Après les combats à Marinka, la République populaire de Donetsk (autoproclamée) a fait état de 21 morts et 124 blessés. Crédit : Reuters
Après les combats à Marinka, la République populaire de Donetsk (autoproclamée) a fait état de 21 morts et 124 blessés. Il y a également des victimes parmi les civils : 5 morts et 38 blessés. Kiev a évoqué pour sa part des pertes : 5 tués et presque 40 blessés parmi les militaires.
Accusations réciproques
Les deux parties belligérantes se sont réciproquement accusées dès le début des hostilités. Selon des représentants de la République de Donetsk, les militaires ukrainiens ont d’abord évacué la ville où sont entrés les combattants de la République. Le porte-parole du ministère de la Défense de la République autoproclamée, Vladislav Brig, a indiqué dans une interview au journal Kommersant que les milices populaires déployées à Marinka ne faisaient que « prendre des mesures pour prévenir les tirs » régulièrement réalisés contre Donetsk depuis ce secteur. D’après Edouard Bassourine, vice-ministre de la Défense de la République, il s'agissait d'une provocation de la partie ukrainienne.
Kiev a déclaré pour sa part que les partisans de la République de Donetsk avaient lancé une large offensive à Marinka, mais avaient été arrêtés, avant de devoir reculer. Les autorités d’Ukraine rejettent la responsabilité de cette aggravation sur la Russie. Dans son message annuel au parlement, le 4 juin dernier, le président ukrainien Petro Porochenko a déclaré que la Russie avait besoin de combats acharnés dans le secteur pour convoquer une réunion extraordinaire du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) et obtenir l'autorisation d'utiliser les troupes russes en Ukraine. Dans le même temps, commentant la déclaration précédente sur l’éventualité d’une réunion extraordinaire du Conseil de la Fédération, la présidente de ce dernier, Valentina Matvienko, a lié cette nécessité à l’adoption d’importants projets de loi avant la fin de la session de printemps. Dans ce contexte, elle a nié tout retentissement éventuel de ces actes législatifs. En mars 2014, le Conseil de la Fédération a approuvé la demande du président Vladimir Poutine de lui accorder le droit d'introduire les troupes en territoire ukrainien suite à « la situation en Ukraine et au danger pour la vie des citoyens et militaires russes stationnant en Crimée ». Le chef de l’Etat n’a alors pas eu recours aux pouvoirs conférés.
Les experts ukrainiens partagent la certitude des autorités et accusent Moscou de l’escalade du conflit. Leonid Poliakov, ex-ministre de la Défense et chef du Conseil d’experts du Centre d’études de l’armée, de reconversion et du désarmement d’Ukraine, a souligné dans une interview à l’édition ukrainienne Glavred que la Russie voulait maintenir la République populaire de Donetsk et la République populaire de Lougansk (également autoproclamée) en tant qu’instruments de pression sur l’Ukraine et que, souhaitant renforcer les deux républiques, elle cherchait à écarter les troupes ukrainiennes des grands centres administratifs – Donetsk et Lougansk – plus loin, de 20 à 30 kilomètres.
Le département d’Etat américain a lui aussi rejeté la responsabilité pour l’aggravation de la situation dans le Donbass sur la Russie. « Moscou porte une responsabilité directe pour éviter de telles attaques et faire appliquer le cessez-le-feu », a déclaré la porte-parole du département d’Etat, Marie Harf.
« Concentration de l’escalade »
Les experts russes estiment pour leur part qu’il s’agit d’une provocation de l’Ukraine. Selon Alexeï Fenenko, de l’Institut des problèmes de la sécurité internationale de l’Académie des sciences de Russie, ces développements s’inscrivent dans la logique de l’actuel processus politique en Ukraine, marqué notamment par la « situation précaire » du président Petro Porochenko. « D’une part, le président Porochenko ne peut pas accepter un scénario similaire à la Transnistrie (un conflit gelé avec, pratiquement, la séparation d’une partie du Donbass) et le début du processus politique. D’autre part, il réalise qu’une nouvelle guerre conduira vraisemblablement à sa défaite. De ce fait, il choisit la même tactique que la fois précédente : des accrochages limités qui prouveront aux siens que la guerre se poursuit, mais qui n’aboutiront pas à des opérations militaires d’envergure », a expliqué l’expert dans une interview à RBTH.
Toutefois, fait remarquer Alexeï Fenenko, « cette tactique peut montrer des failles » à un moment donné, plus précisément en cas de « concentration de l’escalade » : ce fut le cas aux environs de Débaltsevo, après le premier Accord de Minsk, et c’est le cas aujourd’hui. Il estime que l’actuelle aggravation de la situation ne se limitera pas aux affrontements à Marinka, mais ne croit pas non plus à la reprise d’hostilités d’envergure. Le plus probable sera une opération locale, une nouvelle défaite des Forces armées ukrainiennes et la signature d’un troisième Accord de Minsk.
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