De nombreux experts estiment que la rencontre de Donetsk ne conduira pas à un accord de paix. Crédit : Reuters
La « Maison du gouvernement » à Donetsk a réuni ces derniers jours les représentants de toutes les parties au conflit. La table de négociations a accueilli le Premier ministre de la République populaire de Donetsk Alexandre Borodaï, l’ancien président ukrainien Leonid Koutchma et le leader du mouvement Choix ukrainien Victor Medvedtchouk, ainsi que l’ambassadeur russe en Ukraine Mikhaïl Zourabov et la représentante spéciale du secrétaire général de l’OSCE Heidi Tagliavini.
D’après Ukraïnska Pravda, Koutchma participe aux négociations en qualité d’envoyé spécial du président ukrainien, le ministre des Affaires étrangères Pavel Klimkine étant en déplacement en Ukraine pour la préparation de la signature du volet économique de l’Accord d’association entre l’Ukraine et l’Union européenne.
Les conditions des parties
Le projet du gouvernement ukrainien prévoit de garantir la sécurité de tous les membres des pourparlers ainsi que l’abandon des poursuites judiciaires contre ceux qui déposeront les armes et n’ont pas commis de crimes graves. En outre, une zone tampon de 10km devrait être créée à la frontière russo-ukrainienne. Conformément aux conditions, « les bâtiments administratifs illégalement occupés dans les oblasts de Donetsk et de Lougansk doivent être libérés ».
Le point politique clé pour les représentants du
Sud-Est est de parvenir à « un accord entre le président ukrainien et les
parlements des républiques sur le projet d’acte constitutionnel définissant le
statut des républiques populaires ». Cela peut signifier une fédéralisation, un statut d’autonomie pour les
républiques ou autre chose encore, aucune précision n'ayant été fournie pour le moment.
L’issue possible des négociations
Mardi dernier, le président russe a adressé une lettre au Conseil de la Fédération proposant d’annuler la résolution de la chambre haute « autorisant une intervention militaire russe sur le territoire ukrainien », a annoncé le porte-parole du président Dmitri Peskov.
Selon le président du Conseil russe pour la politique étrangère et de défense Fedor Loukianov, la Russie fait un geste de bonne volonté et montre que l’utilisation de mesures militaires n’est pas nécessaire actuellement.
« Bien entendu, l’autorisation de l’intervention militaire revêtait, comme nous le comprenons aujourd’hui, un caractère symbolique ; son annulation également est symbolique : la Russie montre premièrement qu'elle s’engage pour un règlement pacifique et, deuxièmement, qu'elle pense que celui-ci est réalisable », a-t-il déclaré à RIA Novosti.
« Cela indique que les négociations à Donetsk sont véritablement un processus politique sérieux, il est assez bien préparé, il existe une base de compréhension mutuelle, les parties veulent s’entendre plutôt qu’échanger des invectives, comme ils le faisaient avant », a rajouté l’expert.
Pourtant, de nombreux experts sont sceptiques quant à l’issue des négociations. Ils estiment que la rencontre de Donetsk ne conduira pas à un accord de paix, mais jettera les bases de futures consultations et rencontres.
« Le principal objectif du gouvernement de Kiev est d’initier un processus de négociations de paix dans le pays. Ils doivent donner aux spectateurs étrangers l’illusion qu’ils cherchent à rétablir la paix en Ukraine, alors qu’en réalité le pouvoir n’est pas prêt à négocier avec les insurgés et à marchander pour la paix », a expliqué le politologue russe Sergueï Mikheïev.
Il a souligné que le plan de paix du président est délibérément conçu pour être irréalisable pour le Sud-Est. « Le 27 juin, le président annoncera que tout ce qui était possible a été fait, que les insurgés ont refusé de remplir les conditions et que les opérations militaires doivent être reprises. En réalité, les affrontements entre la Garde nationale et les insurgés n’ont pas cessé. Nous pouvons régulièrement voir les annonces des militaires ukrainiens sur de nouveaux combats avec les soi-disant terroristes », a ajouté Mikheïev.
Bon signe
Le politologue ukrainien Vadim Karassev considère qu'à elle seule, la tenue d’une telle réunion est un bon signe. Il a expliqué que le lancement des négociations témoignait de la volonté de la Russie et de l’Ukraine de mettre fin à l’effusion de sang dans le pays.
« Kiev pourrait intégrer l’aile politique de la RPD et de la RPL dans son système politique. L’histoire de la « grande machine soviétique » - le Parti des régions – touche à sa fin. La place vacante pourrait être occupée par une nouvelle force régionale, à l’instar du Parti de l’Irlande du Nord Sinn Fein, qui s’est distanciée de l’armée républicaine d’Irlande », a expliqué Karassev.
« Il faut comprendre qu’un démos armé s’est réveillé à l’Est ! Il faut que ces mouvements politiques obtiennent le droit de participer aux élections parlementaires et un nouveau statut régional dans le cadre d’une décentralisation asymétrique », a rajouté l’expert.
Réagissez à cet article tweetant @rbth_fr #Ukraine
Dans le cadre d'une utilisation des contenus de Russia Beyond, la mention des sources est obligatoire.
Abonnez-vous
gratuitement à notre newsletter!
Recevez le meilleur de nos publications directement dans votre messagerie.