49% des Russes ont une opinion positive de Staline

L’étude du Centre Levada révèle également que le nombre de personnes considérant que le rôle de Staline a été « sans aucun doute positif ». Crédit : AP

L’étude du Centre Levada révèle également que le nombre de personnes considérant que le rôle de Staline a été « sans aucun doute positif ». Crédit : AP

Alors que la Russie s’apprête à commémorer le soixantième anniversaire de la mort de Joseph Staline le 5 mars, 49% des Russes considèrent toujours que le dictateur soviétique a eu un rôle positif dans l’Histoire contre 32%.

Ces résultats recueillis par le Centre Levada, une organisation indépendante de sondages, montrent que l’opinion reste extrêmement divisée sur ce sujet, même si Staline perd un peu le soutien de la population par rapport à il y a dix ans où 53% des Russes lui adjugeaient un rôle positif contre 33%.

Parmi les adeptes de Staline, le leader du parti communiste russe, Guénnadi Ziouganov est sans doute celui qui se fait le plus entendre. Il affirme que les plus grandes réussites du peuple soviétique sous Staline doivent être attribuées à sa gouvernance efficace.

« L’industrialisation, la victoire de la Grande Guerre patriotique [nom donné par les Russes à la lutte acharnée de l’Union soviétique contre l’Allemagne nazie], la découverte de l’atome, le développement de la technologie nucléaire, le [premier] vol dans l’espace et bien d’autres succès ainsi que la gloire du grand pouvoir de l’URSS resteront à jamais dans les mémoires », a écrit en 2009 Ziouganov dans la Pravda, journal du parti communiste. « Tout cela est inextricablement lié au nom de Staline, un révolutionnaire et un patriote de la Russie. »

Arseni Roguinski, président du Mouvement pour la mémoire des droits de l’Homme, affirme que nous devons garder à l’esprit le prix payé par le peuple soviétique pour accomplir toutes ces réussites pendant l’ère stalinienne. « L’attitude envers Staline ne pourra changer que lorsque les gens comprendront que leur vie et leur dignité prévalent sur les intérêts de l’État et que l’État doit être au service de la population et non le contraire », a-t-il déclaré. « Dans un pays où le sacrifice de soi a été encouragé pendant des décennies, changer ces comportements est une tâche qui s’annonce difficile », ajoute-t-il.

L’étude du Centre Levada révèle également que le nombre de personnes considérant que le rôle de Staline a été « sans aucun doute positif » est passé de 18% à 9% ces dix dernières années.

Valeria Kasmara, professeure-assistante au département de comportement politique à la Haute école d’économie à Moscou, explique que ce taux élevé de partisans de Staline pourrait s’expliquer par le désir des Russes d’avoir « un dirigeant autoritaire et dur qui impose ses règles avec une main de fer pour combattre la corruption et le crime. »

« Ce groupe devrait être composé de la plus vieille génération née pendant la période stalinienne », explique Kasamara. « Le nombre des irréductibles partisans de Staline va aller en diminuant lorsque les représentants de cette génération vont se réduire dans la population. »

Kasamara ajoute que cette attitude généralement positive à l’encontre de Staline pourrait être due au « vide d’informations » dans lequel beaucoup de personnes vivent.

« Ces résultats révèlent que près de la moitié des Russes n’ont reçu qu’un seul côté de l’information sur Staline dans les médias nationaux et ont donc peu d’idée des erreurs qu’il a faites et du nombre de victimes causées par ces mêmes erreurs », dit-elle. « Cela pourrait être un effet de la propagande qui décrit Staline comme un dirigeant efficace. »

Avant le soixantième anniversaire de la mort de Staline, la chaîne de télévision NTV a lancé une série documentaire intitulée « Staline est avec nous ».

« Quatre millions de personnes arrêtées pour des raisons politiques, près de 800.000 fusillés, un autre million de victimes collatérales, près de deux millions de paysans envoyés dans les goulags, plusieurs millions de Tchétchènes, d’Ingouches et de Tatars de Crimée arrachés à leur terre natale… Cela fait environ dix millions de personnes dans un pays fort d’une population de 200 millions d’individus. Est-ce un nombre élevé ou non ? » demande l’auteur du documentaire, Vladimir Tchernychov. « L’argument de la fin justifie les moyens est éternel et rhétorique. Est-il plus important de se souvenir des centaines de milliers de victimes mortes pendant la construction de la nouvelle capitale de la Russie [Saint-Pétersbourg] ou faut-il être reconnaissant à Pierre Le Grand pour avoir fondé cette ville magnifique ? »

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