Les Khantys, habitants de la Taïga : éleveurs de rennes et interprètes des traces d’animaux

La région autonome de Khanty-Mansijsky (aussi connue sous le nom de Jugra), située dans l’Oural, existe officiellement depuis 1931, bien que la première mention écrite des habitants de ces « terres du nord » remonte à des Contes d’antan de 1096

Le système soviétique a à la fois contribué de manière positive mais aussi négative à la vie du peuple autochtone du nord. D’une part, il a apporté une meilleure éducation – l’écriture, les écoles spécialisées, les internats, permettant ainsi à l’intelligentsia locale de s’épanouir. D’autre part, la croissance industrielle et la collectivisation ont entraîné l’exode des autochtones des territoires occupés.

En raison du refus des coutumes traditionnelles, cette partie de la population locale a perdu l’usage des langues nationales. Les jeunes ont quitté la Taïga à la recherche d’une vie meilleure. En revanche, récemment, quelques mouvements positifs se dessinent ; certains représentants du peuple du nord commencent à retourner à leurs sources, créant des nouvelles tendances, telles que l’ethno-tourisme ou d’autres deviennent des ascètes.

Qu’ils le veuillent ou non, la plupart des Khantys qui mènent une vie traditionnelle font office d’écologistes ou de gardiens d’animaux sauvages. Ce sont eux qui nettoient les forêts après le passage des vacanciers, des ouvriers ou des chasseurs sportifs irresponsables, et c’est également eux qui doivent faire en sorte que ceux-ci respectent les règles de la forêt.

La famille de Kazamkinyh habite le village Varyogan dans la région de Nizhnevartovsk. La famille possède deux villages en ville et les enfants fréquentent l’école locale. Toutefois, la famille passe la plupart de son temps dans les campements de la Taïga. Vitaly, le chef de famille, fait ces jours-ci des petits commerces. En règle générale, cette famille respecte et pratique toutes les traditions anciennes, vieilles de plusieurs siècles.

Toutes les familles qui habitent la Taïga disposent de trois camps différents : un pour l’hiver, un pour le printemps, et un autre pour l’été. Ils se déplacent entre ces camps en fonction des saisons, de la période de vêlage des rennes, de la quantité d’aliments dont ils disposent pour leur bétail (la mousse), etc. Chaque camp est équipé du nécessaire : une cabane, un enclos pour les rennes, des granges et un traîneau, entre autres.

La cabane typique des Khantys est petite et en bois. L’entrée des portes est basse. Elle compte une pièce, précédée d’un espace de rangement, que toute la famille partage, deux fenêtres et une petite terrasse en bois surélevée, appelée « nary ». Le camp de cette famille (de quelques hectares carrés) est clôturé afin d’empêcher les rennes de s’éloigner. Les habitants de Khanty prennent la chasse très au sérieux, car cela permet de nourrir la famille. Ils ne se déplacent jamais sans leur fusil.

Malgré le besoin de chasser constamment, les Khantys veillent strictement à ce que la population des animaux de chasse ne diminue pas, car il en va de leur survie. La cuisine des Khantys se distingue par la facilité et la rapidité de sa préparation : soit de la viande ou du poisson bouillis ou de la viande crue et surgelée, appelée « stroganina ».

Les enfants des Khantys font l’objet d’une affection et d’un respect particuliers, car, d’après leur religion, les âmes des ancêtres retournent pour habiter les nouveau-nés. Les Khantys ont préservé les croyances religieuses de leurs ancêtres. C’est une affaire très personnelle qu’ils n’évoquent pas facilement, sans doute toujours hantés par la peur inspirée par le sort réservé aux chamanes durant l’époque soviétique, où beaucoup d’entre eux ont été accusés et punis d’hérésie.

Une labaz est une petite cabane construite sur pilotis (pour se protéger des animaux sauvages) où l’on entrepose du matériel, des vêtements, de la viande et d’autres produits. Cette labaz et la zone qui l’entoure sont considérées sacrées ; après le crépuscule, il est interdit d’y pénétrer, d’autant plus d’y chercher quelque chose.

De nos jours, les Khantys utilisent néanmoins la télévision, le téléphone mobile, le talkie-walkie, ou toute autre technologie qui facilite le quotidien. Ils empruntent également les moyens de transport modernes, étant donné les grandes distances qu’ils doivent parcourir pour traverser la Taïga. En été, ils utilisent la voiture ou les chevaux ; en hiver, les motoneiges, les traîneaux de rennes et les skis.

Les campements des Khantys sont directement liés aux forages de pétrole (à noter : 51% de pétrole produit en Russie provient de la région autonome de Khanty–Mansi !). Vitaly, le chef de famille Khanty raconte : les Khantys se sont toujours implantés au long des fleuves, là où les poisons étaient abondants en hiver. Or, les poissons viennent là où se trouve les champs de pétrole car la température de cet « or noir » est plus élevée que celle de l’eau et les poissons puisent l’oxygène dont ils ont besoin pour vivre sous la glace. C’est pourquoi on effectue les forages pour trouver du pétrole dans les endroits habités par les Khantys qui, par conséquent, se voient expulsés de ces terres-là.

Le climat de la Taïga est très rude. En hiver, les températures baissent jusqu’à -60 degrés Celsius. En été, une courte période fraiche, les insectes pullulent. Quoi qu’il en soit, tout Khanty qui se respecte peut facilement prédire le temps qu’il fera en regardant les étoiles et en interprétant les traces des animaux.

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