Énergie de demain, énergie du futur pour tous !

Illustration : Natalia Mikhaylenko

Illustration : Natalia Mikhaylenko

Illustration : Natalia Mikhaylenko

 

Énergie de demain, énergie du futur pour tous !

Au moment où est lancé en France un débat portant sur la transition énergétique, par opportunité politique s'insérant dans le flou des réflexions européennes, la Russie, qui préside cette année le G20 -  est devenue le 1er janvier 2013, est devenue le 1er janvier 2013 le 31e pays membre de l’Agence de l’OCDE pour l’Energie Nucléaire (AEN).

La Russie : acteur majeur du nucléaire civil

Cette adhésion revêt un caractère de grande portée et souligne la place de l'énergie nucléaire dans le futur mix mondial. La Fédération de Russie est  en effet un acteur majeur du nucléaire civil mondial. 

Avec le quatrième parc au monde, ayant un programme lourd de constructions nouvelles (12 réacteurs, diverses usines de traitement de combustible), la Russie dispose d'une capacité croissante en activités de réalisation et d’exploitation de centrales nucléaires, mais aussi d’extraction et de fabrication de combustible.

Ses instituts de recherche ont une grande renommée et apportent un haut niveau d'expertise technologique, tout particulièrement sur les réacteurs de 4e génération. Mais il faut également noter son exceptionnelle capacité de financement, ce qui lui permet d'être classée parmi les pays capables d'exporter la technologie nucléaire en accompagnant les projets.

Un cadre législatif nouveau

De plus, en 2011, deux lois importantes ont été votées qui placent la filière nucléaire dans un cadre nouveau.

LL'intégration de la Russie au sein de l’Agence d’Energie Nucléaire implique sa contribution pleine et entière à tous les aspects du développement du nucléaire, énergie incontournable d’aujourd’hui et de demain : cela est d’autant plus important après la perception publique suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima.

En effet si le drame japonais et les erreurs qui s'y rattachent ont partiellement rebattu les cartes de l’industrie européenne, il est certain que cela ne signifie en rien la mort d’une extraordinaire énergie, non carbonée, très sûre, qui produit l'électricité la moins chère et la plus performante sur le long terme.

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Son combustible est largement accessible, recyclable, très exothermique : la fission d’1 gramme d’Uranium 235, produit autant  d’énergie thermique que la combustion de 1,6 tonne de fuel ou de 2,8 tonnes de charbon, sans émission de CO2 !

De plus, comme le montre une récente analyse des systèmes du futur réalisée par l’AEN,  le nucléaire  a l'avantage sur le charbon, le gaz, ou le pétrole d'avoir une faible variabilité de ses coûts.

Pas de solution sans nucléaire

Certes, pour répondre aux règles draconiennes de sûreté, les investissements initiaux sont conséquents, mais l'expérience acquise et le know-how des exploitants nous démontrent que le fonctionnement est en place pour plusieurs décennies.

Face à l'augmentation de la consommation d'énergie électrique, à l'obligation de freiner l'émission de GES,  j'ai acquis une certitude : nous devons développer l'énergie nucléaire et, si le nucléaire n'est  évidemment pas la seule réponse à la demande, il n'y a pas de solution pérenne sans énergie nucléaire.

Cependant, au-delà des choix politiques engageant la responsabilité des États, la filière nucléaire a l'obligation d’innover pour répondre à la fois à l'opinion publique, aux autorités de sûreté et aux défis énergétiques du futur.

C'est ainsi que l'on évoque la génération 3, la 3 +, la 4ème génération,  le rêve ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor)…

Cela suppose d’investir massivement dans la Recherche et le Développement. Mais où trouver les financements, souvent colossaux, si ce n’est à travers des coopérations technologiques ?

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Développement des coopérations technologiques

Les exemples ne manquent pas. Dernièrement a été constituée une alliance entre des sociétés tchèques et russes pour un projet de réacteur à neutrons rapides, le SVBR-100,  sur la base  des « retours d'expériences » tirées du réacteur russe BN-600 qui fonctionne depuis 1980 sur le site de Beloïarsk, un réacteur de génération 4 unique au monde.

L'intérêt de ce type de réacteur est important à plus d'un titre, mais un point retient  l'attention : il peut consommer de l'uranium naturel, du plutonium, des déchets industriels issus du traitement de combustibles usés.

Dans le même esprit, la France et la Russie ont signé en 2011 des accords essentiels :

- partenariat entre le Commissariat français d’Energie Atomique (CEA) et Rosatom portant sur le développement d’un réacteur G4 à caloporteur  sodium ;

- coopération lancée sur l'industrie mécanique nucléaire et le cycle du combustible ;

- coopération pour le contrôle du bon fonctionnement de sites entre le service fédéral Rostechnadzor et l'Autorité de Sûreté Nucléaire ;

- liens tissés entre  Rosatom et les opérateurs français, Areva, EDF, Alstom… et, depuis peu, l’Andra.

De dimension plus internationale, rendue nécessaire par l'ampleur des recherches et des coûts, le projet ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) est en route. Au moins 14 pays participent à cette formidable aventure  de la fusion thermonucléaire, à l'image de l'énergie du soleil.

