Anatomie de l'Internet russe

Dessin de Natalia Mikhaylenko

Dessin de Natalia Mikhaylenko

Dessin de Natalia Mikhaylenko

La principale question que se pose un utilisateur lambda de l’Internet russe ? Que va-t-il se passer sur le plus populaire réseau social de Russie, Vkontakte (VK). Au départ cloné sur Facebook, Vkontakte a parcouru depuis un long chemin. Aujourd’hui, il ne ressemble que de loin à son prototype américain. Pour l’Internet russe, les histoires de projets devenus des acteurs mondiaux à succès sont plutôt banales. C’est le cas du principal moteur de recherche Yandex qui non seulement devance Google en Russie depuis plusieurs années, mais tente également de le concurrencer sur d’autres marchés, et pas uniquement dans les pays post-soviétiques. L’avantage maître qui fait de VK un sérieux concurrent au regard de l’utilisateur russe est le téléchargement de musiques et de films sans licence. Régulièrement, des campagnes de nettoyage sont lancées sur le réseau social à la demande des auteurs. Trouver les contenus multimédias de son choix devient alors plus difficile. Toutefois, VK ne peut être véritablement considéré comme un site pirate : ces derniers temps, le réseau social mène des négociations avec plusieurs grandes sociétés détentrices de droits d’auteurs et, par exemple, plusieurs séries télévisées russes y sont mises en ligne de façon tout à fait légale. Globalement, VK reste une banque de données et un système de transfert de musiques et de films des plus populaires, raison pour laquelle il dépasse aisément ses principaux concurrents, notamment Facebook.

Ce dernier continue tranquillement son ascension, en particulier auprès de la classe dite « créative » : des personnes d’âge moyen ayant fait des études et qui utilisent le réseau social pour communiquer et partager des contenus en ligne. Avant, c’était surtout Live journal, qui a vu son apparition en Russie dans le début des années 2000, qui tenait ce rôle. Loin d’être la plus populaire des Etats-Unis, cette plateforme créée à l’aube du nouveau millénaire par Brad Fitzpatrick a si bien marché en Russie que la langue russe a fini par prendre le pas sur l’anglais, et que la société SUP qui détient Livejournal a fini par être rachetée par un oligarque russe, Alexandre Mamout. Aujourd’hui, le pic de popularité du Livejournal russe est derrière lui : le JJ (Jivoï Journal) ne suit plus la courbe du progrès et reste là où on l’a laissé dans les années 2000. Les moteurs et services archaïques en agacent plus d’un, même parmi les plus conservateurs. Et ce, bien que la ligne de mire de LJ soit encore loin : les réserves de popularité sont d’autant plus grandes que les Russes sont friands des longs récits agrémentés de photos et de commentaires, et que personne n’a encore inventé mieux que le LJ. De nombreux blogueurs à la mode continuent de poster sur LJ, aux côtés des autres réseaux sociaux et blogs pour la simple et bonne raison que personne ne souhaite renoncer aux visiteurs encore nombreux qui continuent de naviguer sur Livejournal.

Sur ce plan, le sort de Livejournal est beaucoup plus enviable que nombre d’autres projets, dont son clone russe Liveinternet, créé en 2003. Attirant au départ un public jeune, mais déjà difficilement capable de résister à la concurrence de Livejournal, il a finalement été terrassé par l’apparition des réseaux sociaux, et en particulier celle de VK.

D’ailleurs, son créateur, Guerman Klimenko, un homme d’affaire du business en ligne pro-Kremlin, ne semble pas découragé puisqu'aux côtés de la plateforme Liveinternet, il a créé et continue de créer d’autres produits plutôt intéressants. Parmi ses derniers, Mediametrics classe les actualités médiatiques en fonction du nombre de visiteurs transférés depuis les différents réseaux sociaux. A en croire cet outil, la plupart des clics sur les actualités viennent de VK, Facebook et Twitter qui, au vu de ce classement, semblent être les réseaux sociaux les plus en vogue en Russie. Pourtant, difficile de ne pas nommer également MoïMir@Mail.ru (autre analogue de Facebook) et Odnoklassniki (équivalent du français Copains d’avant), tous deux appartenant à la société Mail.Ru Group, particulièrement populaires en province et chez les personnes plus âgées. Je n’ai jamais vu dans les médias ou sur un blog figurer de lien vers MoïMir. Quant à Odnoklassniki,  le réseau a purement une vocation de divertissement, créé pour discuter et poster des photos de soi et de ses amis. Mais, encore une fois, le site est particulièrement populaire chez l’ancienne génération. Les talk-shows télévisés invitent même des gens qui soit se sont battus ou ont divorcé en raison d'une photo mal interprétée.

Il est facile de souligner que chaque réseau social a sa propre utilité et de nombreux Russes, y compris l’auteur de ces lignes, utilisent plusieurs d’entre eux pour résoudre différentes tâches et pour augmenter le nombre de visiteurs. J’ai moi-même un compte sur Odnoklassniki, bien que je n’ai toujours pas compris l’utilité de commenter les photos des autres.

Alexandre Pliouchtchev est journaliste, spécialiste d’Internet et top-blogueur. Il anime plusieurs émissions sur la station de radio « Echo Moskvy ».  

 

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