Les jeunes pro Kremlin apprennent à conduire aux chauffards

L’une des actions les plus massives du mouvement a été le meeting de soutien à Vladimir Poutine, qui a eu lieu sur la Place du Manège le 5 mars 2012, au lendemain des élections présidentielles. Crédit : AFP/East News

L’une des actions les plus massives du mouvement a été le meeting de soutien à Vladimir Poutine, qui a eu lieu sur la Place du Manège le 5 mars 2012, au lendemain des élections présidentielles. Crédit : AFP/East News

Le mouvement de jeunes extrémistes, les Nachi (« les nôtres »), qui est devenu célèbre grâce à ses actions politiques violentes, y compris une manifestation devant l’ambassade britannique à Moscou, va être dissous. A partir de sa base, va être créée d'ici fin 2013 une nouvelle organisation, sous un autre nom et avec d’autres missions.

Deux fonctionnaires du Kremlin ont évoqué dans le journal Vedomosti la réforme planifiée du mouvement. La mission principale du nouveau mouvement sera l’adaptation sociale de la jeunesse. Plus tôt, le journal Izvestia avait expliqué que la participation des représentants de l’organisation dans des actions politiques, comme des meetings par exemple, serait maintenant exclue.

Le mouvement Nachi, fondé en 2005, est justement devenu célèbre aux yeux de tous grâce à des coups de force de grande envergure, dans lesquelles ont participé jusqu’à 100 000 personnes.

Comme l’a souligné Vasilii Iakiemenko, l’un des fondateurs du mouvement, les Nachi considèrent la Russie comme le centre historique et géographique du monde, dont la liberté est menacée par « l’union contre-nature des communistes, des fascistes, des libéraux et de la haine unifiée globale envers notre président Vladimir Poutine ».

L’une des actions les plus massives du mouvement a été le meeting de soutien à Vladimir Poutine, qui a eu lieu sur la Place du Manège le 5 mars 2012, au lendemain des élections présidentielles.

Comme l’ont noté les média russes, le mouvement Nachi, fondé avec le soutien de l’administration présidentielle, était également censé lutter contre la menace de la « révolution orange » en Russie.

Nombre de leurs actions avaient un caractère ouvertement scandaleux. En 2007, ils ont fait une manifestation devant l’ambassade britannique à Moscou, après avoir accusé l’ambassadeur de l’époque, Anthony Brenton, de financer l’opposition russe.

Au forum de la jeunesse qui s’est déroulé en 2010, les activistes du mouvement ont mis en place l’installation de têtes fictives plantées sur des piques représentant quelques opposants russes et des politiques occidentaux avec des casquettes et des symboles nazis.

Cependant, déjà en 2008, le mouvement avait été transformé en un certain conglomérat d’organisations, s’occupant de problèmes moins généraux que la réaction à la « révolution orange ».

Un de ces projets est appelé « Contre les Cochons ». Déguisés en cochons, des activistes du mouvement mènent des raids dans des supermarchés pour mettre en évidence les produits avec une date de péremption dépassée sur les comptoirs.

Un autre projet a également eu une grande renommée, Stopkam, dans le cadre duquel les activistes se battent pour faire respecter le code de la route par les chauffards. 

Comme on l’explique à Vedomosti, ces projets seront retirés du mouvement, des organisations non-lucratives séparées apparaitront à leur base.

« En 2005, les Nachi ont attiré 50 000 personnes contre la menace orange en Russie. Le 6 décembre 2011, ils sont allés eux-seuls sur la place du Manège pour défendre les résultats des élections. En 2012, 20 000 Nachi étaient les dernières personnes aptes au combat. Tout ce qui se passe maintenant en politique, ce n’est rien d’autre que des répétitions », peut-on lire dans Vedomosti qui cite le fondateur du mouvement Vassili Iakiemenko. « Pour que quelque chose se produise de profondément nouveau du côté des Nachi, il faut changer le cours politique actuel. Je ne crois pas que cela soit nécessaire pour qui que ce soit. »

« Le mouvement des Nachi avait deux missions : occuper la rue et détourner la jeunesse de l’opposition », a expliqué le politologue Alexeï Makarkine dans un entretien à la Russie d’Aujourd’hui. « Ni l’une, ni l’autre n’ont été remplies, estime le politologue. Les autorités, comme par le passé, s’occuperont des jeunes en politique, mais maintenant de tels projets revêtiront un caractère plus local », suppose Makarkine.

Les sources utilisées proviennent de publications d’Izvestia et Vedomosti.

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