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Dans la déclaration finale, les leaders des principales économies d’Asie et du Pacifique soulignent : « L’APEC doit œuvrer pour la consolidation et la promotion de l’intégration économique régionale, soutenir un système commercial multilatéral, lutter contre le protectionnisme dans toutes ses formes et adopter des mesures pour empêcher une éventuelle fragmentation du commerce régional ».
Le lancement du processus de création d’une Zone de libre-échange d’Asie-Pacifique (ZLEAP) doit répondre à ces défis. Le processus est complété par la Feuille de route portant sur la contribution de l’APEC à la mise en œuvre de la ZLEAP, elle constitue l’un des principaux succès du forum, comme l’a souligné l'hôte du sommet, le président chinois Xi Jinping.
C’est également la principale réalisation de la Chine qui a formulé cette initiative au cours du forum et s’apprête à conduire sa mise en œuvre, bien que les discussions sur l’intégration en Asie-Pacifique remontent à la naissance de l’APEC, il y a voici 25 ans.
En substance, la proposition chinoise offre une alternative à l’idée américaine du partenariat trans-Pacifique (TPP) – une zone de libre-échange également, qui devrait comprendre les États-Unis, le Japon et la plupart des pays de la région proches de Washington, mais sans la Chine et la Russie.
Après avoir désigné, il y a deux ans, la région d’Asie-Pacifique (APAC) comme une zone de ses intérêts nationaux prioritaires, le président Barack Obama construit un système qui vise à contenir la Chine. Ce système reproduit largement l’attitude à l’égard de l’Europe, où les frontières de l’Union européenne sont presque identiques à la zone de responsabilité de l’OTAN.
C’est, sans doute, pour cela que, la veille du sommet, la presse chinoise avait qualifié la politique d’Obama de « banale ». Les experts russes partagent cette opinion. « Les États-Unis ne proposent rien de nouveau à Pékin », indique Gleb Ivachentsov, directeur adjoint du Centre d'études russe de l'APEC.
La Chine, en revanche, a proposé un partenariat global sans les clivages qui stimulent la confrontation. La proposition a reçu un soutien absolu de la Russie. Dans son intervention à la première réunion de travail des leaders économiques du forum de l’APEC, le président russe Vladimir Poutine a souligné : « Dans ce contexte, j’aimerais saluer la feuille de route de Pékin, préparée par la présidence chinoise, qui vise à nous rapprocher de la création d’une zone de libre-échange d’Asie-Pacifique. Les mesures proposées par cette feuille de route permettront d’harmoniser les initiatives d’intégration réalisées au sein de l’espace de l’APEC ». Le président russe a, toutefois, souligné que « les nouveaux accords ne doivent pas porter atteinte au système commercial multilatéral de l’OMC ».
C’est, à la fois, une critique à l’égard de la conception américaine de la Communauté trans-Pacifique et un soutien à la position chinoise qui fait écho aux propositions avancées en 2012 lors du sommet de l’APEC à Vladivostok.
Approches unies et hausse du commerce
L’unité conceptuelle des approches de Moscou et de Pékin à la coopération en Asie-Pacifique est également confirmée par le développement rapide des liens commerciaux et économiques bilatéraux qui s’est manifesté, notamment, en marge du sommet de l’APEC. Les pays sont parvenus à un accord de principe sur le nouvel itinéraire de livraison de gaz en Chine, la route de l’Ouest, qui brise le monopole européen en tant que consommateur du gaz russe.
En outre, Rosneft et la China National Petroleum Corporation (CNPC) ont signé, en marge du sommet, un accord cadre sur l’acquisition par la compagnie de 10% des parts de Vankorneft. C’est une préférence majeure accordée aux importateurs chinois. Les livraisons directes du gaz en Chine augmentent également. Le dirigeant de Rosneft Igor Setchine a déclaré que la Russie et la Chine se sont accordées sur des livraisons supplémentaires de pétrole pour un volume de 5 millions de tonnes de pétrole par an.
Rappelons qu’en juin 2013, Rosneft et la CNPC ont signé un contrat à long terme de livraison du pétrole russe en Chine. « Son volume s’élève à 365 millions de tonnes sur 25 ans, le montant de la transaction est estimé à 216 milliards d’euros », avait alors annoncé Setchine.
Il ne s’agit là pas tant d’un moyen de surmonter les sanctions actuelles contre la Russie que d’un tournant stratégique russe vers l’Est, annoncé il y a deux ans par le président russe.
Celui-ci ne se limite pas au renforcement du partenariat avec la Chine. Le grand objectif de la Russie est de parvenir, grâce à la coopération en Asie-Pacifique, à relancer et développer l’économie de la Sibérie et de l’Extrême-Orient russe. « Ce n’est que comme ça que le pays parviendra à rétablir et à conserver le statut de grande puissance. Il n’y a pas d’autre moyen », souligne Gleb Ivachentsov.
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