L'objectif est ambitieux : produire avec seulement 30 grammes de matière la quantité  d'énergie utile à un individu pendant toute sa vie ! Mais un tel projet n’aurait pas vu le jour sans la mutualisation à la fois des financements et des compétences technologiques et scientifiques. La Russie apporte là aussi son expérience et sa contribution à l’équipe internationale.

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Faire face à une demande immédiate...

Mais si la vision de l'énergie du futur à moyen et long terme doit faire partie des préoccupations des États et des gouvernements, il est impératif de répondre à la demande immédiate : il faut  financer et construire dès maintenant de nouveaux réacteurs et divers pays sont dans une attente quasi urgente. 

L'exemple  du Bangladesh qui compte près de 160 millions d’habitants en témoigne. En situation de pénurie énergétique, ce pays devra pallier rapidement l’épuisement de ses ressources en gaz naturel. Il a donc un besoin urgent du nucléaire civil. La Russie vient de lui accorder un crédit de 500 millions de dollars, ce qui va permettre de lancer le chantier dès 2014, et d'espérer une mise en exploitation, après 2020, d'une centrale aux normes dites « post Fukushima », résistant aux séismes et aux tsunamis.

La part des équipements et systèmes de sécurité atteint 40% du coût  de cette nouvelle génération de centrales, ce qui situe bien les exigences nouvelles, fondées ou non.

La construction par EDF de la 3ème tranche de Flamanville en Normandie relève de cette démarche nouvelle : l'hyper sécurisation. L'exploitant, les entreprises du chantier, l'Autorité de contrôle avancent avec succès, pas à pas, dans la réalisation de cette « tête de série » référence  internationale pour la génération 3.

Ayant personnellement participé à son installation dans une région largement favorable aux technologies de pointe, suivant avec attention l'évolution du chantier,  je mesure les exigences de qualité dans la conception, la réalisation, le suivi et le contrôle.

Les multiples délégations étrangères venues s'informer sur le site témoignent de l'interrogation suscitée par les soucis de maîtrise financière et technologique du projet.

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Sur le site de Kaliningrad,  les Russes, aptes à financer les projets, ont invité les opérateurs européens à participer à la centrale Baltiskaïa pour un réacteur de 3e génération. Alstom a créé une joint-venture avec le russe Atomenergomash et y fournira les turbines arabelle, de technologie française avancée.

De même à Bélène, en Bulgarie, c’est le système de contrôle-commande Areva-Siemens qui sera mis en place si ce projet se concrétise. Il s'agit là encore d'un réacteur russe 3G, à eau légère, de conception nouvelle, sans équivalent à ce jour en Europe hormis Flamanville 3.

… et à l’exigence de sûreté nucléaire

De tels partenariats illustrent la dimension internationale inter entreprises de la filière nucléaire, mais aussi sa spécificité de très haute valeur technologique, apportant la certitude de sûreté exigée par l'opinion publique, d'une part, mais surtout par une autorité de sûreté indépendante et rigoureuse.

La coopération internationale est donc un partage de cette exigence et un gage de qualité pour le futur exploitant comme pour le futur consommateur.

Lors d'un colloque parlementaire que je présidais en 2008, j’avais proposé la mise en œuvre, au  niveau de l'Europe, «  politique énergétique commune » (PEC), à l’image de la politique agricole commune (PAC), afin d’impulser une nouvelle dynamique de coopération internationale et notamment nucléaire que je considère comme  vitale pour l’Europe et les Européens.

Les différences marquées au sein de chaque État ont, à ce jour, bloqué le processus interne à l'Union Européenne. Il faut dépasser cette situation  et se tourner vers les lieux de compétences et de volonté politique.

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Il semble bien, après Fukushima, que nous pouvons  entrevoir de partager et de garantir les mêmes normes de sûreté sur  notre continent et dans le monde. Un pas très important a été franchi lorsque la Russie, consciente de cet enjeu, a fait réaliser les audits (stress-tests) et les contrôles par des équipes d'experts internationaux.

J'ai pu mesurer au cours d'une mission en Russie avec la délégation du HCTISN*, la prise en compte de ces éléments essentiels par tous les acteurs institutionnels et exploitants.

Il est donc clair que le soutien de la Russie aux côtés de la France et du Royaume-Uni - trois pays moteurs qui ont fait le choix de la haute sûreté nucléaire - donnera à l’Agence Internationale de l'Énergie Atomique (AIEA) un pouvoir de contrôle accru, de nature supra nationale, sur le parc nucléaire mondial.

L'information, la transparence auront ainsi des bases irréprochables et incontestables qui contribueront à clarifier les débats et à rapprocher les citoyens des réalités industrielles. Au-delà de la compétition logique entre opérateurs, des positionnements géostratégiques ou sociaux-politiques, il sera alors possible de faire converger l'intérêt public et la valeur économique : la garantie d'une haute sûreté et l'accès assuré à une énergie non carbonée et compétitive.

Pour édifier ce nouveau nucléaire, dont nous avons la responsabilité pour les générations futures, nous devons impérativement forger les clés d'un véritable partenariat pour une coopération claire et fructueuse entre  chercheurs et  entreprises de nos pays respectifs.

Dr Claude Gatignol est le Député Honoraire de Normandie, membre du HCTISN (Haut Comité pour la Transparence et l’Information sur la Sureté Nucléaire) Ancien Vice-Président de l'OPECST (Office Parlementaire d’Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques).

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