Le sommet de l'APEC renforcera les liens entre Moscou et Pékin

Crédit : Getty Images / Fotobank

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Au cours du sommet de l’APEC qui se tiendra à Pékin du 9 au 11 novembre, le président russe Vladimir Poutine participera à une série de rencontres qui devront confirmer l’importance accrue de l’axe oriental dans la politique extérieure de Moscou. La question d’éventuels contacts avec le président des Etats-Unis reste ouverte.

La Chine – un partenaire stratégique 

Il a déjà été annoncé qu’en marge du sommet, Vladimir Poutine rencontrera le président de la République populaire de Chine Xi Jinping dès le premier jour.

« Les dirigeants évoqueront la coopération bilatérale, les problèmes internationaux et régionaux actuels, confronteront les positions des deux pays sur les principaux sujets de discussion des prochains sommets de l’APEC et du G20. A l’issue des pourparlers, plusieurs documents bilatéraux devraient être signés », annonce le service de presse du Kremlin.

Dès mars dernier, lors de la visite de Vladimir Poutine en Chine, les parties avaient annoncé une nouvelle étape de partenariat global et de coopération stratégique.

Elles ont, par ailleurs, rappelé les engagements précédents prévoyant « d’apporter un soutien mutuel ferme pour les questions portant sur leurs intérêts fondamentaux, notamment en matière de souveraineté, d’intégrité territoriale et de sécurité ». Une allusion à peine voilée à une possible alliance militaire, que, pour l’instant, Moscou et Pékin n’évoquent pas publiquement.

Cette position est confortée par la forte accélération des relations économiques sino-russes.

En mai dernier, le méga-contrat sur la construction du gazoduc Force de la Sibérie et la livraison de gaz naturel pour un montant 320 milliards d’euros a été signé. Il ne s’agit là que de la route de l’Est, les négociations étant également en cours sur la route de l’Ouest qui permettra, en cas de besoin, de réorienter vers la Chine le gaz transitant en direction de l’Europe depuis la Sibérie occidentale. Une souplesse qui pourrait s'avérer très utile pour la Russie.

En octobre dernier, la société d'État Rosneft a annoncé la cession de 10% des actions du projet de développement du principal gisement pétrolier de la Sibérie occidentale à l’entreprise pétrolière d’État chinoise CNPC.

Ce groupe chinois a également acquis 20% des actions du projet de construction à Yamal d’une usine de GNL développé par le groupe Novatek. Concrètement, la Russie a enfin ouvert aux Chinois un accès à l’exploitation de ses ressources.

Les projets de construction de la première ligne russe à grande vitesse Moscou-Kazan avec la participation de China Railway Construction Corp font l’objet de négociations actives. Le montant de la transaction s’élève à environ 8 milliards d’euros avec la possibilité de prolonger la ligne jusqu’à Pékin. Alstom sera l’un des concurrents que la Chine devra affronter pour cet appel d’offres.

Huawei Technologies se positionne pour des projets d’une envergure équivalente dans le domaine de la téléphonie mobile.

Pour garantir les transactions, les banques centrales russe et chinoise ont conclu un accord d'échange (swap) de devises (roubles et yuans) pour un montant équivalent à 20 milliards d’euros. Cela permettra aux entreprises russes de contourner les sanctions occidentales, qui restreignent les emprunts auprès des banques étrangères, et à la Chine de préserver ses réserves de change. Le tout visant à terme à évincer le dollar des règlements mutuels.

En somme, les relations sino-russes vivent clairement leur lune de miel, comme le confirment, une fois de plus, les prochains pourparlers entre Poutine et Xi Jinping. L'occasion de prouver à nouveau aux États-Unis que la politique actuelle des sanctions ne fait que pousser la Russie dans les bras de la Chine, renforçant cette dernière dans la confrontation globale.

Cependant, on ne peut pas dire que l’axe oriental de Moscou soit concentré uniquement sur le pôle chinois. En marge du sommet à Pékin, Poutine rencontrera également le premier ministre japonais Shinzo Abe.

Le Japon s’efforce par tous les moyens de signaler à Moscou qu’il s’est fait forcer la main dans la question des sanctions contre la Russie, et qu’il est prêt à discuter de la coopération économique en Sibérie.

D’autant plus que c’est le seul pays qui bénéficie d’une réelle expérience dans ce domaine depuis l’époque soviétique. C’est, par exemple, le Japon qui, conjointement avec la Russie, a lancé le développement de gisements d’hydrocarbures à Sakhaline.

Coopération multilatérale

La Russie a mis le cap sur l’Est, et est ouverte à la coopération multilatérale. La veille du sommet, le gouvernement russe a soumis à la Douma russe un projet de loi sur les territoires de développement prioritaire (TDP) en Extrême-Orient.

En octobre dernier, le ministre du Développement de l'Extrême-Orient Alexandre Galouchka a déclaré que le projet de loi sur les TDP reposait sur deux idées-clés – une déréglementation à grande échelle et des incitations fiscales substantielles, notamment au profit des investisseurs étrangers.

Il a expliqué que les TDP devraient bénéficier de 600 milliards de roubles d’investissements directs et créer plus de 37 000 nouveaux emplois à rendement élevé.

Si la liste des 14 territoires sélectionnés est validée, le réseau de TDP comprendra trois ports maritimes, deux plateformes logistiques, trois pôles agroindustriels et deux pôles chimiques, un centre de construction aéronautique, la fabrication de matériaux de construction et de bijouterie diamantaire, ainsi qu’un centre scientifique et éducatif.

Selon le ministère du Développement de l'Extrême-Orient, la plupart des TDP - 11 sur 14 – seront situées dans les régions frontalières avec la Chine, deux autres territoires se trouveront en Yakoutie et une à Kamchatka. Cinq des 14 TDP seront situés dans le Primorié, notamment le territoire de l’île Rousski à Vladivostok où, en 2012, s’est tenu le sommet de l’APEC.

En réalité, le projet de loi reflète la devise de la Russie dans sa politique en Asie-Pacifique : la coopération économique avant tout.

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