Parmi les infractions les plus fréquentes, HRW constate la retenue de salaire des ouvriers. Crédit : Reuters
Le rapport est basé sur le témoignage de 66 travailleurs migrants qui ont travaillé sur les sites olympiques et d’autres constructions à Sotchi entre 2009 et 2012. Les participants à l’enquête étaient originaires d’Arménie, du Kirghizstan, de Serbie, du Tadjikistan, d’Ouzbekistan et d’Ukraine. Presque tous les répondants étaient employés pour des travaux mal payés et nécessitant peu de qualifications, remplissant des tâches de manœuvres, de charpentiers, de soudeurs ou de monteurs.
D’après leurs témoignages, ils gagnaient de 55 à 80 roubles par heure (soit de 1,3 à 1,9 euros). Comme l’a souligné à Vedomosti Reitchel Denber, vice-directeur du bureau HRW pour l’Europe et l’Asie centrale, les enquêteurs ne prétendent pas à la représentativité absolue de leur rapport, leur objectif était de souligner des problèmes caractéristiques des travailleurs migrants étrangers mal payés, travaillant à la construction des installations olympiques de Sotchi.
Parmi les infractions les plus fréquentes, HRW constate la retenue de salaire : « Les ouvriers ont tous raconté qu’on ne leur versait pas complètement leur salaire et que parfois, on ne les payait pas du tout. » En outre, « beaucoup de travailleurs du stade Olympique et du principal village Olympique ont également parlé dans leur entretien à HRW de la pratique de la retenue de salaire des employés le premier mois, qui avait pour résultat que le travailleur recevait de l’argent seulement au bout de deux mois ».
« Tous les travailleurs migrants interrogés par HRW à Sotchi ont confirmé qu’ils travaillaient des heures durant et presque sans congés. Sur les sites olympiques, un régime de relève fonctionnait toutes les 12 heures, avec le début de la première relève à 8 heures, et le deuxième à 20 heures. On consacrait en tout une heure pour le repas et pour changer les vêtements le matin et le soir. Le travail durait habituellement 7 jours par semaine avec un jour de repos toutes les deux semaines. La législation du travail russe prévoit 40 heures de travail hebdomadaire avec le paiement des heures supplémentaires et, au minimum, un jour de congé par semaine », indique le rapport.
Dmitri Kozak, le vice-président responsable de la préparation des Jeux Olympiques de 2014 à Sotchi a démenti l'accusation des défenseurs des droits de l’homme de l’existence de violations des droits des travailleurs employés à la construction de sites olympiques. « Aujourd’hui, en ce qui concerne le respect des droits du travail des citoyens, la garantie de la sécurité du travail et des conditions de vie, nous avons une surveillance renforcée. L’inspection du travail s’occupe de cela pour nous : le service Fédéral de surveillance dans le domaine de la défense des droits du consommateur et du bonheur de la personne, le service de migration et le procureur. Des plaintes d’une telle échelle dont parle le rapport international n’existent pas », cite l’agence Interfacts le vice-président.
« Le rapport des défenseurs des droits de l’homme porte un coup indéniable à l’image de la Russie », explique le politologue Alexeï Makarine du Centre moscovite des sciences politiques. En particulier en prenant en compte le fait que, l’année dernière, plusieurs lois adoptées en Russie ont suscité une réaction négative de la société occidentale.
« Mais il est peu probable qu’il y ait un effet pratique sur les Jeux Olympiques. Peu avant les Jeux Olympiques chinois de 2008 à Pékin, il y avait également eu des critiques sur la violation des droits de l’homme mais ce ne fut pas un facteur limitatif pour le Comité internationale olympique », a déclaré Makarine lors de l’entretien avec le journal Vedomosti.
Article original (en russe) disponible sur le site de Vedomosti.
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