Des missiles pour Damas : Moscou insiste malgré Israël

V. Poutine (de dos) et B. Netanyahu à Sotchi. Crédit photo : Photoshot/Vostock-photo

V. Poutine (de dos) et B. Netanyahu à Sotchi. Crédit photo : Photoshot/Vostock-photo

Le 14 mai, le président russe a reçu le Premier ministre israélien. Au centre des pourpar-lers : les systèmes de missiles antiaériens S-300 que Moscou doit fournir à Bassar el-Assad.

Benjamin Netanyahu s’est rendu à Sotchi pour un court séjour à l’invitation de Vladimir Poutine. On ne pouvait donc aucunement affirmer que le Premier ministre israélien était venu persuader Vladimir Poutine de renoncer à fournir à la Syrie les quatre systèmes de missiles antiaériens S-300 au titre d’un contrat signé en 2010.

Tout se passait plutôt comme si M. Poutine avait invité Benjamin Netanyahu pour le persuader de se réconcilier avec l’idée de ces livraisons. Il avait peu de chances d’y parvenir.

Le Premier ministre israélien a dès le début de la rencontre accueilli avec une tension visible chaque mot protocolaire prononcé par le président russe, sans en comprendre un seul. Il semblait qu’il voulait lire quelque chose entre les lignes des propos de son interlocuteur.

M.Netanyahu a attiré l’attention sur la paix et la tranquillité qui règnent à Sotchi (en effet, l’itinéraire emprunté par le cortège du chef du gouvernement israélien avait été fermé à la circulation bien avant son arrivée) et a suggéré une prochaine rencontre dans la station balnéaire israélienne d’Eilat, où l’on a découvert de façon inattendue que Vladimir Poutine s’était déjà rendu - un détail biographique jusqu’alors inconnu.

Les négociations ont duré plus de deux heures. MM. Poutine et Netanyahu n’ont pas répondu aux questions des journalistes, se limitant à des déclarations convenues.

Le premier a déclaré que la Russie et Israël « avaient une compréhension commune : la poursuite du conflit en Syrie est lourde de conséquences désastreuses ». Cependant, à en juger par le visage de Benjamin Netanyahu, le président russe aurait pu se passer de le souligner : c’était clair.

Fait intéressant, cependant, Vladimir Poutine a essayé de proposer une position commune de la Russie et d’Israël sur la Syrie  selon la ligne suivante : si la poursuite du conflit est lourde de conséquences, il faut y mettre fin, et un cessez-le-feu dans la situation actuelle est favorable au président syrien en exercice (avec plus ou moins de succès), Bachar el-Assad.

Benjamin Netanyahu semblait bien plus préoccupé par la question des S-300 (équivalent des « Patriots » américains). L’adjoint du président russe Youri Ouchakov a reconnu que le sujet des S-300 avait « effectivement été discuté ».

Selon les informations dont on dispose, la position de M. Poutine n’a pas changé : la livraison des systèmes S-300 à la Syrie est en quelque sorte une chose acquise.

« Israël, a dit Benjamin Netanyahu, est parvenue à un accord de paix avec deux de ses voisins. Que Dieu nous aide à en obtenir avec les autres. Mais, malheureusement, on ne fait la paix qu’avec les forts - avec ceux qui sont en mesure de se défendre ».

Avec les missiles S-300, la Syrie sera visiblement en mesure de se défendre. Cependant, si l’on y regarde de plus près, la position hostile d’Israël sur le dossier des S-300 devrait profiter à la Russie, même si c’est une proposition encore mal comprise.

Après tout, dès que les S-300 feront leur apparition sur la frontière israélienne, ils seront détruits par les forces que l’on devine. 

Cela ne fait aucun doute. Puis la Russie signera un nouveau contrat pour la livraison de nouveaux systèmes.

Et ainsi de suite.

Article publié dans Kommersant.

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