La prison russe tente de rompre avec l’héritage du goulag

Selon les chiffres officiels, début 2013 on comptait 113.500 personnes dans les centres de détention provisoire, et 588.200 dans les établissements pénitentiaires. Crédit : Itar-Tass

Selon les chiffres officiels, début 2013 on comptait 113.500 personnes dans les centres de détention provisoire, et 588.200 dans les établissements pénitentiaires. Crédit : Itar-Tass

Le ministère russe de la Justice a élaboré des propositions sur le projet de réforme des prisons.

Selon les données du Parquet général de Russie énoncées à la Chambre haute du parlement par le procureur Iouri Tchaïka, 3.907 personnes sont mortes en 2012 dans les prisons russes. On a découvert plus de 43.000 infractions relatives aux conditions des prisonniers. En outre, comme l’a indiqué le procureur général dans une interview au quotidien gouvernemental Rossiyskaya Gazeta avec, on note chaque année une augmentation des plaintes de prisonniers à la Cour européenne des droits de l'homme contre leurs conditions de détention. Les prisons russes doivent être réformées, estime Iouri Tchaïka.

Comme l’annonce Rossiyskaya Gazeta, le ministère de la Justice a élaboré ses propositions sur le projet de réforme des prisons. Dans les colonies existantes, on propose de créer en plus des dortoirs (appelés « zones » par les prisonniers et où dorment de 20 à 150 personnes) des salles fermées la nuit. Elles ne devront pas accueillir plus de dix personnes. En outre, le ministère propose d'assouplir le régime d’incarcération. Par exemple, les détenus seront officiellement en possession de livres électroniques, et les prisonniers qui travaillent pourront prendre des congés.

Il convient de noter que les autorités russes ont déjà essayé de réformer le système pénitentiaire. Le projet a débuté en 2009. Mais récemment, la presse russe a indiqué que la réforme de l’héritage du Goulag était d’une part irréalisable, et d’autre part avait connu un échec. La raison est le manque de moyens financiers. Comme l’a expliqué à La Russie d’Aujourd’hui le chef de l’association de défense des droits de l’homme Agora Pavel Tchikov, les auteurs des propositions antérieures de réforme du Service fédéral d’application des peines (FSIN) se fixaient comme objectif d'améliorer les conditions de détention et de renforcer l'efficacité de la peine. Le but ultime était de réduire le nombre de récidivistes. « L'idée était de se débarrasser de l'héritage du goulag et de mettre la prison en conformité avec les normes européennes », a déclaré Pavel Tchikov.

En chiffres


Selon les chiffres officiels, début 2013 on comptait 113.500 personnes dans les centres de détention provisoire, et 588.200 dans les établissements pénitentiaires.

En particulier, on prévoyait de séparer les délinquants primaires et les récidivistes, pour prévenir la transmission de la soi-disant de la « culture pénitentiaire ». Les auteurs des réformes supposaient que dans 10-15 ans, les détenus adultes purgeraient leur peine soient dans des colonies à régime léger, soit dans des prisons. Les colonies seront avec ou sans contrôle renforcé, et les prisons seront destinées aux récidivistes et aux personnes condamnées pour des crimes. On prévoyait de construire dans l'ensemble du pays 400 prisons et de fermer environ 40 colonies.

La résolution de ce problème s'est avérée être extrêmement difficile. Les experts estiment que la mise en œuvre de ce programme exigerait une somme astronomique : 1.800 milliards de roubles (environ 600 milliards de dollars). Ce montant n’était pas fixé dans le budget fédéral. Le créateur du réseau social Gulagu.net (« non au goulag ») Vladimir Osetchkine pense qu’il sera possible de réorienter la réforme dans la bonne direction grâce à un contrôle citoyen et public du Service fédéral d’application des peines. « Le pouvoir comprend que le FSIN ne peut pas se contrôler lui-même, de sorte qu’un contrôle civil et social est nécessaire », indique le militant des droits de l'homme.

En particulier, on prévoit de renforcer considérablement à l'automne prochain le rôle des Commissions de supervision publique (ONK), dont les membres contrôlent le respect des droits de l'homme dans les lieux de détention. Les militants des droits de l’homme des ONK, en particulier, pourront être inclus dans n'importe quel système pénitentiaire sans autorisation du directeur. Au lieu d’un réseau de 700 observateurs, on créera un groupe de 3.000 militants indépendants des droits humains, bénévoles et militants de la société civile.

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