à l'abri de telles informations, car elle peuvent avoir un impact négatif sur le développement », a déclaré Mizulina.
Le leader de la communauté LGBT russe, Nikolaï Alekseev,
est persuadé que l'introduction de sanctions en cas de relations homosexuelles
menace de criminalisation la communauté. Toutefois, il est peu probable que les
autorités aillent dans cette direction, un tel retournement installerait un
« rideau de fer » entre la Russie et l'Occident, et beaucoup de gens au
pouvoir ont des enfants qui vivent à l'étranger, y ont des biens et du capital,
explique Alexeev.
Le directeur de l'Institut d'études politiques, Sergueï Markov, assure que la loi n'affectera pas l'image de la Russie aux yeux des étrangers, et qu'au contraire même, vis-à-vis d'une certaine catégorie d'Européens, la loi deviendra un avantage incontestable. « Le document répond aux courants politiques les plus progressistes. Il s'agit de s'assurer que les diverses couches de la population vivent ensemble côte à côte » dit l'analyste. Il remarque que la société est véritablement contre les démonstrations publiques d'homosexualité et que la Douma exécute simplement le principe démocratique en soutenant l'opinion des masses. « Il y a deux points de vue opposés : le premier, l'adoption de l'homosexualité comme normale et la légalisation du mariage gay, la seconde, l'interdiction et la punition des relations non traditionnelles. Les députés ont choisi une ligne de compromis où l'homosexualité n'est pas réprimée et dans le même temps les relations homosexuelles ne sont pas normalisées, explique l'expert. Très probablement les pays de l'UE en viendront à la même conclusion, car, par exemple, la légalisation du mariage homosexuel en France ne fait qu'aggraver son image ».
Le directeur adjoint de l'Institut de l'Europe de l'Académie des Sciences de Russie, Sergueï Karaganov, ne partage pas l'avis de M. Markov. « A cause de telles lois et de tels débats on se moque de nous » considère l'expert. Ainsi le célèbre acteur comique et défenseur des droits de la minorité homosexuelle, Stephen Fry, qui a discuté avec l'auteur de la loi pétersbourgeoise interdisant la propagande de l'homosexualité en Russie, a lui-même trouvé les actions du pouvoir ridicules.
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