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Le ministère russe des Affaires étrangères précise que, dorénavant, toutes les décisions seront prises par les parties en respect des principes de progressivité et de réciprocité, proposées par le passé par le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov. Moscou espère qu’une fois l’accord sur le PNI conclu, l’Iran pourra prendre une part plus active à la résolution des problèmes et conflits régionaux.
Les experts russes sont néanmoins partagés quant à l’avenir des relations russo-iraniennes après la levée des sanctions.
Dans un entretien avec RBTH, Alexandre Kouznetsov, expert de l’Institut de pronostics et de règlement des conflits politiques, a précisé que « la signature de l’accord sur le PNI n’aura pas d’impact sur l’image internationale de la Russie, car, ces dernières années, les Iraniens négociaient principalement avec les États-Unis, alors que la Russie, tout en restant membre du groupe des six, se consacrait à d’autres problèmes ».
Il estime toutefois que les craintes exprimées actuellement à Moscou quant au rapprochement éventuel des États-Unis et de l’Iran sont prématurées. « Obama est certes intéressé par une détente avec l’Iran, mais son administration mène une politique d’endiguement de l’expansion iranienne », a assuré Kouznetsov.
« Les Américains ont refusé de soutenir l’effort iranien en matière de lutte contre l’EI. En Syrie, la confrontation entre le régime de Bachar el-Assad et l’opposition armée soutenue par l’Occident repart de plus belle. Washington a soutenu les actions menées par l’Arabie saoudite au Yémen », explique l’expert.
Par ailleurs, Kouznetsov ne s’attend pas non plus à un développement rapide des relations russo-iraniennes suite à la signature de l’accord avec les Six : « La coopération politique entre la Russie et l’Iran existe déjà. Des hauts fonctionnaires iraniens se rendent régulièrement à Moscou. La Russie fournit un soutien militaire et technique à l’Iran. Les deux pays collaborent dans l’assistance qu’ils apportent à al-Assad. Pourtant, il serait prématuré de parler d’un partenariat stratégique. Les Iraniens ont des raisons d’exprimer leur mécontentement. Par exemple, l’Iran souhaite rejoindre l’Organisation de coopération de Shanghai (OSC), mais la Russie ne l’aide pas tellement sur cette question, car le Kazakhstan et la Chine s’y opposent ».
La coopération économique bilatérale est également confrontée à plusieurs contraintes : « La Russie n’a pas profité de la période des sanctions pour s’implanter en Iran, les occasions de le faire seront désormais limitées par la concurrence de la part de l’Union européenne et de la Chine. Nous ne serons utiles que dans certains secteurs – le nucléaire civil, les chemins de fer, l’énergie électrique. L’accord sera surtout bénéfique à l’Union européenne ».
Si les sanctions pesant sur l’Iran sont levées, la Russie devra y affronter une concurrence de la part des pays occidentaux, alors que l’Iran disposera d’une « plus grande marge de manœuvre », a déclaré Fedor Loukianov, président du Conseil pour la politique de sécurité et de défense, à Gazeta.ru.
Son avis est également partagé par Alexeï Arbatov, expert en chef du Centre de sécurité internationale de l’Institut d’économie mondiale et des relations internationales de l’Académie russe des Sciences : « Nous pourrons éteindre notre coopération économique, mais si nous avons à gagner en matière de ventes d’armement, dans les autres domaines, l’Iran pourra toujours élargir ses relations et solliciter le Japon ou les États-Unis ».
Vladimir Evseïev, directeur du département du Caucase de l’Institut des pays de la CEI, se montre plus optimiste. Il nous explique qu’une fenêtre d’opportunités s’ouvre désormais dans les relations entre la Russie et l’Iran, car les sanctions contre l’Iran ne seront pas levées immédiatement.
« La construction d’un nouveau bloc pourrait démarrer à la centrale nucléaire de Bouchehr cet automne. Les Iraniens nous ont sollicités pour moderniser les chemins de fer. Nous sommes sur le point d’étendre notre coopération militaire. Notre collaboration pourrait porter sur les livraisons de matériel pour la Marine et l’Armée de l’air, sur la modernisation de la défense aérienne, les exercices conjoints et la formation du personnel », a expliqué l’expert.
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