La presse russe du 25 juillet sur les événements en Ukraine

Crédit photo : Reuters

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RBTH continue à publier sa revue de la presse russe sur la situation en Ukraine.

Kommersant

Le journal Kommersant écrit que l'Ukraine est sous la « menace d'un effondrement du pouvoir » : en une journée, la majorité de la coalition s'est brisée et le premier Ministre Arseni Iatseniouk a annoncé sa démission.

« La démission d'Arseni Iatseniouk, considéré comme un des personnages-clés du nouveau pouvoir à Kiev et bénéficiant d'un soutien presque inconditionnel de l'Occident, a provoqué une très grave crise politique », considère l'édition. L'alliance entre le premier ministre et le président Petro Porochenko, qui d'après Kommersant avait commencé à se former ces dernières semaines, a explosé.

D'après certains experts interrogés par le journal, « la démarche de Iatseniouk signifie qu'il est de facto entré dans l'opposition au chef de l’État ».

Cependant, d'autres spécialistes défendent un point de vue complètement opposé : « seuls les alliés temporaires du parti UDAR (« coup » en français) ont porté un coup au président Porochenko », en étant à l'origine de la dissolution de la majorité parlementaire de droite à la Rada, et le Premier ministre s'est retrouvé dans la même barque que le chef de l’État.

C'est la raison pour laquelle les experts du quotidien n'excluent pas que Iatseniouk prenne la tête de la liste du parti Solidarnost' aux élections.

Alors que fait rage l'opération militaire à l'est, dans un contexte de crise financière et au moment où une campagne pré-électorale commence de facto, le journal fait remarquer que la situation actuelle menace de plonger le pays dans l'anarchie. « Tous les événements passés mettent en doute la capacité de Porochenko à rester au poste de président pendant l'ensemble de son quinquennat », récapitule Kommersant.

www.kommersant.ru

Vzgliad

« La dissolution de la coalition de droite à la Rada [parlement, ndlr] d'Ukraine ouvre la voie à des élections anticipées au parlement de cet État en déliquescence. Pourquoi le président Porochenko devrait-il organiser des élections dans un pays en guerre ? », s'interroge le journal Vzgliad.

Pour l'instant, une guerre se déroule dans l'est de l'Ukraine, et à Kiev les oligarques continuent de lutter pour le pouvoir, écrit l'édition.

Vzgliad rappelle que Porochenko évoquait avant même d'être élu président son désir de renouveler la Rada : « C'est pourtant clair : il n'a pas de parti au parlement, et il n'est pas possible de compter sur une alliance à long terme avec Timochenko ». Le journal fait remarquer que tous ces raisonnements conviendraient en temps de paix, mais qu'une guerre se déroule en ce moment en Ukraine.

« Le fait que l'état de guerre n'ait pas été officiellement déclaré s'explique précisément par le fait qu'on ne peut pas organiser d'élections en temps de guerre, mais Porochenko est convaincu qu'il pourra vaincre la Novorossia [régions sécessionnistes de l'est, ndlr] sans reconnaissance formelle de la situation de guerre », estime Vzgliad.

La tenue d'élections dans un contexte de guerre avec le risque d'un éclatement du pays relève, d'après l'édition, de la folie suprême.

Comme l'écrit le journal, Porochenko, comme d'autres participants à la bataille pour le pouvoir à Kiev, a besoin de consolider ses nouvelles positions. Refusant de chercher à savoir si l'Ukraine survivra jusqu'au milieu de l'automne, ils se concentrent sur la façon d'écarter leurs concurrents.

Les élections à la Rada sont en soi un nouvel acte de folie dans le drame que constitue l'implosion de l’État ukrainien, fait remarquer Vzgliad.

www.vz.ru

Expert

La revue Expert écrit que le président Porochenko, comme on s'y attendait, a entamé la procédure de dissolution de la Rada. « Et voilà que la démission simultanée du premier ministre était pour certains une mauvaise surprise », déclare Expert. Le pays n'a toujours pas vu la couleur des fameuses réformes dont la mise en place a causé tant de dégâts, raconte l'édition.

Expert cite la déclaration de Sergueï Tiguipko, leader d'Ukraine forte : « La dissolution de la coalition parlementaire est une confirmation officielle de l'effondrement de la politique gouvernementale, basée sur l'incompétence et des décisions irresponsables ».

D'après l'édition, le pays s'est retrouvé de facto dénué de parlement opérationnel en quelques mois. La nouvelle composition du parlement, selon toute vraisemblance, correspondra plus à l'état de la société ukrainienne actuelle, pense Expert

L'édition fait remarquer que bien sûr, si le président le voulait, il organiserait de nouvelles élections dès maintenant. Cependant, la loi ne l'y autorise pas : selon les normes juridiques, les députés ont un mois pour constituer une nouvelle majorité. D'après Expert, les chances de le faire sont faibles.

Comme l'explique l'édition, un report des élections crée certains problèmes pour le président : les autorités doivent résoudre la question des Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk avant de lancer la campagne électorale.

« Il est possible que l'adoption de la nouvelle loi sur les mobilisations partielles, qui a déjà provoqué tant de réactions négatives de la part de la population ukrainienne, s'explique de la sorte », estime Expert.

L'édition déclare que les rumeurs affirment que le « président veut s'emparer de Donetsk et de Lougansk avant fin août à n'importe quel prix ». Expert souligne d'ailleurs que certains ont déjà laissé entendre qu'ils n'étaient pas prêts à payer « n'importe quel prix » : Arseni Iatseniouk « a tout simplement sauté du train peu avant l'effondrement, pour que qu'on ne le rende pas responsable de cet effondrement ».

www.expert.ru

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