En conformité avec les ententes russo-américaines, un « régime de calme » est entré en vigueur à Alep le jeudi 5 mai. Selon les informations en provenance de la ville, cette dernière bénéficie d’une « relative accalmie ».
La cessation des hostilités en Syrie a été annoncée dès le 27 février, mais les combats pour Alep faisaient toujours rage. Damas expliquait la poursuite des hostilités par la nécessité de faire face aux islamistes. Les positions des djihadistes, surtout du Front al-Nosra (organisation interdite en Russie, ndlr) qui n’est pas concerné par la trêve, sont particulièrement fortes dans cette région du nord de la Syrie. Dans le même temps, les détracteurs du président syrien Bachar el-Assad et les pays occidentaux accusaient ses troupes de lutter contre l’opposition modérée.
L’entente sur la cessation des hostilités à Alep est intervenue dès le 3 mai, a précisé mercredi Vitaly Tchourkine, ambassadeur de Russie aux Nations unies, lors d’une réunion spéciale du Conseil de sécurité consacrée à la situation dans cette ville. Toutefois, a-t-il ajouté, l’entente a été torpillée par l’opposition qui a effectué des frappes aux lance-roquettes et aux mortiers contre les quartiers d’Alep contrôlés par le gouvernement.
Alep est divisée depuis plusieurs années en secteurs par les belligérants. Ainsi, les quartiers ouest se trouvent sous contrôle de l’armée gouvernementale, tandis que les autres sont partagés entre les rebelles et les djihadistes. Moscou et Damas déclarent que les positions du Front al-Nosra et de l’opposition sont si étroitement entrelacées qu’il est impossible de porter des frappes uniquement contre les forces radicales.
Sergueï Demidenko, orientaliste de l’Académie présidentielle russe de l’économie nationale et de l’administration publique, a indiqué dans une interview à RBTH que les positions des parties en conflit à Alep étaient tellement embrouillées qu’il était souvent difficile de préciser leur situation.
Selon lui, ces parties sont trop nombreuses : outre les forces gouvernementales, les principaux groupes islamistes et l’opposition, il existe également diverses formations ethniques et confessionnelles. Chacune des parties prises dans l’engrenage du conflit possède son propre plan d’action qu’elle ne coordonne que très rarement avec les autres groupes.
Ce « millefeuille » détermine la courte durée de toute trêve : dans le chaos qui règne à Alep, il est impossible de s’entendre sur quoi que ce soit pour un délai prolongé. Dans ce contexte, a-t-il poursuivi, les positions de l’opposition dite laïque et de l’opposition dite modérée de l’Armée syrienne libre (ASL) sont faibles aussi bien à Alep que dans l’ensemble de la Syrie.
Les islamistes ont bien plus d’influence. D’ailleurs, l’ASL ne possède pas de structure claire et nette, a fait remarquer Sergueï Demidenko. C’est une constellation d’organisations comprenant notamment plusieurs groupes islamistes, ce qui complique sérieusement tout accord éventuel avec l’ASL.
L’Occident s’est d’ores et déjà félicité de la cessation des hostilités. Selon John Kerry, secrétaire d'Etat américain, les Etats-Unis espèrent que la trêve sera respectée tant par les autorités que par l’opposition. Pour le chef de la diplomatie allemande, Frank-Walter Steinmeier, c’est une bonne base pour relancer les négociations de Genève suspendues il y a un certain temps entre les autorités et l'opposition syriennes.
Moscou a pour sa part mis en doute l’honnêteté de certains acteurs œuvrant en faveur de la normalisation de la situation en Syrie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a souligné qu’en négociant la cessation des hostilités à Alep avec la Russie, les Etats-Unis avaient tenté « de définir la limite de la « zone de calme » de façon à s’emparer de la plupart des positions revenant au Front al-Nosra ».
Dans ce contexte, il a supposé que certains tentaient de manipuler de Washington pour « éviter toute frappe contre le Front al-Nosra ». Sergueï Lavrov a déclaré qu’il pourrait s’agir de la Turquie. Pour étayer ses dires, il a cité informations faisant état des « relations répréhensibles » qu’entretient Ankara avec Daech (organisation interdite en Russie, ndlr) et le Front al-Nosra.
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