Image par Natalia Mikhaylenko
Dans le milieu des startups, il existe une illusion dangereuse : on pense qu'il suffit de recruter des ingénieurs expérimentés et qualifiés pour bâtir une entreprise d'innovation high-tech. Ces spécialistes sont nécessaires, mais leur présence ne suffit pas.
En fait, pour obtenir de véritables innovations, il faut des gens capables de relever les défis par des moyens nouveaux. Ceux qui s'y préparent sont non seulement des ingénieurs, mais surtout des scientifiques. Sans science, sans curiosité scientifique, aucune innovation ne peut avoir lieu.
Beaucoup de gens pensent que la Russie manque d'investissements, de capacité à faire des affaires, et d'institutions démocratiques. Tout cela est important. Mais pour la filière de l'innovation, il est bien plus important qu'il y ait une continuité dans les traditions des sciences fondamentales et appliquées : nous avons encore un enseignement, mais presque plus de science.
Bien sûr, la recherche scientifique fondamentale relève de la responsabilité de l'État. Mais n'importe qui, même une entreprise jeune et modeste, peut avoir accès à des gens engagés dans la recherche.
Comment s'y prend Parallels ? Dès le début, nous avons identifié un coordinateur chargé de la coopération avec des universités de premier plan. Dans chaque université, Parallels ouvre des chaires, paie des suppléments aux enseignants et verse des bourses aux étudiants. Nous communiquons avec les étudiants, influençons leurs sujets de diplômes et mémoires, mais nous n'intervenons pas dans le travail scientifique.
Une nuance importante. Beaucoup de startups utilisent les étudiants comme main d'œuvre à bas prix. Une telle approche est erronée : elle attire les mauvais étudiants. Les bons resteront dans leur chaire et rédigeront un diplôme et une thèse.
On obtient les meilleurs employés à partir de gens qui veulent satisfaire leur curiosité. Il est important de les attirer en douceur dans votre entreprise. Pas besoin de leur imposer des engagements fermes en termes de sujets de recherche ou d'exiger qu'ils vous rejoignent après l'obtention de leur diplôme.
Il faut bien comprendre une chose : le plus grand profit vient d'employés « cool ». Je ne connais pas de meilleure façon d'attirer des gens « cool » dans une société que de travailler avec les universités. La plupart des startups ne pensent pas qu'il est nécessaire de coopérer avec les universités, et pourtant recherchent constamment du personnel et dépensent de l'argent en recrutement.
Une telle coopération est-elle chère? Parallels dépense plus de 300 000 dollars par an, mais on peut s'en tirer avec une somme plus modique. 50 000 dollars est tout à fait suffisant.
Quand je dis tout cela aux patrons de startups, souvent ils ne comprennent pas l'importance de ce qui a été dit, ils ne veulent pas investir maintenant des sommes qui ne porteront leurs fruits que dans quelques années. Mais toutes les sociétés IT russes qui ont réussi à devenir grandes ont au départ suivi une voie similaire : Yandex, Kaspersky Lab, Parallels, ABBYY.
Nous avons investi dans la science, en collaboration avec les universités, même quand nos sociétés n'étaient pas encore rentables.
Sergueï Beloussov, associé principal de Runa Capital, fondateur et copropriétaire de Parallels, Acronis, Acumatica, Rolsen.
Source : Kommersant.
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